immeuble eff

ENTRE-NOUS /Effondrements de bâtiments civils : voici la solution imparable ! (par KONE Kobali, Libre auteur, créateur)

Mais quel est donc ce pays où les chantiers qui hébergent la construction de bâtiments ou les étages qui n’en peuvent plus de « vieillesse », se laissent tomber comme des châteaux de cartes ou des feuilles mortes qui se détachent d’un arbre, suite à un vent soudain ? C’est à croire que la bourrasque humaine qui est à l’origine de ce déchainement national qui fait au passage de nombreuses victimes, révèle notre impassibilité chronique de groupe, et profite pour mettre le curseur sur notre incapacité collective à dominer la problématique. Que je sache malgré les avancées notables que ces dernières années nous ont permis d’enregistrer dans le dynamique secteur du bâtiment, aucun projet de bâtiment, même lorsqu’il est fin prêt d’un point de vue architectural, ne peut se donner des bras pour couler le béton et monter les briques une à une jusqu’à la dalle.  La fréquence des bâtiments en construction qui s’affaissent, je n’en connais pas hélas, le nombre ni les zones endémiques de prédilection ! Le fait est qu’au moment où je vous entretiens, aucune région du pays n’a le secret pour échapper à ces occasions de morts préfabriquées qu’on doit impérativement circonscrire de notre quotidien. Je ne sais pas ce qui se passe ailleurs dans les pays qui nous donnent dos, mais le phénomène roule carrosse chez nous et ce n’est pas la meilleure façon de rendre hommage à notre intelligence et encore moins, à notre réputation qui remonte aux années 1970 (miracle ivoirien sous Houphouët). Qu’est-ce qui peut pousser un bâtiment qui est en construction, autour duquel, jour et nuit, des acteurs de toutes les spécialités s’affairent selon un programme convenu par tous ? En Côte d’Ivoire, trois catégories de personnes physiques et/ou morales interviennent dans les opérations qui précèdent et qui concourent à la construction d’une maison, d’un bâtiment ou d’un immeuble. Ce sont : l’Etat, le propriétaire de l’Arrêté de Concession Définitive (ACD) et l’entreprise de réalisation des travaux (tâcheron ?). On part du principe que les matériaux qui interviennent dans la construction sont de bonne qualité. D’où d’ailleurs, la prochaine croisade judiciaire du Ministre Koné contre ses collaborateurs qui naviguent pour eux-mêmes ! On part aussi du principe que l’Etat ne peut pas se saborder lui-même. Par contre, certains animateurs, qui incarnent l’Etat, peuvent se révéler être de très mauvais acteurs, car corrompus jusqu’à l’os. Le propriétaire foncier qui veut devenir propriétaire immobilier, il reste à voir si vous me suivez, peut se montrer très laxiste et avare dans l’approvisionnement des quantités recommandées et exigées par l’entreprise de travaux.

L’entreprise, qui exécute les travaux du chantier, peut se mettre en tête de détourner une bonne partie du matériel mis en temps et en heure, à sa disposition. C’est cette chaine constellée de maillons faibles qui est à l’origine, chez nous, du malheur de pauvres locataires ou de pauvres manœuvres. Sans oublier le fait ahurissant que plus de 80 % entament les travaux sans être détenteur du moindre titre foncier, ni bénéficiant à titre exceptionnel, de l’aval temporaire ou définitif du ministère en charge de la construction. C’est vrai que dans notre pays, tout ne marche pas à merveille, c’est d’ailleurs le cas dans tous les pays du monde. Cependant, au fil des années, il y a des modèles qui ont fait la preuve de leur efficience sur le terrain. Au nombre de ces rares modèles qui ont fait leur preuve et qui font flotter le fanion de notre fierté, même s’il y a des choses à parfaire, il y a en haut de tableau, le département de la SECUREL, du Laboratoire du Bâtiment et des Travaux Publics (LBTP). Tout au-dessus, se trouve le Bnetd qui pour entre autres missions, de conseiller exclusif de l’Etat de Côte d’Ivoire dans sa mission de développement pour tous, a le devoir de proposer au gouvernement, un ordre de propositions qui pourrait mettre fin aux conséquences désastreuses de ces écroulements inattendus de bâtis. Ainsi, le Bnetd, par l’action de son pôle dédié, va valider techniquement les plans, va attester de la solvabilité immobilière du client, va certifier la capacité technique de l’entreprise de travaux à réaliser le chantier conformément au plan et aux charges, va certifier la qualité des matériaux, va faire le suivi des travaux, va proposer et soumettre au propriétaire, un calendrier de travaux de réhabilitation assorti de la durée de vie du bâti. Tout projet de bâti qui a fait l’objet de  cette nouvelle forme d’administration immobilière, sera en fin de travaux, tatoué par le label de certification du Bnetd sur au moins une façade du bâti. Il sera ouvert dans la mémoire du Bnetd et du ministère en charge de la Construction, du logement et de l’urbanisme, au nom d’un tel bâti, une fiche d’identité immobilière. Le tout précédé par la publication d’un journal (gratuit ?) dans lequel il sera publié la liste des requérants qui peuvent, aux yeux de la loi, entreprendre des travaux de construction sur leur (s) parcelle (s). La même liste régulièrement mise à jour à une fréquence qui sera à définir, sera également disponible sur le site internet du ministère. De sorte qu’il sera loisible aux riverains ou à tout autre citoyen imbu de civisme, de faire la police autour d’eux et d’alerter les autorités foncières en cas de besoin!

Toutes choses qui sont de nature à rassurer le corps des locataires et à préserver les intérêts des personnes qui entreprennent. Ce n’est pas tout. Il faudra sanctionner d’au moins « 10 » années de prison ferme, pour le technicien qui a fait le contrôle et le suivi des travaux et du paiement d’une amende évaluée à « 75% »de la prime d’assurance tous risques chantiers. Quant à l’entreprise de travaux, en plus de lui retirer sa licence ou son agrément de professionnel du bâtiment avec l’impossibilité de renaitre sous une quelconque forme, il devra rembourser au propriétaire pendant qu’il purge sa part de peine de prison, les sommes qui ont été investies au moment où le sinistre a été provoqué.  Essayons cela surtout par ces temps où il semble y avoir une certaine recrudescence dans la survenue de ce phénomène qui n’a que trop duré ! Avec la saison de confinement étrennée l’année dernière, les gens, pour se protéger contre la COVID-19, passent beaucoup de temps dans leurs appartements. Par conséquent, ce serait bien que leur esprit ne soit pas parasité par le souci de savoir si leur immeuble va tenir le coup jusqu’au lendemain ! En effet, si le phénomène n’est pas vaincu rapidement, on court le risque que plus de 80% de demandeurs de logements, se détournent irrémédiablement de la location des appartements. Ce qui aura pour incidence d’augmenter plus de que de raison, les frais de location des maisons dites basses. Elles ne le manifestent pas encore, mais les populations n’en peuvent plus, elles ont besoin d’actions et d’initiatives nouvelles, pas forcément révolutionnaires ! Elles ne veulent plus être les victimes de ces maîtres d’ouvrage sans foi ni loi, auxquels tout profite ! J’invite l’Etat à reprendre les choses en main. Au fait, par rapport aux petites gens qui sont de confortables anonymes de par leur statut social, quel est le pourcentage des « grands types », dans l’assiette des 80% d’incivisme immobilière relevés par le Ministre Koné Bruno (voir « Le Matin » du 24 mars 2021) ? Peut-être que tout le problème est à ce niveau !

In Le Nouveau Réveil du 26 mars 2021