Bedie et Guikahue

Réorganisation au Pdci: Un ex-journaliste de ‘’Fraternité Matin’’ rétablit la vérité statutaire

Une crise larvée agite le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) ces temps-ci. L’on croirait, à tort, que les nouvelles nominations intervenues dans ce parti sont une réponse à ces remous. En vérité, rien ne change vraiment. C’est le Secrétaire exécutif en Chef qui se voit attribuer de nouvelles charges.

Le Pr Maurice Kakou Guikahué cumule désormais son poste de Chef du Secrétariat exécutif du Pdci et celui de Conseiller spécial du président Henri Konan Bédié, chargé du suivi du Comité politique. Cette nouvelle attribution de l’ancien ministre de la santé résulte de la réorganisation de ce parti intervenu récemment.

D’aucuns ont pensé que suite aux échauffourées qu’a connu la maison du Pdci de Cocody, le président Bédié a pris des mesures, à travers la création de trois comités techniques, en vue de diluer les pouvoirs de Guikahué, voire de décharger celui-ci de ses anciennes charges au Secrétariat exécutif. Ces nouvelles structures sont le comité politique dont la coordination générale est confiée à l’ancien ministre de la Santé, Alla Kouadio Rémi, le comité de la gestion et du suivi des élections et le comité chargé de la mobilisation et du développement des ressources humaines.

Il y a méprise !

Interpréter l’acte du président du Pdci comme une remise en cause de la confiance dont il fait montre pour le Pr Maurice Guikahué est une grave méprise, une erreur d’appréciation.

Pour mieux comprendre les choses, il faut interroger les statut et règlement intérieur de la plus ancienne formation politique, issus de son 12ème congrès de 2013. L’article 39 du statut dispose que «…le président du parti peut créer toute direction technique et opérationnelle, jugée nécessaire par ses soins et directement rattachée à lui…En cas de besoin, le président peut créer chaque fois que nécessaire tout comité ou commission ad’hoc à l’effet de rendre plus efficace sa gestion… »

C’est donc conformément au statut que le président Bédié a créé les trois commissions qui sont en réalité des structures techniques et consultatives qui lui sont directement rattachées. Les comités créés ne sont donc pas des organes statutaires, à la différence du secrétariat exécutif qui est l’organe exécutif du Pdci (article 46 du statut). Il est vrai que c’est le président du Pdci qui nomme et met fin aux fonctions des membres du secrétariat exécutif, y compris le Secrétaire exécutif, chef du secrétariat exécutif (article 47 du statut). Il ne peut cependant, en dehors de tout  congrès, supprimer le secrétariat exécutif qui est un organe statutaire, autant que le président lui-même.

Un rôle incontournable

Par ailleurs, Compte tenu du rôle névralgique joué par le secrétariat exécutif, il est inconcevable qu’il puisse être supprimé au détour d’une simple réorganisation. A titre d’exemple, cet organe, en particulier son chef assiste et met en œuvre toutes les décisions du président du Pdci. C’est sur sa proposition que nombre de membres d’organe statutaires sont nommés par le président de ce parti. Le secrétaire exécutif en chef dispose par ailleurs d’amples prérogatives en matière d’organisation des structures décentralisées.

En nommant Maurice Kakou Guikahué en qualité de conseiller spécial chargé du suivi du comité politique. Il fait donc de lui, non seulement la courroie de transmission entre ce comité spécialisé et le préside Bédié, mais il aura également droit de regard sur son fonctionnement et pourrait même l’orienter en cas de nécessité.

Comme on le voit, le secrétaire exécutif en chef vient de monter en grade !

Théodore Sinzé

(Ndlr, ex-journaliste à Frat-Mat, contributeur à opéra news)