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«TOTAL-CÔTE D’IVOIRE»: Un comportement de colon au bout de l’essence…La colère de nombreux clients, Elus locaux aussi en colère…

«TOTAL-CÔTE D’IVOIRE»: Un comportement de colon au bout de l’essence…La colère de nombreux clients, Elus locaux aussi en colère…

Comme le colon à une époque de triste mémoire, « Total-Côte d’Ivoire », assurée d’un monopole qui ne dit pas son nom,  s’est installée depuis quelques années, à l’égard de ses clients, dans un comportement dominé par l’arrogance, l’humiliation et le « je-m’en-foutisme ».

Pourtant, ce n’est pas l’aumône que demandent ses clients, notamment les collectivités décentralisées et les EPN (établissements publics nationaux).

Un monopole absolu par endroits

Si, à Abidjan et dans certaines grandes villes du pays, il existe plusieurs sociétés de distribution et de vente de produits pétroliers à travers des stations d’essence, offrants aux consommateurs de ces produits, une certaine liberté de choix, ailleurs, dans de nombreuses villes, les consommateurs n’ont qu’un seul choix, celui de « Total Côte d’Ivoire », qui y détient les ou l’unique station d’essence. Or, le critère de la représentativité spatiale est l’un des critères déterminants. En sus du nombre de stations détenues et des localités desservies,  retenus par les marchés publics, à l’occasion des passations des marchés pour le carburant, au bénéfice des collectivités décentralisées et des EPN et autres structures  à financement public. De sorte que le carburant utilisé par ces structures, chaque année, pour leur fonctionnement, leur est servi par « Total Côte d’Ivoire », seul. Un vrai piège.

« On n’a pas la preuve du virement »

Est-il possible de trouver des agents plus méprisants et plus arrogants que ceux de « Total Côte d’Ivoire », lorsqu’il s’agit de recharger les cartes « prépayées » de carburant pour leurs clients ?

Depuis la mise en service du nouveau système de paiement du « Trésor Public » (SYGACUT), système qui exclut les paiements par chèque et qui ne retient qu’uniquement ou majoritairement les paiements par virements bancaires, c’est l’enfer pour des milliers de clients de la société « Total Côte d’Ivoire ».

Vous avez effectué un virement bancaire au bénéfice de « Total Côte d’Ivoire » pour avoir du carburant ? Vous ne serez servis qu’au bout d’une attente de près d’un mois, voire plus. Prétextant être débordé par le nombre de virements qu’ils reçoivent chaque jour, « Total Côte d’Ivoire » refuse de faire vérifier par ses services, à partir de ses propres relevés bancaires, l’effectivité du virement fait à son bénéfice et exige un document portant « preuve de paiement effectif » que seuls les services du « Trésor Public » peuvent délivrer. Ce qui peut prendre parfois, beaucoup de temps.

Quand ce document est enfin obtenu et déposé au service comptable de « Total Côte d’Ivoire », le client doit attendre cinq à dix jours, le temps que « Total » fasse ses vérifications pour confirmer avoir reçu l’argent sur son compte bancaire. Commence alors, l’enfer.

Un comportement de colon au bout de l’essence

Pour faire souffrir au maximum ses clients, « Total Côte d’Ivoire » n’accepte que les rechargements différés. Aucun rechargement direct n’est autorisé. Or, pour une grande structure comme « Total », en Côte d’Ivoire, seul un agent (une femme), a été chargé de faire les rechargements. De sorte que, entre le jour où « Total Côte d’Ivoire » reconnait avoir reçu l’argent du client (généralement plusieurs dizaines de millions de FCFA), et le jour où le client pourra se rendre dans une station «Total » pour se faire servir du carburant, il peut s’écouler plus d’un mois. Une situation totalement ahurissante et pour laquelle « Total » ne fournit absolument aucune explication à aucun de ses clients pénalisés. C’est beau le « monopole »…hors d’Abidjan.  

Quand la carte est chargée, enfin, il faut attendre deux à trois jours, à cause du différé, pour espérer avoir du carburant dans une station.

Il ne se passe plus de semaines ou de mois sans que des maires, des responsables d’EPN, des présidents de conseils régionaux, ne se déplacent en personne dans les locaux de « Total Côte d’Ivoire » à Abidjan, pour comprendre ce comportement et espérer voir le carburant de leur collectivité ou de leur établissement, enfin servi. « Quand vous vous rendez au siège de  « Total », en plus du désordre indescriptible qui y règne, c’est le mépris qui vous est servi, car une seule personne est chargée de s’occuper de ces questions de rechargement pour des milliers de clients. C’est incroyable qu’une grande société puisse s’installer dans un tel comportement. L’année prochaine, on n’aura pas d’autre choix que de nous adresser à une autre société plus citoyenne et plus respectueuse… » s’est lamenté un responsable d’une petite société de « BTP », rencontré par « L’Eléphant », devant le siège de « Total », à Treichville.

Elus locaux en colère…

Depuis plusieurs années, des élus locaux n’ayant pas d’autre choix que d’utiliser les services de « Total Côte d’Ivoire » du fait que c’est la seule structure détentrice de stations d’essence dans leur commune ou régions, ne font que se plaindre des souffrances qui leur sont infligées par « Total Côte d’Ivoire ».

Le 5 décembre, le maire de la commune de Tiassalé, un certain Assalé Tiémoko, de retour d’un séjour hors du pays, a constaté que les services de sa collectivité (notamment ceux en charge des travaux et de ramassage des ordures ménagères », depuis plusieurs semaines, étaient paralysés du fait que « Total Côte d’Ivoire ».  Alors que cela faisait plusieurs semaines que cette société avait reçu un virement de la part de la collectivité, via le « Trésor Public ». Il n’en a pas fallu plus pour que l’élu local proteste, le 5 décembre, à travers une publication sur sa page « Facebook officiel », intitulée « la société Total Côte d’Ivoire et l’abus de position dominante » : « Les souffrances que la société « Total Côte d’Ivoire » inflige aux collectivités territoriales ne sont plus acceptables. C’est de l’abus de position dominante…très préjudiciables au fonctionnement normal de plusieurs collectivités territoriales. Si « Total Côte d’Ivoire » n’améliore pas son service de rechargement des cartes, assurée qu’elle est d’avoir tous les marchés en raison de son implantation à l’intérieur du pays, nous allons vigoureusement dénoncer ses pratiques humiliantes  qui ne sauraient impunément continuer. Recevoir l’argent des collectivités, perdre un temps fou à ces collectivités sous prétexte de vérification puis, une fois assurée que l’argent est disponible sur leur compte, perdre des jours voire des semaines encore avant de servir…sous de fallacieux prétextes, ce n’est plus acceptable… » A-t-il tonné.  

La publication, partagée de nombreuses fois, a suscité de nombreux commentaires et de nombreux élus locaux ont joint « L’Eléphant Déchaîné » pour confirmer leurs souffrances : « En effet, même les EPN vivent cette situation. Non seulement ils prennent beaucoup de temps pour la confirmation du chèque mais cela fait, ils te font attendre encore pendant plusieurs jours avant le rechargement. L’année prochaine nous opterons pour les cartes Shell, car là-bas, il faut tout au plus 4 à 5 jours pour avoir le rechargement. Aussi, quand tu te rends au siège pour des réclamations, là encore, ce sont des heures d’attente car il y a un seul gars qui reçoit et dans un cafouillage pas possible. Merci monsieur le maire… » A écrit un internaute, sous la publication, confirmant ainsi la triste réalité. « Motion de soutien. Trop c’est trop. L’ARDCI et l’UVICOCI doivent ensemble interpeller cette entreprise qui n’a aucun égard pour nos collectivités ». A écrit un autre internaute.

Le vendredi 6 décembre, l’élu local de Tiassalé dit avoir échangé au téléphone avec la directrice commerciale et marketing de « Total Côte d’Ivoire » pour essayer de comprendre cette situation : « Elle m’a dit qu’elle n’était pas chargée du rechargement des cartes et que, par conséquent, elle ne pouvait pas me donner d’explications. Mais elle a promis me communiquer par message le numéro de la responsable chargée des rechargements dès la fin de notre communication téléphonique. J’ai attendu en vain, ce numéro. Je lui ai envoyé un message pour lui rappeler sa promesse. Il est resté sans suite… »

C’est à ce genre d’attitude qu’on reconnait les entreprises si riches qu’elles n’ont aucun respect pour leurs clients. Furent-ils des autorités démocratiquement élues. Lesquelles peuvent aller se voir ailleurs…vu qu’elles n’ont pas le choix.  

NOEL KONAN, in L’ELEPHANT DECHAINE N°663