Livre de la semaine N°14: ‘’Les voix dans le vent’’… pour le bonheur des peuples africains
Titre : Les Voix dans le vent
Auteur : Bernard B. Dadié
Le bonheur des peuples africains selon la bonne foi de leurs dirigeants
« Les Voix dans le vent » de l’écrivain ivoirien, Bernard B. Dadié, qui a définitivement rangé sa plume, est une pièce de théâtre, un livre qui aura connu plusieurs éditions. Précédemment publié en 1970 aux « Editions CLE », Yaoundé, Cameroun, en 1982 par les « Nouvelles Editions Africaines », (NEA), Abidjan, Dakar et Lomé, « Les Voix dans le vent » va connaitre une quatrième édition chez « NEI », (Nouvelles Editions Ivoiriennes », en 2001.
L’intérêt du livre est dans la pertinence de son contenu qui reste d’actualité. Toute l’Afrique s’y reconnait. L’enjeu est de taille ; il tourne autour du destin de tout un continent.
La représentation met le lecteur-spectateur face à une tragédie se déroulant sur 144 pages. Temps, espace et contexte s’animent. Le dramaturge ivoirien a peut-être composé le nom de ses personnages, mais sa mise en scène reste très réaliste. Arcbouté sur le champ de la gouvernance africaine, il sillonne scène politique, coulisses de palais et d’empire, couloirs présidentiel et le peuple dans son quotidien.
Ce spectacle de papier fait le point d’une gouvernance africaine, dresse un bilan et à l’instar de ces Voix qui s’élèvent dans le vent, demande des comptes à tous ces empereurs africains, à tous ces chefs, présidents ou gouvernants en Afrique qui ont toujours, comme ayant perdu la mémoire, oublié de tenir leurs nombreuses promesses d’avant élections, oublié de faire ce qu’il faut pour l’épanouissement du peuple.
Nahoubou, ce personnage représentant la masse populaire, humilié par les hommes de Macadou qui dirige le pays, se déchaîne et rêve d’installer un règne de prospérité, de paix et de justice. Une fois le pouvoir obtenu – et à quel prix ? – il se laisse griser. Un tel revirement n’est plus de l’ordre du mystère pour l’Africain d’hier et d’aujourd’hui dont les rêves et les espoirs ont toujours été décapités. Les guerres et les rebellions ne sont-elles pas devenues amies à l’Afrique d’aujourd’hui ? Ajoutez à cela l’exploitation du contribuable, les spoliations à faire pâlir. Et pourtant, Nahoubou voulait qu’il n’y ait plus misère et opulence ; grenier plein et grenier vide. Et pourtant il voulait libérer l’initiative, la confiance. Lui, désormais à la tête d’un pays pourtant mine de richesse inépuisable pour certains. Lui qui voulait qu’il lui soit donné, à lui et à son peuple, enfin le temps, la minute pour regarder l’autre avec attention, affection, tendresse, amour, lui tendre la main pour franchir le fossé, il a instauré l’arbitraire, l’injustice.
Ironie du sort, à son tour il va être destitué, dépouillé de sa puissance par un peuple déchaîné. Seul face à ces Voix de fantômes, Voix de ses différentes victimes qui emplissent le vent et lui demandent des comptes. Ce chef déchu, à cause de son manque de discernement, à cause de son avidité et de sa cupidité, nous dirons même de son manque de sagesse et d’intelligence, est ce qu’il ne faudrait plus aux Africains et à leur continent.
Auteur engagé, conscient des problèmes de son temps, Bernard Dadié dépeint ou expose ces travers de sa société, les dérives de bien de gouvernements d’Afrique. Y a-t-il des oreilles pour l’entendre et pour l’écouter ? Depuis quand sont indépendants les pays africains ? Et en quelle année sommes-nous ? Pourquoi depuis tout ce temps la situation de l’Afrique n’a pas encore favorisé la montée d’une prise de conscience ? D’une nouvelle conscience ? Comme cela a été le cas en Europe après les deux guerres mondiales ?
Inspiré par les hideurs des tropiques, « Les Voix dans le vent » font un procès aux dirigeants africains. Et l’esprit de cet ouvrage est de plaider pour la naissance d’une nouvelle race de présidents africains, capables de servir d’exemple et de modèle à la pépinière africaine.
L’espoir du changement, l’espoir de l’avènement de la vraie démocratie, du vrai dialogue et de l’amorce du développement existe toujours dans cette Afrique tout aussi bien humiliée et dépouillée de l’extérieur.
Tonio Edo
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