Yamoussoukro: Malgré les appels à l’apaisement, les dirigeants du Rhdp tiennent à régler le compte des cadres et jeunes de l’opposition

Les élections du 31 octobre dernier qui se sont très très mal passées en Côte d’Ivoire d’une manière générale et à Yamoussoukro, capitale politique et administrative, singulièrement, continuent de faire des vagues. Les bruits sont énormes dans la cité des Lacs tant les arrestations postélectorales avec plus de 100 jeunes interpellés, ont suscité l’indignation. La vie est morose ici dans la cité des Lacs.

Outre ces arrestations massives, ce sont les cadres et élus de l’opposition qui sont menacés à longueur de journée. Pour tout cela, les voix se sont élevées pour la libération des jeunes arrêtés et l’arrêt des menaces des leaders politiques de l’opposition notamment ceux du Pdci-Rda pour un dialogue inclusif afin de retrouver la paix et la cohésion. Ces appels qui ont abouti à la libération de certains jeunes dont quelques présidents de jeunesses ne semblent pas être du goût des faucons du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix. Pour ces faucons et leaders du parti d’Alassane Ouattara, ces jeunes doivent demeurer dans les geôles et ne devraient recouvrer la liberté que lorsqu’ils l’auront décidé. Et pour cause, selon une source digne de foi, au cours de la campagne présidentielle, les premiers responsables du Rhdp de la ville d’Houphouët-Boigny ont décidé, avec des espèces sonnantes et trébuchantes, d’acheter la jeunesse baoulé ; afin que celle-ci prenne part au vote du samedi 31 octobre dernier. Avec eux, des chefs de village. Si certains ont refusé ce qu’ils ont considéré comme de l’argent sale, d’autres leaders de jeunesse et chefs traditionnel, par contre, ont monnayé leur dignité. Le but était de casser le mot d’ordre de désobéissance civile et le boycott actif lancé par la plateforme de l’opposition conduite par le Président Henri Konan Bédié.

Si les élections ont eu lieu au quartier Dioulakro, dans les villages de la commune et dans les sous-préfectures, aucune élection n’a pu se tenir, ce samedi 31 octobre. Pis les jeunes ont redoublé d’ardeur pour qu’aucun bureau de vote n’ouvre ses portes. Vu cet échec, la colère des pontes du Rhdp Yamoussoukro va monter d’un cran. D’où l’instigation des arrestations massives des jeunes Akouè et Nanafouè.

Ceux-ci eurent plus mal lorsqu’ils ont appris la libération de certains jeunes. A en croire notre source, au cours d’une réunion tenue le samedi 5 décembre dernier dans la capitale politique, la plus haute personnalité du parti d’Alassane Ouattara de s’indigner publiquement de la libération de ces jeunes. Menaçant de les faire arrêter à nouveau. Comme pour dire, nous les ferons payer quoi qu’il en coûte.

Autre chose, c’est que les patrons du Rhdp doivent s’en prendre à eux-mêmes. Cet échec lamentable à Yamoussoukro s’expliquerait aisément par leur propre division. La période de la campagne présidentielle a mis à nu les divergences profondes entre les deux têtes de pont du Rhdp ; à savoir Thiam Augustin, ministre Gouverneur et son cadet le Ministre du Commerce et de l’Industrie, Souleymane Diarrassouba. Le premier qui n’a jamais caché sa colère face à la nomination de Souleymane Diarrassouba comme ministre des Akouè n’a jamais travaillé avec celui-ci. Aussi, le choix de ce dernier comme directeur de campagne et celui à qui les moyens financiers ont été remis a été mal digéré par le patron du District autonome de Yamoussoukro. Conséquence, l’on a eu droit à deux Quartiers généraux (Qg) de campagne. Le ministre-gouverneur Thiam Augustin avait son Qg au quartier Millionnaire quand Souleymane Diarrassouba avait le siège du Rhdp. Le ministre Souleymane Diarrassouba, avec nombre de cadres, a tenté d’investir le terrain par la rencontre de certaines communautés. Quant au chef canton nanan Boigny N’dri III, il a, lui, cherché à convaincre la chefferie traditionnelle de le suivre dans cette aventure ambigüe. Tout cela n’a pu aboutir à un résultat positif pour ces pontes du Rhdp. Qui ont vu leur échec se dessiner depuis leur division interne.

Cette division a fait plus de mal que de bien. Alors, que ces leaders répondent de leurs actes devant la haute direction de leur parti et cessent la traque et les menaces. Il n’y a pas à chercher des boucs émissaires ailleurs qu’en leur sein. Qu’on arrête de chercher à faire payer les autres les erreurs qu’on a commises soi-même.

JEAN PAUL LOUKOU, in Le Nouveau Réveil

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