Avenir de la presse ivoirienne : Des chiffres inquiétants révélés par l’ANP
ADN Côte d’Ivoire renforce les capacités des Directeurs de publication. ‘’Mimi Hôtel’’ de Grand-Bassam, les Directeurs de publication, sous la houlette de l’Organisation internationale non gouvernementale Aider-Donner-Nourrir, en abrégé ADN, et Le Forum des Directeurs de publication de Côte d’Ivoire (FORDPCI), étaient en formation du 27 au 28 mars 2021. « Défis et opportunités de la gestion des médias numériques : Rôle du Directeur de publication », tel est le thème autour duquel les responsables éditoriaux des journaux ont vu leurs capacités renforcées par Samba Koné, président de l’Autorité nationale de la presse (ANP).
Avant d’entrer dans le vif du sujet, tous les intervenants ont relevé la pertinence du sujet et mis en lumière son actualité eu égard aux mutations constatées dans l’écosystème médiatique mondial et ivoirien. Dr Mélèdje Lasme Martial, Représentant-résident et Chef de mission ADN Côte d’Ivoire tout en exprimant son « réel plaisir d’être aux côtés des journalistes, ces importants éveilleurs de conscience et sources d’information », a exhorté les séminaristes à s’investir pleinement dans cette séance de travail afin de capitaliser effectivement les connaissances acquises au profit de la nation ivoirienne et du monde entier.
« Le journalisme est le 4e pouvoir mais qui en réalité coordonne les 3 autres à savoir les pouvoirs Législatif, Exécutif et Judiciaire. Aider donc à participer à la formation et au renforcement des capacités de l’ensemble des acteurs de cette profession et plus particulièrement les Directeurs de publication, garant des lignes éditoriales, premiers et seuls responsables devant la loi de toutes productions journalistiques est plus que nécessaire et primordial », a-t-il analysé.
Le parrain a jugé irréversible le processus de réinvention de la presse et de ses acteurs en raison de l’invasion du numérique dans le secteur des médias. « Nul n’est censé ignorer que la presse partout dans le monde, traverse une conjoncture économique des plus difficiles. Aussi, le monde étant désormais interplanétaire de par l’introduction du numérique dans tout au point que la presse traditionnelle se voit obligée de suivre la voie du numérique si elle veut continuer à exercer », a-t-il indiqué, avant de se convaincre que « votre séminaire vient à point nommé pour trouver des solutions à cette équation qui, selon les données de l’Association Mondiale des Journaux estime que la gestion et régulation de la presse numérique, n’est pas chose facile ».
Charles Tra Bi, président du FORDPCI, après avoir remercié le parrain et le formateur, a invité les Directeurs de publication « à prêter une vive attention à ce qui sera dit, à participer aux échanges qui en découleront et à émettre des idées qui seront profitables à la communauté que nous formons ».
Chiffres éloquents
A l’entame de la séance de travail, le formateur a dépeint un tableau peu reluisant du secteur des médias papier mais a averti les séminaristes qu’une chose est de créer un site d’information et une autre, la principale sans doute, est de le gérer en sorte d’en faire une entreprise viable. « Aussi bien pour la presse papier que pour un média numérique, une étude de marché s’impose avant de la création. C’est souvent avec regret que l’on voit des personnes se lancer sans étude de marché et se rendre compte qu’elles sont à côté de la plaque », s’est-il désolé.
Il a présenté, à travers des chiffres, la chute vertigineuse de la presse papier en Côte d’Ivoire depuis 2011. « Pour les quotidiens, en 2011, on enregistre un chiffre d’affaires globale de 5,4 milliards de FCFA pour 26. 810 252 exemplaires vendus. En 2015, nous avons un chiffre d’affaires de 3. 311 730 200 FCFA pour 10 970 063 exemplaires vendus. En 2020, on a un total de 1. 310. 531 100 FCFA pour 4 368 467 exemplaires vendus », a-t-il énuméré pour décrire l’état de décrépitude de la presse imprimée.
Si le numérique offre de nombreuses opportunités au secteur de la presse, a concédé Samba Koné, il n’en est pas l’eldorado car ne garantissant pas le jackpot. Bien au contraire ! D’ailleurs, migrer vers le numérique, a poursuivi le président de l’ANP, nécessite de relever plusieurs défis dont ceux de la mise en place d’une équipe compétente, de l’identification de la cible, de la qualité du contenu.
Reconnaissant que « personne ne détient de recette miracle pour la gestion efficiente des médias numériques », le formateur à inviter les séminaristes à explorer des pistes de solutions. « Nous sommes obligés d’être imaginatifs. Il faut résolument aller vers la spécialisation, créer des niches de spécialité, faire de l’information de proximité… », a-t-il proposé.
Source : SerComm.
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