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Côte d’Ivoire/Un député recadre sèchement le porte-parole du gouvernement: «Désolé, l’érudit évêque parle de qualité et vous parlez de quantité»

Kouamé Yao Seraphin
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A CHACUN SON MONDE !

Quand j’étais jeune homme, mon frère aîné aimait à me répéter que le monde est plus spirituel que physique. Mon frère – paix à sa grande âme – savait parfaitement ce qu’il disait lui qui est parti si tôt.

Effectivement, il n’y a pas qu’un seul monde. Le porte-parole du gouvernement a parfaitement raison sur ce point : en effet, en Côte d’Ivoire nous vivons dans une binarité cosmogonique permanente : d’une part le monde des tabourétistes-rattrapeurs-ethniques et de l’autre celui des nostalgiques des premiers temps de la Côte d’Ivoire souveraine. Lequel de ces deux mondes est réel ? Lequel est invisible ? Aux Ivoiriens d’en juger.

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Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement ivoirien

Dans l’un des mondes, celui du ministre Amadou Coulibaly, ce qui compte, ce sont les ponts, les autoroutes et routes bitumées biodégradables et à péage, les gratte-ciels budgétivores et inutiles, les infrastructures sanitaires, scolaires et universitaires de piètre qualité et non équipées.

Dans le second monde, celui du prélat Monseigneur Marcellin Kouadio, ce qui compte c’est la construction d’une nation, l’amour vrai du prochain-concitoyen, la solidarité réelle entre fils et fille de la patrie, le partage équitable de la richesse, le vivre ensemble véritable. De quel côté suis-je ?

Eh bien, du bon côté ! Du côté des Ivoiriens qui ne demandent que la démocratie, la paix et les fruits partagés de la croissance. Du côté des Ivoiriens qui subissent les affres de la vie et de l’injustice ambiante. Ce n’est pas une question de sémantique ou de rhétorique mais de vérité.

Notre bien-aimé ministre était-il obligé de répondre au père Marcellin ? Est-il besoin de lui expliquer que ce n’est pas la religion qui est laïque, mais l’Etat ? Pourquoi un prêtre catholique, un pasteur ou un imam n’aurait-il pas le droit de donner son opinion sur la vie de ses paroissiens ou fidèles, qui plus est, ses concitoyens ? Aurait-il perdu ses droits civiques et politiques ? La religion chrétienne n’a jamais affirmé qu’elle est apolitique. Elle est éminemment politique. A moins que le ministre n’ait une conception différente d’Aristote qui affirme que l’homme est un animal politique. Salomon était politique. David l’était. Moïse l’était. Ce discours de « la politique aux politiciens, la religion aux religieux » n’a aucun sens.

En vérité, comme le dit un internaute, l’évêque et le gouvernement ne vivent vraiment pas dans le même monde ; l’évêque ne parle pas de manque ou d’insuffisance d’infrastructures sanitaire, éducative ou routière ; il parle du produit de l’école ivoirienne,de la valeur ou de qualité de notre éducation, des prestations de nos services de santé, du quotidien du citoyen lambda dans nos villes, villages et campagnes, de la cherté de la vie malgré la croissance économique chanté urbi et orbi.

Désolé, Monsieur le Ministre-porte-parole, il n’y a absolument aucun rapport ! L’érudit évêque parle de qualité et vous parlez de quantité. Encore que sur la quantité, ce que vous dites est aux antipodes et de la réalité et de l’invisible. Prosaïquement, ce que dit Monsieur le Ministre n’est pas vrai dans les deux mondes.

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KOUAME Yao Séraphin, Député de la Nation et Maire de Brobo

Quand on est ministre, on n’a pas le même quotidien que celui de ses concitoyens lambda. L’évêque décrit le véritable quotidien des Ivoiriens. Sur la base de l’évangile qui a pour fondement principal la vérité, le prêtre critique la qualité de l’enseignement dans nos écoles et universités qui est au rabais, le dénuement dans lequel vivent les Ivoiriens à cause de la cherté de la vie, déplore l’absence de paix et de réconciliation et indirectement invite le gouvernement à faire des efforts dans ces sens. Et vous répliquez en faisant un hors sujet lamentable. Admettons que le monde du ministre soit vrai, celui relaté de l’évêque l’est aussi sauf à être inhumainement indifférent aux souffrances des Ivoiriens et de l’ensemble de la population.

A un moment ou à un autre, quand on est gouvernant, il faut savoir accepter les critiques des gouvernés. C’est la voix de la sagesse ! C’est une question de grandeur d’âme et d’esprit ! Il faut juste écouter. Les faits dans toute la Côte d’Ivoire contredisent ce que dit le porte-parole du gouvernement. A moins de me tromper de pays, Sinanvessou est à plus de cinq kilomètres de Brobo, chez moi, et les enfants de ce village métropole doivent parcourir plus de 5 kilomètres de jour comme de nuit pour se rendre au lycée municipal éponyme.

La sous-préfecture de Brobo qui fait environ 70 kilomètres en longueur et 30 en largeur n’a qu’un seul établissement secondaire public et un seul centre de santé. Les chiffres donnés, en ce qui concerne la construction des universités, sont hallucinants et ne méritent même pas réponse. Juste ceci : si c’est le premier ministre qui construit, il faut revoir les calculs. Monseigneur Marcellin Kouadio n’a fait que se muer en caisse de résonnance du cri de cœur de ses concitoyens, nos semblables. Il n’a rien contre votre régime exclusionniste. Il parle du monde des jeunes qui ont fait des études, obtenus leurs diplômes et parce que ne connaissant personne dans votre gouvernement ou administration et n’ayant aucun centime pour engraisser le réseau ou les rouages sont à la maison, sans espoir. Savez-vous combien de ces gens désespérés et désemparés meurent chaque jour ? En vérité, je vous le dis, Monsieur le Ministre, vues les circonstances qui prévalent dans votre monde d’aujourd’hui et celles qui prévalaient dans la Côte d’Ivoire d’antan, je puis vous assurer que de loin l’Ivoirien aurait aimé vivre dans ce monde invisible ou réel décrit par l’homme de Dieu mais en sécurité et sans discrimination plutôt que le vôtre.

Effectivement, tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute ! Le hic, c’est que, y’a caillou dans les oreilles des Ivoiriens quand ce qu’on leur dit n’est pas vrai. Que le Seigneur soit avec les Ivoiriens et avec l’esprit du père Marcellin !

KOUAME Yao Séraphin

Député de la Nation et Maire de Brobo


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