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Menace terroriste et extrémisme en Côte d’Ivoire: «Les microbes sont nos élèves des écoles coraniques…» (Ousmane Diakité, Imam de la mosquée Rivera Bonoumin)

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Ousmane Diakité 2
Menace terroriste et extrémisme en Côte d’Ivoire: «Les microbes sont nos élèves des écoles coraniques…» (Ousmane Diakité, Imam de la mosquée Rivera Bonoumin) Après les guides religieux qui ont été instruits deux jours durant, sur le dialogue interreligieux et interculturel en Côte d’Ivoire, place fut faite aux jeunes de différentes confessions religieuses, de la société civile pour, à leur tour, être formés et échanger sur le même thème. Après l’ouverture des travaux par le sous-préfet de Kossou, représentant le préfet de région, Brou Kouamé, c’est l’imam Ousmane Diakité de la grande mosquée de Rivera Bonomin qui a instruit les futurs leaders de la société ivoirienne sur « Le rôle et la responsabilité des guides religieux face à la menace terroriste et l’extrémisme religieux en Côte d’Ivoire ». Le thème développé, il s’est prêté au jeu de questions-réponses. A propos du djihadisme revêtu de la couleur musulmane, Ousmane Diakité, a indiqué : «Chacun de nous devrait comprendre que le djihadisme est une escroquerie intellectuelle. Car ce qu’il dit et ce qu’il fait est complètement contradictoire. ». Aussi a-t-il souligné que les guides religieux musulmans, ont pour mission « d’expliquer ce qu’est l’Islam dans ses sources originelles. Afin d’outiller les jeunes et fidèles pour dire aux extrémistes et autres djihadistes que ce qu’ils font n’est pas celui prescrit par l’Islam. » Se penchant sur la vie de la communauté musulmane en Côte d’Ivoire, Ousmane Diakité de relever la bonne cohabitation qui a toujours caractérisé les relations entre les fidèles musulmans et les autres communautés religieuses. «Donc ce que nous faisons pour prévenir l’extrémisme religieux, c’est l’exemple de vie que donne le musulman à travers la bonne cohabitation, c’est ce que nous prêchons à longueur de journée dans nos mosquées et sur nos radios confessionnelles. Chaque pays a son identité, son histoire, nous prions Dieu. Le monde, vivant aujourd’hui comme un village, que ce qui se passe ailleurs, que ce mauvais exemple ne soit pas copié par les Ivoiriens, c’est ce que nous souhaitons. Fondamentalement, les gens sont libres de dire ce qu’ils pensent mais nous aussi sommes libres de savoir la vérité et de la suivre. » INTEGRATION DES ECOLES ISLAMIQUES COMME MOYEN DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME ET L’EXTREMISME RELIGIEUX Accusées à tort ou à raison, les écoles islamiques communément appelées écoles coraniques sont indexées comme lieux où se font les recrutements des djihadistes et surtout la formation des jeunes élèves à l’extrémisme. Sur ce sujet, le guide religieux n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger l’abandon par les autorités ivoiriennes, des écoles coraniques qui, jusque-là, ne sont pas totalement intégrées au programme national de l’éducation nationale « L’enseignement islamique a toujours vécu avant les indépendances. Mais à partir de la colonisation, qu’est-ce que nous avons constaté, pour expliquer la question que vous posez, on a mis les écoles musulmanes sous surveillance policière. Pendant 40 ans, le Cosim a lutté pour que les écoles islamiques « Médassa » soient reconnues par l’Etat ivoirien, soient rattachées au ministère de l’Education nationale. En 1993, pour la première fois, sous le régime Bédié, il y a eu le premier accord entre la communauté musulmane et l’Etat en ce qui concerne l’intégration des écoles islamiques au ministère de l’Education nationale. Ce qui voudrait dire que les enfants qui sont dans les écoles coraniques vont apprendre le programme scolaire national mis en place par le gouvernement et ensuite faire la formation religieuse. Comme le font les autres écoles confessionnelles. Et ça, on l’a refusé à la communauté musulmane pendant 50 ans » a-t-il fait ce rappel historique avant de souligner : «Aujourd’hui, il y a plus de 2000 écoles coraniques mais seulement 350 sont reconnues par le ministère de l’Education nationale. Et nous passons le temps à leur dire, si vous n’intégrez pas ces écoles, par ce fait, vous menacez la sécurité nationale de la Côte d’Ivoire. Parce que, si vous laissez les gens se former eux-mêmes, ils apprennent ce qu’ils veulent, les Boko Haram ne sont pas descendus du ciel. Nous avons dit, pendant 40 ans, aux autorités de ce pays, si vous laissez les musulmans comme ça, un jour, vous serez surpris. Et cela y va de notre sécurité, de la sécurité nationale » a-t-il prévenu avant de faire des propositions. «Notre souhait, nous l’avons toujours exprimé à nos dirigeants, à tous les pouvoirs qui se sont succédé dans ce pays, pour dire, faites attention, ces enfants que nous avons dans nos écoles coraniques vont tout droit dans le mur. Les « microbes-là » ce sont nos élèves-là ; certains, quand ils lisent le coran, tu as les larmes aux yeux. Mais une fois fini, sa vie, c’est autre chose ; parce qu’on lui a pas donné la chance comme on a donné la chance aux autres jeunes Ivoiriens. C’est le lieu encore d’interpeller les autorités, il ne faut pas laisser des Ivoiriens à la marche, et surtout dans les écoles qu’on ne contrôle pas. Parce que le faisant, cela peut produire des choses graves pour la Côte d’Ivoire. C’est une injustice que la communauté musulmane a subie et continue de subir en Côte d’Ivoire par rapport au traitement de son système éducatif » a-t-il averti. IL NE FAUDRAIT PAS QUE QUELQU’UN QUI EST DE PASSAGE VIENNE SEMER LE DOUTE ENTRE NOUS Invité à faire la lumière sur ce que font les guides religieux musulmans pour rétablir l’image de l’islam comme une religion de paix par rapport à l’extrémisme religieux et le terrorisme collés à cette religion, Ousmane Diakité a dit : « Les musulmans, avec qui vous vivez, est-ce que vous avez vu un poser des actes de terrorisme ou d’extrémisme ? Si oui, portez l’information à notre connaissance, si non c’est le résultat de ce que nous faisons qui est là. Ce bon comportement est le résultat d’un enseignement, d’une éducation. En ce qui concerne les jeunes, aujourd’hui, le monde, comme je l’ai dit plus haut, vit comme un village. Où ce que vous faites est su à l’autre bout du monde. Aujourd’hui, les djihadistes sont sur les réseaux sociaux Si tu as mal traité ton enfant, si tu as raté son éducation, tu peux te réveiller un matin et te retrouver face à un djihadiste et c’est ce qui arrive en Europe. Ne doutons pas des musulmans qui ont toujours vécu avec nous. C’est cet élément qui nous inquiète nous les musulmans. Ce qui nous inquiète quelquefois, ce que nous percevons dans les discours, dans certains propos, dans certaines attitudes que les Ivoiriens commencent à avoir, c’est douter des musulmans. Ça, c’est la chose la plus dangereuse ; alors si nous commençons à faire ça, c’est par là que le problème va commencer. Ce qui est mauvais et qu’il faut éviter, c’est douter les uns des autres dans nos têtes. Vous êtes des jeunes, vous êtes des leaders et chaque fois que vous allez sentir de tels discours pointer le nez, il faut les recadrer pour dire non et non, voilà ce que sont les musulmans en Côte d’Ivoire. Nos parents, depuis la nuit des temps, ont vécu en bonne intelligence. Nous avons eu, dans ce pays, des enfants Bété, Baoulé, Agni et autres qui ont eu pour tuteurs des musulmans. Qui les traient mieux que leurs propres enfants, selon l’enseignement qui recommande qu’il faut s’occuper de ce qu’on t’a confié que ce qui t’appartient. Il y a des témoignages ; et nous avons vécu dans une telle atmosphère et un passant va venir poser un acte et nous, nous commençons à douter. Ça, ça sera la pire des choses en Côte d’Ivoire. » JEAN PAUL LOUKOU (lereveil.net)

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