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Visite officielle et situation explosive: Emmanuel Macron veut-il la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire ?

Visite officielle et situation explosive: Emmanuel Macron veut-il la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire ?

 

 

Le président français, Emmanuel Macron, effectuera une visite officielle en Côte d’Ivoire du 20 au 22 décembre, a annoncé, mercredi, le porte parole du gouvernement, le ministre Sidi Touré, lors de la conférence de presse d’après Conseil des ministres.

Le programme de son séjour en Côte d’Ivoire ne prévoit pas de rencontre avec l’opposition significative. Est-ce à dire que le président Emmanuel Macron ne voit pas la bombe prête à exploser sur laquelle il vient marcher ? Cependant, selon son agenda, il fera la fête avec les soldats de la Force française en Côte d’Ivoire (FFCI) au cours d’un repas de fin d’année. Il dînera aussi avec son homologue ivoirien, Alassane Ouattara. Il est aussi prévu la pose de la première d’un marché à Bouaké et la signature de plusieurs accords de partenariat et de coopération entre les deux pays.

Quand il y a une crise dans un pays francophone, la communauté internationale s’adresse à la France pour sa résolution. Il y a actuellement une crise qui couve en Côte d’Ivoire, mais la question d’anticipation ne figure pas sur l’agenda de la visite officielle du président français. Et pourtant les Ivoiriens sont inquiets. La prochaine présidentielle de 2020 annonce un remake de 2010, voire plus grave. Le régime d’Alassane Ouattara est liberticide, dictatorial, tyrannique. Trop de prisonniers politiques, des hommes politiques sont interdits de prise de parole en public, des arrestations tout azimut d’opposant et des expulsions du territoire ivoirien pays d’hospitalité. L’opposition est bâillonnée par des intimidations et des menaces.

On accuse, à tort ou à raison, la France d’être à la base des crises en Afrique, en cautionnant les dictatures contre la démocratie. Pourtant la démocratie est le gage de la stabilité qui, elle-même, est le gage de l’évolution du pays dans le sens du développement d’une nation. La Côte d’ivoire est de plein pied dans un Etat de non-droit avec une Commission électorale indépendante (CEI) déséquilibrée et aux ordres de l’exécutif. Et les preuves sont visibles. Le cocktail est prêt à exploser.

La conférence de presse co-animée par Pr Maurice Kakou Guikahué (PDCI/CDRP) et Dr Assoa Adou (FPI/EDS), le jeudi 12 décembre 2019 a dépeint la situation ivoirienne en ces termes : «En effet, la question de la réforme de la Commission Electorale Indépendante (CEI) reste entière de même que l’établissement des Cartes Nationales d’Identité pour les nouveaux requérants d’une part et pour celles arrivées à expiration d’autre part. Cette situation est aggravée par une justice aux ordres qui ne garantit pas au citoyen ses droits. Aussi avons-nous décidé d’organiser un deuxième grand rassemblement de protestation et de dénonciation de l’immobilisme du Gouvernement sur toutes les questions qui menacent la paix et la cohésion sociale dans notre pays. Les thèmes relatifs à la réforme de la CEI, à la gratuité des Cartes Nationales d’identité, à la prorogation du délai de validité des anciennes Cartes Nationales d’Identité, arrivées à expiration en juin 2019 et au retour au pays du Président Laurent GBAGBO et du Président du COJEP, Charles Ble GOUDE pour donner la chance à la Réconciliation nationale, défi majeur pour notre pays, la Côte d’Ivoire.»

La France est passée du septennat au quinquennat. François Mitterrand l’a proposé, son successeur, Jacques Chirac l’a réalisé. Ce dernier a fait un septennat et un quinquennat. Il aurait pu dire qu’il va faire un deuxième quinquennat parce que la Constitution a changé les mandatures. Mais il a décidé de ne faire qu’un seul quinquennat. Sans que le ciel ne tombe sur nos parents les Gaulois. Nicolas Sarkozy et François Hollande ont fait chacun un seul quinquennat, sans que cela pose un seul problème en France. Ils n’ont pas cherché à tripatouiller la constitution française pour se maintenir au pouvoir. Et c’est justement le président Macron qui a dit «qu’il y a une vie après la présidence». Pourquoi donc veut-il cautionner un 3e mandat d’Alassane Ouattara, avec à la clef une grave crise, en Côte d’Ivoire ? Ou bien attend-il que la Côte d’Ivoire s’embrase pour constater la crise et envoyer des milliers de soldats français pour jouer les pompiers ou les médecins après la mort ?

L’avènement d’Emmanuel Macron, au pouvoir en France, a suscité beaucoup d’espoir en Afrique, surtout parmi les jeunes qui y ont vu un changement des méthodes anciennes de coopération entre la métropole et ses anciennes colonies. Malheureusement, le jeune Macron ne la joue pas jeune.

L’arrivée, pour la seconde fois, d’Emmanuel Macron, au bord e la lagune Ebrié, devrait pouvoir décrisper la situation sociopolitique très tendue en ce moment en Côte d’Ivoire par la rencontre et l’écoute de l’opposition signification au sein de l’EDS et de la CDRP en les incluant dans son agenda de la visite officielle. Il devrait écouter les deux camps avant de prendre une décision. A moins que l’intérêt de la France ne soit pas dans la stabilité des pays africains, en général, et plus particulièrement la Côte d’Ivoire.

Une contribution de

Guy-Francis SAHIRI, à Abidjan-Côte d’Ivoire