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Position du gouvernement face à l’Arrêt de la CADHP: Un Sénateur élu évoque ‘’une ruse politicienne en vue de conserver le pouvoir’’… ce qu’il demande au gouvernement

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Position du gouvernement face à l’Arrêt de la CADHP: Un Sénateur élu évoque ‘’une ruse politicienne en vue de conserver le pouvoir’’… ce qu’il demande au gouvernement

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De quelle Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples parle-t’on encore en Côte d’Ivoire ? Le Communiqué du Gouvernement du 15 juillet 2020 relatif à l’affaire Suy Bi Gohoré Emile et autres / contre la République de Côte d’Ivoire a surpris plus d’un ivoirien.

Les commentaires de la presse, aussi bien domestique qu’internationale semblent attester, sans équivoque, que la CADHP a réussi à cristalliser l’attention de tous concernant les tribulations judiciaires vécues en Côte d’Ivoire depuis un certain temps.

Est-ce une preuve que cette institution (CADHP) serait «soudainement» redevenue crédible et donc à prendre désormais au sérieux?

Tout au moins serait-elle finalement considérée comme une institution pertinente, indispensable et complémentaire à une justice interne qui peine encore à rassurer les justiciables ivoiriens ?

Si tel est le cas, la décision précédente du Gouvernement d’annuler la participation de la Côte d’Ivoire aux accords de la CADHP pourrait être interprétée comme une décision précipitée et immature.

Aujourd’hui toute la Côte d’Ivoire est suspendue à l’application de l’arrêt de la CADHP concernant les élections présidentielles prévues à fin octobre 2020.

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La première surprise que révèle cette affaire se traduit par le fait que, légitimement, certains ivoiriens s’interrogent et cherchent à comprendre pourquoi le même Gouvernement qui, hier contestait les décisions de la CADHP au point de décider d’en sortir, aujourd’hui semble avoir oublié le principe sacro-saint de défense de sa souveraineté par tout moyen? Curieux!

Alors, franchement, de quelle Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, le Gouvernement peut-il encore parler en Côte d’Ivoire ?

Le dernier communiqué du Gouvernement, au sujet de la CADHP évoqué précédemment, semble aussi traduire une certaine fébrilité et une incohérence qui remet fatalement en cause sa posture antérieure concernant la CADHP, au risque de faire ridiculiser la Côte d’Ivoire si ce n’est pas encore le cas.

La seconde surprise qui ressort de l’ambiance actuelle au sujet du procès à la CADHP concerne le contenu de l’arrêt lui-même.

Une lecture objective dudit arrêt révèle que la Cour a clairement évoqué plusieurs sujets dont 4 pour lesquelles elle a tranché contre la République de Côte d’Ivoire.

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Curieusement, dans son communiqué, le Gouvernement a omis d’évoquer les reproches à lui faits par la CADHP, se limitant aux seules décisions pour lesquelles la Cour a tranché en sa faveur. Le communiqué du Gouvernement a-t-il évité une gêne, ou était-ce une omission?

Dans la première hypothèse, les détracteurs du Gouvernement pourraient évoquer une ruse ou une honnêteté insuffisante.

Dans le second cas, ceux des ivoiriens qui défendent la thèse opposée pourraient penser que notre Gouvernement a péché par précipitation ou par manque de rigueur.

Pour ma part, je pense que tout le raffut exposé ci-dessus révèle une ruse politicienne en vue de conserver le pouvoir. Cette situation est aggravée par un malaise judiciaire profond à l’origine de la crise politique que vit la Côte d’Ivoire à l’approche des élections présidentielles d’octobre 2020.

Tout comme beaucoup de nos concitoyens, je constate avec tristesse que l’Etat de droit n’existe en Côte d’Ivoire que pour une partie des ivoiriens.

En ma qualité de Sénateur, élu de la République de Côte d’Ivoire, je saisis la présente tribune pour réclamer au nom de la paix :

1- la libération de tous les prisonniers politiques et militaires sans exception ;

2- le retour de tous les exilés politiques sans exception ;

3 – l’abandon de toutes les poursuites contre les adversaires politiques en cours ainsi que l’annulation de toutes les peines déjà prononcées à l’encontre de certains parmi eux ;

4 – la suppression de certains critères d’éligibilité imposés aux candidats aux élections présidentielles à venir, notamment ceux non prévus par la Constitution ni admis par nos pratiques habituelles en la matière.

Il s’agit notamment, de critères nouveaux tels que le parrainage des candidats, qui viole assurément le principe du vote secret, en démocratie.

La paix n’a pas de prix. Le juridisme ne saurait être privilégié au détriment de la vie de nos concitoyens.

5 – l’arrêt ou la cessation du harcèlement judiciaire visiblement dirigé contre des opposants ou adversaires politiques, candidats gênants, qui n’honore pas ses auteurs dans un Etat de droit et de démocratie, en cette période électorale.

Jean-Baptiste PANY

Sénateur élu de la République de Côte d’Ivoire

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