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Affaire “les brûlés de Yopougon”: Un an après le drame, Docteur Bizala interpelle le gouvernement

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Docteur Bizala Cléophas est médecin anesthésiste réanimateur, et directeur médical de la clinique C’Mida de Marcory. C’est lui qui, en raison de la gravité des brûlures des membres de la famille N’Goran, avait plaidé en janvier 2023 pour que les brûlés de Yopougon soient admis dans ladite clinique. Un an après le drame et les engagements pris par le ministère de la Santé, docteur Bizala fait ici l’état des lieux et interpelle le gouvernement ivoirien. 

Docteur Bizala, le premier janvier 2023, il s’est produit un drame à Yopougon, lorsqu’une bonbonne de gaz a explosé brûlant grièvement un père de famille et ses trois enfants. Si dans les tout premiers moments les sinistrés ont été évacués au centre des grands brûlés du chu de Cocody, c’est ici dans votre clinique que séjournent les malades depuis le 10 janvier 2023. Un an après ce drame, quel bilan faites-vous ?

L’incident du 1er janvier 2023 fut un véritable drame pour tout le monde. C’est toute une famille qui a été brûlée et évacuée au centre des grands brûlés du Chu de Cocody. Dans les premiers moments, le père et sa plus grande fille ont perdu la vie. Ce fut un véritable choc pour nous tous. Cette situation m’a vraiment motivé à consulter les autorités des grands brûlés. Je leur ai demandé si je pouvais récupérer les deux survivants, c’est-à-dire le plus grand garçon et la petite fille de 7 ans. Il était hors de question pour moi que l’on perde toute la famille. Ils m’ont alors donné les lettres de transfert, et j’ai donc pu récupérer les deux survivants qui ont été transférés chez nous par le SAMU. C’est comme ça que nous avons entamé la prise en charge qui, il faut l’avouer, est très lourde financièrement. Vous savez que la réanimation n’est pas un simple service. Ça épuise tout le monde, le personnel médical, les ressources financières, tout le monde. On s’est donc mis au travail et avec l’aide de Dieu, le garçon a recouvré la santé et est sorti de la clinique au bout de trois (03) mois. Il ne restait que la petite Princesse qui a été brûlée plus que toute la famille. J’ai alors fait appel à mes collègues médecins et ensemble on a travaillé sur elle pour qu’elle vive. Je puis vous dire aujourd’hui qu’on est satisfait de l’évolution de sa santé. Avec elle l’espoir était très mince, parce qu’elle a connu toutes les complications des brûlures. Dieu merci, elle est encore en vie et il ne reste plus qu’une petite partie qui n’est pas encore cicatrisée, au niveau des deux bras, des aisselles qui ont connu des brûlures de 3è degré.

En quoi ont consisté exactement les traitements?

Il y a eu d’abord la réanimation qui est très importante, ensuite la kinésie-thérapie, puis la chirurgie plastique etc. J’ai fait appel aux Kinésistes et aux plasticiens et chaque spécialiste a fait son travail. Je dois vous rappeler que la petite a été tellement atteinte par le feu qu’elle n’avait plus de peau. C’était très difficile de faire des greffes, si bien que la greffe n’a pas été faite comme on le souhaitait. Pour nous, l’objectif principal c’était d’abord de la maintenir en vie. Aujourd’hui on est satisfait des résultats. Comme vous l’avez vue tout à l’heure, elle a prit du poids et les plaies au niveau des membres inférieurs, du thorax, au niveau de la tête ont presque cicatrisé. Il reste, comme je l’ai dit tantôt, les plaies au niveau des bras et des aisselles.

Il lui faudra encore combien de temps pour qu’elle puisse guérir totalement? 

On dit en médecine que chaque cas est une entité à part. Tout dépend de son corps. Son grand frère par exemple, a fait juste trois (03) mois et puis il est reparti à la maison!  Mais elle, cela fait un an qu’elle est là. Tout dépend de son corps, de comment son corps va réagir aux différents traitements. Je ne peux donc pas vous donner un temps. Il ne faut pas non plus oublier qu’il y a un traitement psychologique à faire! Il y a un enseignant qui passe pour lui donner des cours. On est satisfait de l’évolution. Notre prière c’est que dans un mois elle cicatrise totalement pour qu’elle puisse retrouver sa famille.

L’année dernière dans le feu de l’action, le ministère de la Santé a décidé de faire une prise en charge globale des brûlés de Yopougon. Où en sommes-nous aujourd’hui avec cette prise en charge?

Quelques jours après leur admission ici dans notre clinique, nous avons reçu une prise en charge totale du ministère de la Santé. Je précise que mes collègues en charge de l’administration n’étaient pour cette prise en charge, parce que selon eux, le gouvernement n’honore pas toujours ses engagements ou que le gouvernement paie avec des retards. A cette occasion, il y a eu le docteur Ouattara (Conseillère en matière de Santé du Premier ministre d’alors), de la primature qui est passée ici et qui m’a rassuré. Elle a même pris des photos du patient en me disant de prendre la prise en charge et que les choses ne vont pas se passer tellement que mes collègues de l’administration l’imaginaient, et qu’au maximum trois mois après, la clinique serait payée. Fort de cela, j’ai essayé de convaincre l’administration, qui elle, à son tour, a accepté de prendre la prise en charge du gouvernement ivoirien. Mais, les choses ne se sont pas passées tellement que docteur Ouattara me l’avait dit. Le premier patient est sorti trois mois après son admission chez nous. Nous avons déposé sa facture. Pour la petite Princesse N’Goran qui est encore là, la moitié de sa facture (six mois) a été déposée, mais là aussi le gouvernement n’a pas encore réagi. C’est cela notre difficulté actuelle, parce qu’au stade où nous sommes arrivés, on ne peut pas arrêter le traitement. Si on arrête par faute de moyens financiers, c’est comme si on aura péché contre nous-mêmes. C’est comme si tout ce qu’on a fait après plus d’un an aura été vain. Il nous faut protéger la vie de cette petite fille qui a déjà perdu son père et sa grande sœur. Nous continuons de travailler sur elle tout en espérant que le gouvernement va honorer ses engagements. Nous demandons au gouvernement d’honorer ses engagements dans un délai raisonnable, parce que ce sont des brûlures graves qui demandent beaucoup de moyens financiers. Je remercie et félicite mon patron, qui a accepté de sortir son propre argent pour faire les soins. Tout ce qu’on fait ici c’est son argent propre, personne ne nous donné quoi que ce soit pour faire les soins.

Vous parliez tantôt de factures déposées; quel est le coût total du traitement à ce jour?

Je n’ai pas les factures sur moi en ce moment, mais je crois que c’est autour de 25 millions F Cfa. Ça c’est pour celui qui est sorti de la clinique trois mois après son admission ici. Pour ce qui est de Princesse N’Goran, nous avons fait la première facture de six mois. Elle tourne autour de 70 millions F Cfa. Nous n’avons pas encore fait la seconde moitié de la facture.  On attend qu’elle cicatrise totalement pour faire la facture finale. Ce qui veut dire qu’à ce jour nous sommes à une facture de près de 100 millions F Cfa.

Aujourd’hui, quel est votre plus grand souhait? Votre message en direction des autorités gouvernementales?

C’est une supplication. Je voudrais demander aux autorités ivoiriennes de nous aider. Elles ont pris une très bonne initiative qui a été saluée par tout le monde. Et nous sommes fiers d’avoir sauvé la vie de cette petite fille et de son grand frère. Mais, il faut dire les choses comme elles sont, à notre niveau, on est financièrement épuisé. La clinique a assuré les soins sur fonds propres durant tout ce temps. Nous demandons au gouvernement d’honorer ses factures.

Selon ce que nous avons appris, lorsque le gouvernement a décidé de prendre en charge tous les soins, les particuliers qui intervenaient par des dons financiers, ont dû tout arrêter. Aujourd’hui, est-ce qu’il ne serait pas nécessaire de relancer la levée de fonds?

Bien sûr! Nous avons pensé que le gouvernement allait honorer ses engagements dans un bref délai, soit trois mois après comme cela nous avait été promis par docteur Ouattara, mais hélas ce n’est pas le cas. C’est pourquoi je voudrais lancer un appel à toutes les bonnes volontés de nous aider à sauver la vie de cet enfant. Aujourd’hui la clinique commence à être financièrement étouffée. Ce qui pourrait se passer, c’est que si nous avons des fenêtres thérapeutiques, c’est-à-dire des moments où les soins ne passent pas comme il le faut, cet enfant peut attraper une infection et on aura tout perdu. Alors, mobilisons-nous pour sauver la vie de Princesse N’Goran.

Réalisée par BN

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