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Situation sociopolitique en Côte d’Ivoire: «La perturbation vient du Gouvernement…Alassane Ouattara se venge des Ivoiriens» (Mamadou Koulibaly)

Situation sociopolitique en Côte d’Ivoire: «La perturbation vient du Gouvernement…Alassane Ouattara se venge des Ivoiriens» (Mamadou Koulibaly)

 

Le président de Liberté et démocratie pour le République (Lider), s’est prononcé sur l’actualité. Selon Mamadou Koulibaly, Alassane Ouattara continue de diviser les Ivoiriens.

Nous sommes aujourd’hui dans la période entre la Noël et le Nouvel an. Les populations ivoiriennes ont besoin de tranquillité et de quiétude pour fêter Noël et entrer dans l’An 2020 en toute tranquillité. Au moment où les populations se disaient qu’elles allaient avoir droit à cette tranquillité, eh bien non !

La perturbation vient d’où ? Pas de quelqu’un d’autre mais du Gouvernement. C’est le Gouvernement qui décide de perturber la quiétude des populations. Pourquoi ? Parce qu’il y a de la vengeance en l’air. Ouattara se venge des populations ivoiriennes. Alassane Ouattara se venge. Qu’est-ce que nous lui avons fait ? Son histoire…

Je crois qu’il a gardé gros sur le cœur par rapport à tout ce qu’il a pu subir avant de devenir président de la République. Alassane Ouattara, une fois devenu président, au lieu de rassembler les populations ivoiriennes, il les a divisées complètement.

Quand il n’était pas président de la République, il les divisait, maintenant qu’il est président de la République, il continue de les diviser. Même la coalition qui l’a porté au pouvoir, il ne fait cadeau à personne. Bédié qui a été le socle principal pour le conduire au pouvoir, il l’a méprisé, il emprisonne ses collaborateurs et fait des jugements totalement à l’emporte-pièce et puis, ses cadres sont apeurés avec interdiction de faire des meetings.

 

OUATTARA ET SORO SELON MAMADOU KOULIBALY

Ce qui est totalement du droit des opposants dans une démocratie, monsieur Ouattara n’en veut pas. Monsieur Soro qui dit que Ouattara lui a acheté des armes pour venir déstabiliser le pouvoir et l’y installer avec ses Forces nouvelles, MPCI, FAFN, FRCI, est aujourd’hui poursuivi. Aujourd’hui, M. Soro est mis en fuite, mis en déroute, alors qu’il bénéficie de l’immunité parlementaire.

On peut lui reprocher ce qu’on veut mais monsieur Ouattara, vos devoirs, en tant que président de la République, garant de la Constitution, c’est de respecter des lois, ce n’est pas de vous mettre au-dessus des lois. Peu importe ce que monsieur Soro a pu faire, si vous voulez l’attraper, s’il a commis des crimes, comme vous le dites qu’il a volé, tué, violé, détourné et tout ça, vous attendez qu’il arrive dans son pays.

Il rentre chez lui à la maison et vous envoyez la police l’attraper avec les preuves qu’il faut et les autres députés qui sont avec lui, vous engagez une procédure auprès de l’Assemblée nationale. Les dossiers sont introduits à l’Assemblée nationale, le Bureau de l’Assemblée nationale se réunit et puis, si c’est nécessaire, on convoque les députés pour lever l’immunité parlementaire pour que monsieur Soro réponde de ses actes.

Non, ce n’est pas ce que vous faites. Vous le chassez et vous mettez les députés en prison, vous vous mettez au-dessus des lois. Monsieur le président, si vous êtes au-dessus des lois, qui est au-dessus de vous ? Vox Dei Vox Populi. Le peuple de Côte d’Ivoire est au-dessus de vous. En avez-vous conscience?

Si oui, pourquoi vous ne respectez pas les règles, les lois que ce peuple s’est données. Qu’est-ce qui vous permet de vous mettre au-dessus des lois, alors que vous avez prêté serment  de respecter la Constitution et de vous soumettre aux lois ? Vous avez même promis que si jamais vous n’êtes pas capable de respecter cela, le peuple de Côte d’Ivoire vous fasse subir la rigueur des lois.

On n’en est pas là, on en est même loin. Monsieur le président de la République, vous ne pouvez pas mépriser ce peuple-là, vous ne devez pas profiter des fêtes de Noël pour apeurer tout le monde. Les gens ont besoin de tranquillité pour la Noël maintenant et pour le nouvel an. Et c’est en ce moment que les chars, les soldats sont dehors.

C’est là qu’il y a une tension dans les casernes, qu’il y a une accusation de tentative de coup d’État. Vous faites peur aux populations dans cette période de fêtes. Ce n’est pas bon pour les affaires, ce n’est pas bon pour l’avenir de la Côte d’Ivoire, ce n’est pas bon pour la politique. Nous avons besoin de tranquillité.

Au-delà de ce phénomène, est-ce que respectez vraiment le peuple de Côte d’Ivoire ? C’est vous qui avez dit sur le perron de l’Elysée là-bas que le FCFA était une des meilleures monnaies du monde parce que vous avez été DGA du FMI, gouverneur de la Banque centrale, gouverneur honoraire et quand vous dites que le FCFA est bon, on doit l’accepter comme tel.

Il a fallu que ce soit le président des Français qui nous arrive de 6 000 Km pour nous dire ici : « Je vous ai entendus, j’ai entendu vos complaintes, j’ai entendu les pleurs des jeunes d’ici et, je viens vous dire que nous allons lâcher du lest sur le FCfa. » Le conservatisme des choses néocoloniales ne vient pas seulement de la France mais aussi de nos chefs d’Etat parmi lesquels le président Alassane Ouattara en tête de pont.

Quelle humiliation ! Il faut que ce soit le président Macron qui vienne nous dire qu’on peut avancer. Et même là, le président nous dit que c’est en toute souveraineté qu’on avance. On n’a pas encore compris que la présence du président Macron signifie qu’il n’y a pas de souveraineté. C’est ce qu’on appelle la doctrine d’Abidjan.

C’était pareil, lors de la dévaluation de 1994 à Abidjan, c’était encore monsieur Ouattara, alors Premier ministre de Côte d’Ivoire. La doctrine d’Abidjan vient encore de se confirmer. On n’en veut pas. Dans ce qui s’est passé à Abidjan, on a modifié deux documents. Il y a le document qui dit qu’il y a des Français qui doivent participer au Conseil d’Administration des instances de l’Uemoa.

C’est l’accord de coopération qui lie l’UEMOA à la France mais pour que cette modification se fasse, il aurait fallu qu’il y ait des chefs d’Etat et de Gouvernement ou alors des chefs de Gouvernement ou même des ministres. Et là, il n’y en a même pas un. Monsieur Ouattara a pris les dispositions de modifier ces textes-là ici, sans tenir compte des dispositions légales et réglementaires en la matière.

Le second texte, c’est les dispositions du compte des opérations, modifié aussi qui décrit dans quelles conditions les réserves de change seront déposées au Trésor  public français. Modifier aussi mais sans rien dire aux populations. Monsieur Ouattara est au-dessus des lois.

Il n’y a personne au-dessus de lui mais de qui tient-il sa légitimité, puisqu’il pense qu’il est capable de tout faire sans rendre compte à qui que ce soit ? Il faut savoir que les modifications des régimes de change, les questions de monnaies de ce genre-là relèvent du domaine de la loi. Vous ne pouvez modifier cela et puis, en plus, le texte qu’ils ont là, en plus public, personne ne le connaît, il n’est pas publié et diffusé.

 

MAMADOU KOULIBALY, OUATTARA ET LE CFA

Comment pouvez-vous engager les populations de tous ces pays de l’UEMOA, sans rien leur dire ? On se contente de nous dire simplement que la monnaie ne sera plus au Trésor, il n’y aura plus de Français au Conseil d’Administration. On fait comme si pour contrôler le CFA, la France a besoin vraiment d’avoir des gens au Conseil d’Administration et dans les instances.

Est-ce qu’il n’y a pas d’Africains ici, suffisamment engagés au service de la France et qui n’ont pas besoin de la nationalité française pour faire le travail des Français ? Le FCFA sort du Trésor mais ça va où ? Tout ça, ce sont des fioritures. Ce n’est pas ce qui importe dans le dispositif du CFA. C’est vrai que ça peut flatter nos orgueils, notre patriotisme, les souverainismes, notre désir de panafricanisme.

Ce n’est pas cela l’essentiel du dispositif du FCFA. L’essentiel, c’est la parité de change fixe, ce fort taux de change qui perturbe toutes nos économies. C’est étonnant de voir que la Gambie, l’Ethiopie, le Kenya ont leurs monnaies et se débrouillent bien et que nous, nous soyons en train de demander une tutelle pour pouvoir nous débrouiller. On n’a rien changé en réalité, le CFA n’est pas mort.

Il aurait fallu que monsieur Ouattara dise à monsieur Macron, « Oui on a bien entendu mais j’appartiens à un Etat, je suis membre d’une Union monétaire, il y a d’autres chefs d’Etat et leurs Parlements, je suis engagé dans des réformes, j’ai des partenaires dans la CEDEAO, il faut que j’aille les voir et nous allons étudier la question, l’approfondir et l’inscrire dans la dynamique de la CEDEAO et puis, nous vous reviendrons dans tous les cas en 2020.»

Monsieur Ouattara n’a pas dit cela, il a signé et puis, on est passé à autre chose. On n’a rien changé du tout. J’espère que personne n’est dupe. Ce monsieur va tout foutre en l’air. Pour l’UEMOA, la CEDEAO et nous, c’est le moment de lever la tête. Soyons nombreux à en parler. Il faut que 2020 soit meilleure que 2019. Joyeux Noël à tous et tous mes vœux pour 2020.

 

Propos retranscrits par Prince Beganssou (afriksoir.net)