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Feu de brousse/Catastrophe à Yamoussoukro: La famine aux portes des villages, l’appel des populations au Gouvernement

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Pendant qu’à Abidjan, le drame des déguerpissements se vit et alimente toutes les conversations, le weekend du samedi 24 février 2024 a été fatal aux populations des sous-préfectures de Kossou et de Yamoussoukro. Un gigantesque feu de brousse a ravagé des milliers d’hectares de plantations, des récoltes et des vivres. Un autre drame, sinon une vraie catastrophe. Les victimes, le député et le sous-préfet appellent à l’aide.

Ce sont des populations en pleur que nous avons trouvé le mercredi 28 février 2024 dernier dans les villages de Gbelissou et Djamlabo deux villages des Sous-préfectures de Kossou et Yamoussoukro. Les villages de la Sous-préfecture de Kossou plus touchée par ce feu de brousse, les villages de Gbelissou, Mahounou Akouè, Ténikro, Bocabo, pour ne citer que ceux-là, sont dans la désolation. Tous leurs biens agricoles sont partis en feu.

N’guessan Frédéric, au nom des victimes de Gbelissou, avec qui nous avons fait la visite de certaines plantations calcinées raconte la misère de ceux-ci.

« Nous sommes ici dans un village de la Sous-préfecture de Kossou. Actuellement nous sommes dans la plantation de N’dri N’guessan Gilbert. Franchement, c’est la consternation, si vous remarquez bien j’ai les larmes aux yeux. Il n’est pas la seule victime. Je pourrai dire c’est pratiquement tous les villages de la Sous-préfecture de Kossou qui sont touchés. Ce champ étant plus proche du village voilà pour quoi c’est ici que nous sommes venus, sinon ce sont des dizaines et des dizaines d’hectares de cacao, de café, d’anacarde, de manioc et stockage d’ignames qui sont partis en fumée. Nous n’avons que nos yeux pour pleurer. La petite traite c’est fini pour nous. La récolte de l’anacarde c’est le moment de ramassage des noix de cajou et nous voilà en pleure. Les ignames récoltées mis sur les bois de stockage rien n’est resté. Raison pour laquelle nous nous tournons vers le Gouvernement, le Chef de l’Etat afin de nous venir en aide. Qu’ils entendent nos cris de détresse. Car c’est la catastrophe… », a-t-il crié la détresse des villageois avant de souligner que ce sont des milliers d’hectares de plantation de cacao qui ont été détruites par ce feu de brousse. « Voyez, le minimum en termes d’hectare de cacao c’est 2 hectares. Alors que nous sommes plus de 300 à 500 personnes touchées. Donc voyez l’ampleur des dégâts… », a-t-il fait savoir, notifiant que sur instruction du Sous-préfet et du député, un recensement dans tous les villages est en train d’être fait en vue d’avoir un nombre exhaustif des superficies et des cultures détruites.

Comme lui, N’douffou Okou, représentant du chef du village de Djamlabo, après avoir campé les faits et présenté la situation désastreuse que vivent les populations de ce village de la Sous-préfecture de Yamoussoukro, a fait cet appel : « La récolte pour la petite traite au niveau du cacao, c’est fini, il n’y a plus rien à espérer. Il en ira de même pour la grande traite parce qu’avec le passage du feu, s’il n’y a pas de forte pluies ces cacaoyers mourront. Même chose pour l’anacarde, les champs de manioc et autres. C’est dur pour nous et donc nous avons le regard tourné vers le Gouvernement et les hommes de bonne volonté. »

Nanan Djaha Yao Antoine chef du village de Gbelissou, au nom de tous les villages impactés a lancé ce message à l’endroit des autorités gouvernementales et des institutions intervenant dans le monde agricole comme la FAO : « Nous sommes aujourd’hui désemparés, dans la tristesse, dans la désolation. Dans cette partie de Yamoussoukro, les feux de brousse viennent de ruiner tout ce qui fonde notre existence sur terre. Le travail des populations des années durant est parti en fumée. Face à cette tristesse et cette désolation nous ne pouvons que nous tourner vers notre père le Président de la République et l’ensemble du Gouvernement pour implorer leur secours, leur soutien et leur aide. Les populations des villages de la Sous-préfecture de Kossou mourront de faim si rien n’est fait pour elles. Que l’Etat entende nos cris de cœur, qu’il nous vienne vraiment en aide pour que nous ne mourrions pas de faim mais aussi pour qu’on puisse continuer de scolariser nos enfants, de nous soigner etc. »

Le député Kouadio Philippe appelle à l’aide

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Ayant appris ce drame que vivent ses parents dont il est le porte-voix à l’Assemblée nationale, l’honorable Kouadio Philippe, député Yamoussoukro sous-préfecture et Kossou sous-préfecture et commune, s’est rendu automatiquement auprès de ceux-ci pour leur apporter réconfort et soutien. Trois jours durant, il a sillonné l’ensemble des villages desdites Sous-préfectures.

Rencontré ce mercredi 28 février à Djamlabo, il s’est prononcé sur la situation. « Vous remerciant chers journalistes, je dirai que vous venez de vous rendre compte par vous-mêmes des dégâts, de l’énormité du désastre causé par un feu dévorant, qui a dévasté les champs dans plusieurs villages. Certains parents ont failli même se donner la mort et donc vous voyez que nous vivons un désastre. La population consternée et ayant appris ce drame qu’elle vivait nous sommes venus leur dire Yako et leur apporter réconfort moral. Parce que comme je le disais plus haut, certains parents ont failli se donner la mort… », a-t-il planté le triste décor avant de relever que «les dégâts sont là et cela entraine plusieurs conséquences.

Il y a d’abord la famine qui est au bord des portes. Les cultures vivrières sont toutes parties en fumée, le manioc, les ignames etc. Autre chose, c’est la pauvreté qui s’en va grandissant parce que toutes les cultures de rente sont aussi dévastées. Que faire pour ces paysans, ces populations si ce n’est leur venir en aide ? Alors je me tourne vers le Gouvernement, le Chef de l’Etat et toutes les bonnes volontés, celles qui peuvent venir soutenir ces parents afin qu’ils reprennent goût à la vie. Et que demain ils puissent avoir la force de reprendre leurs activités champêtres. C’est que les prévisions, au niveau international, sur le plan alimentaire, était déficitaire mais c’était sans compter les feux de brousse qui viennent empirer les choses dans ces villages. Il est vrai que nous comptons sur Dieu mais nous sommes dans un Etat et donc nous comptons sur l’Etat pour venir en aide à ses filles et fils qui ont tout perdu… », a-t-il lancé comme appel, avant de préciser que «nous n’avons pas encore en termes chiffrés toute l’étendue des plantations brûlées mais dans nos échanges avec les populations nous nous rendons compte que c’est pratiquement tout qui est parti et tout le monde est touché. Il y a le village de Ténikro où les parents étaient en train de se cotiser pour construire des logements maitres parce que l’école est menacée de fermeture s’ils ne s’exécutent pas. Et voilà que le feu est passé par là, tout va s’arrêter et donc là aussi que l’Etat leur vienne en aide.»

Yéo Dohogninnina (Sous-préfet de Yamoussoukro) sur les lieux du sinistre

Informé de ce qui est arrivé aux populations de sa circonscription, le Sous-préfet de Yamoussoukro, Yéo Dohogninnina, accompagné des agents des eaux et forêts, d’éléments de la gendarmerie et d’agents de la direction régionale de l’agriculture, était aux côtés de celles-ci pour apprécier l’ampleur des dégâts et apporter la compassion de l’Etat.

C’est avec le cœur meurtri qu’il a fait passer un important message. « Nous sommes venus constater les dégâts causés par les feux de brousse à Djamlabo, un village de la Sous-préfecture de Yamoussoukro. Et là vous voyez derrière nous les champs de cacao, les champs d’anacarde, d’ananas, de manioc, les stockages d’ignames partis en fumée. Nous sommes venus donc assister les populations et leur dire que l’Etat est à leur côté. C’est un sinistre important et il est tout à fait normal que l’Etat se tienne à leur côté pour leur apporter soutien et réconfort en cette période difficile pour ces populations», a-t-il d’emblé fait savoir avant de revenir sur la sensibilisation.

« Nous saisissons l’occasion pour inviter, à travers ce sinistre-là, toutes les populations de la Sous-préfecture de Yamoussoukro à observer les règles de protection des plantations, c’est-à-dire les règles en cette période de feu de brousse. Evitez d’aller au champ avec le feu, évitez de laisser les plantations sans pare-feux. Nous avons tenu des séances de sensibilisation sur les feux de brousse, malheureusement, c’est arrivé, les dégâts sont là. On ne connaît pas les sources du feu qui a tout dévasté mais nous saisissons l’occasion pour rappeler à toutes et à tous ces petites règles à observer afin que le peu qui n’a pas été touché puisse être préservé. Vraiment nous sommes venus le cœur meurtri pour dire que l’Etat est à leur côté et leur traduire toute la compassion du préfet de région», a-t-il insisté auprès des populations.

Et de conclure que «nous ferons le point après le recensement des victimes et des superficies de cultures dévastées pour voir l’ampleur des dégâts. Mais nous faisons le constat avec vous que tout ce qui est nourriture est partie et donc c’est le lieu de lancer un appel aux autorités compétentes de venir assister les populations dont les champs sont partis en fumée. Qu’il y ait une assistance afin que la famine qui tape déjà à la porte soit amoindrie et que des solutions durables soient trouvées pour que ces populations puissent faire face à la situation difficile qu’elles traversent. »

Kouamé Kouassi, Ingénieur agronome, se prononce

Député suppléant, Kouamé Kouassi était également aux côtés du député Philippe Kouadio sur le terrain. L’œil de l’Ingénieur agronome qu’il est nous a parlé.

« La conséquence immédiate, c’est que la nourriture va manquer dans un premier temps ; les semences d’igname vont manquer donc il sera difficile pour les populations de renouveler leurs champs ; les cabosses de cacao sont sèches. Quand vous regardez la terre elle n’a plus de vie après le passage du feu. Or c’est la vie sur la terre qui va reconstituer l’humus et l’engrais pour faire reprendre les plantes facilement. Donc il faudra attendre un moment pour que les vers, les insectes qui viennent d’ailleurs, viennent redonner vie à cette terre pour que les choses puissent reprendre normalement. La faune est déjà partie et tenez vous bien le mardi dernier (mardi 27 février) à Ténikro où nous étions nous avons vu une mangouste en plein village que les gens poursuivaient. C’est dire qu’avec le feu les animaux sont partis. Et donc la flore est touchée, la faune est touchée, les parents n’ont plus d’argent. Donc voilà un peu les conséquences au niveau agricole », a-t-il relevé.

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Et de poursuivre pour dire que «dans les zones de savanes, les feux de brousse sont connus, mais ici nous avons des portions de forêts assez importantes ce qui fait que vous avez la cacaoculture et autres cultures de rente et le feu qui passe sous les cacaoyers ce n’est pas évident que ça reprenne tout de suite. Les champs de banane, on ne pourra plus faire de récolte car les rejets sont calcinés et il en est de même pour les ignames récoltées qui sont calcinées. Donc d’énormes pertes au plan agronomique, au plan du sol, au plan de la végétation, au plan de la micro flore, parce que les végétaux, ce sont eux qui vont constituer l’humus. Alors que là nous n’avons que des éléments minéraux qui seuls ne peuvent apporter vie au sol. »

Ange Nicaelle LYRANE


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