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Crise énergétique, vie chère: Les députés PDCI révoltés prennent position et convoquent 2 ministres devant le parlement

Ce lundi 31 mai 2021, le groupe parlementaire du PDCI-RDA a animé un point presse, au siège dudit parti à Cocody. Deux orateurs ont entretenu la presse présente. D’abord Yasmina  OUEGNIN, Vice-présidente du Groupe parlementaire PDCI-RDA, Chargée de la Veille Stratégique, Porte-parole, a planté le décor de la rencontre. Puis, il est revenu au Député de Yopougon, Yohou Dia Houphouët Augustin Armand de présenter la nouvelle requête du groupe parlementaire, à savoir, une autre invitation lancée au ministre du Commerce et de l’Industrie qui doit s’expliquer sur la vie chère en Côte d’Ivoire au cours d’une séance de «question orale avec débat», tout comme son homologue des Mines et Energie qui est attendu encore par les députés du groupe parlementaire PDCI-RDA sur la crise énergétique que traverse le pays. Nous vous proposons l’intégralité des interventions des deux orateurs du groupe parlementaire qui ont entretenu les journalistes.

YASMINA OUEGNIN PLANTE LE DECOR

La députée de Cocody a lu la déclaration liminaire qui plante le décor de la rencontre avec les journalistes.

«Notre rendez-vous de ce jour se présente comme le second du genre, trois semaines après le point de presse qu’il nous a plu de tenir le 10 mai dernier, pour vous informer de l’initiative du Groupe parlementaire PDCI-RDA, relative à une procédure invitant le Ministre des Mines, du Pétrole et de l’Energie, à bien vouloir se prêter à l’exercice constitutionnel de la Question Orale Avec Débat.

La session parlementaire étant pour l’heure au ralenti au niveau de l’hémicycle, les députés du PDCI-RDA osent croire que cette 1ère Question Orale sera examinée dès l’adoption du calendrier des travaux parlementaires.

En attendant donc que le Gouvernement veuille donner une suite convenable à cette première requête, le dévouement du Groupe parlementaire PDCI-RDA pour la défense des intérêts des Ivoiriens, de TOUS les Ivoiriens demeure un acquis.

C’est pourquoi il nous paraît nécessaire de poursuivre un pan de notre activité parlementaire en explorant toutes les voies à même d’identifier les causes d’un certain nombre de préoccupations d’intérêt national. Cet engagement, nous le prenons, afin de contribuer, avec l’exécutif, à l’amélioration des conditions socio-économiques des ivoiriennes et ivoiriens.

De fait, il est aisé à tous de constater que le panier de la ménagère est de plus en onéreux, tandis que le coût des actes médicaux devient prohibitif pour la très grande majorité de nos concitoyens. Par ailleurs, les charges induites par le recours aux services de transport, pèsent considérablement sur les usagers pour n’évoquer que ces aspects préoccupants du pouvoir d’achat des Ivoiriens, qui s’est considérablement réduit face à l’inflation.

Ainsi, conformément au Règlement de l’Assemblée nationale, en ses articles 116 et suivants, Le Groupe parlementaire PDCI-RDA, a transmis ce jour, une correspondance à Monsieur le Ministre du Commerce et de l’Industrie, aux fins qu’il se soumette à un débat qui permettra de nous situer sur les causes profondes des coûts anormalement élevés des produits de consommation courante, ainsi que de certains services de base.

Bien entendu, cette rencontre d’échanges devrait offrir l’opportunité à Monsieur le Ministre du Commerce et de l’Industrie, de nous exposer les mesures idoines et actions concrètes qu’il envisage comme réponses aux problèmes liés à la cherté de la vie.

C’est, toujours soucieux de l’exigence de transparence et de l’impératif de responsabilité que, par le mécanisme de la « Question Orale Avec Débat », les députés membres du Groupe parlementaire PDCI-RDA, sollicitent du Gouvernement, non seulement des explications, elles-mêmes fortement attendues par l’ensemble des consommateurs, mais également les initiatives qui sauront apaiser durablement nos vaillantes populations, quant au pouvoir d’achat qui fond comme peau de chagrin, à mesure que les coûts de nombreux biens et services ne cessent de grimper.»

DIA HOUPHOUET DEVOILE LA NOUVELLE REQUETE DES DEPUTES DU PDCI

Une demande de «Question Orale avec Débat» a été adressée au Ministre du Commerce et de l’Industrie. Cette nouvelle requête a été lue par le député de Yopougon.

«Monsieur le Ministre,

La Côte d’Ivoire a vécu de 2002 à 2011, une crise militaro-politique qui a profondément impacté l’économie nationale et la vie des populations de notre pays.

Au sortir de cette crise en 2011, on a enregistré une décroissance de l’économie ivoirienne avec un taux de -4,7% et un taux de pauvreté avoisinant les 49%, ce qui signifiait malheureusement que plus de la moitié des Ivoiriens vivaient en dessous du seuil de pauvreté à cette date.

A partir de 2012, l’ordre constitutionnel ayant été rétabli, l’économie ivoirienne a connu une hausse de la croissance du PIB en moyenne de 8% entre 2012 et 2018.

Hélas, cette croissance n’a pas eu de véritable impact sur le niveau de vie de nos populations et malgré les très nombreuses promesses qui leur ont été faites, visant à améliorer leur quotidien, force est de constater qu’aucune mesure idoine n’a su correctement juguler le phénomène dit de la Cherté de la Vie.

Le Gouvernement n’a pas réussi, en une dizaine d’années, à inverser la courbe de la pauvreté dans notre pays, alors que conformément à ses dires, la Côte d’Ivoire aurait dû émerger depuis plus d’un an, et que les années 2020 et 2021 avaient été annoncées comme étant axées sur le Social, avec la mise en place du programme social, le PSGOUV, en 2019.

De manière récurrente, la grogne se fait ressentir au sein des populations ivoiriennes, notamment dans les couches les plus démunies ; la cherté de la vie étant devenue endémique. L’inflation en Côte d’Ivoire se situait autour de 1,5% en mai 2020. Mais, même si ce taux d’inflation a été jusque-là théoriquement maitrisé en dessous de la norme admise au sein de l’UEMOA qui est de 3%, force est constater qu’il a connu une constante hausse de juin à octobre 2020, passant ainsi de 1,6% à 2,3%, selon les chiffres de Financial Afrik.

En outre, et selon le rapport du Cabinet américain MERCER, Abidjan, la capitale économique ivoirienne, figure au nombre des villes africaines les plus chères au Monde en se classant respectivement à la 5èmeplace en 2019 et à la 6ème place en 2020, sur 42 villes classées devançant ainsi toutes les capitales des pays de la zone UEMOA.

Aujourd’hui, la situation est très alarmante, les populations ivoiriennes vivent une Véritable Crise du Panier de la Ménagère, qui se manifeste par une augmentation continue des prix des denrées alimentaires et des produits de première nécessité (riz, savon, lait, huile…etc.).

A titre d’illustration, le prix du bidon de 25 litres d’une certaine marque d’huile de palme est passé de 20.000 à 24.500fcfa, tandis que celui de 20 litres d’une marque concurrente vendue préalablement à 16 000fcfa se retrouve à 19.500fcfa; le prix de la bouteille de 1,5 Litres d’huile de palme revient à 1.700 fcfa au lieu de 1.450 fcfa, selon les informations communiquées, courant mai 2021 par le Conseil National de Lutte Contre la Vie Chère.

Le prix de la tonne de ciment quant à lui est passé de 65.000 à 90.000fcfaet dans certaines zones rurales, il atteint les 110.000 fcfa à l’Est du pays tandis qu’à l’Ouest, il est de 120.000 fcfa. Comme on peut le constater ces augmentations frôlent presque les 50 % dans certains cas.

Les faibles fluctuations des cours mondiaux de certains produits de base ne peuvent expliquer de telles augmentations. Même les produits vivriers locaux n’échappent pas à ce phénomène (banane, tomate, piment, poisson et les fruits de mer, la viande, les fruits et légume, etc.).

Monsieur le Ministre,

En plus des coûts élevés des produits de grande consommation, d’autres secteurs enregistrent des hausses considérables. En effet, un véritable drame se joue dans le secteur de la Santé.

Les prestations dans les hôpitaux publics sont aussi sujettes à une inflation.

La progression constante des coûts des actes médicaux fait reculer les populations au faible pouvoir d’achat ; en témoigne le prix dissuasif d’une poche de sang à Bondoukou, Agnibilékro, Abengourou et Daoukro, par exemple, où en lieu et place des 3.000fcfad’usage, il faut débourser parfois jusqu’à 10.000 fcfa.

Sans oublier les hausses enregistrées au niveau au titre du transport interurbain dans le District d’Abidjan et à l’intérieur du pays.

C’est dans ce contexte que notre pays, la Côte d’Ivoire, est encore victime, depuis quelques semaines, d’une crise énergétique sans précédent, marquée par des coupures intempestives d’électricité et des pénuries d’eau potable, enfonçant d’avantage nos populations dans la détresse.

Et ce qui en rajoute au mécontentement de nos concitoyens, c’est l’absence de contrôle régulier par les services compétents et l’incapacité manifeste des agents du Ministère du Commerce et de l’Industrie à encadrer les prix de ces biens sur le marché ivoirien et à lutter contre la contrebande des produits prohibés.

En effet, cette flambée exponentielle des prix des produits de première nécessité, tels que les matériaux de construction, le bétail, la volaille ou les produits manufacturés, se fait en dépit des nombreux communiqués émanant du Gouvernement.

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Parfois, dans la même ville, les prix varient d’un commerçant à l’autre, laissant apparaitre une absence de contrôle ou de régulation des prix.

Monsieur le Ministre,

Cette grave situation qui affecte le quotidien de toutes les couches sociales de nos populations, interpelle notre conscience collective et plus particulièrement le Gouvernement dans un contexte de paupérisation généralisée marqué par la pandémie du Covid 19 qui a entrainé un ralentissement de l’économie à 1,8 % en 2020.

Nous ne comprenons pas l’inertie voire l’impuissance du gouvernement à faire face à la situation, sur laquelle il aurait dû anticiper.

L’impact des organes de régulation tels que l’ANARE, l’ARTCI, le Comité de lutte contre la vie Chère, le Conseil National de la Consommation, pour ne citer que ceux-ci, censés protéger le consommateur, n’est pas perceptible sur le terrain.

Au final, nous sommes enclins à penser que le cadre réglementaire de protection du consommateur se montre totalement inefficace.

Les organisations, les associations et les faitières de défense des droits des consommateurs avec lesquelles nous avons eu de nombreux échanges ont exprimé, à juste titre, de fortes inquiétudes sur les conséquences préjudiciables de cette hausse de prix sur la vie et le bien-être des populations les plus fragiles.

Certaines organisations prévoient même des Actions en vue de dénoncer et de protester contre cet état de fait.

Monsieur le Ministre,

C’est donc dans un contexte où les populations les plus vulnérables se sentent exclues de la politique de relance économique du Gouvernement que le groupe parlementaire PDCI-RDA à l’Assemblée nationale vous saurait gré de l’éclairer sur les causes réelles de la flambée des prix des produits de première nécessité sur le marché ivoirien et de lui préciser les causes de la Cherté de la Vie sur l’ensemble du territoire national.

Quelles sont les mesures immédiates prises pour contrer cette hausse des prix ?

Quelles sont les mesures envisagées à court, moyen et long terme, pour mettre fin à cette situation hautement préjudiciable ?

Le groupe parlementaire PDCI-RDA voudrait également être éclairé sur les dispositions que compte prendre le gouvernement pour renforcer les capacités d’anticipation et d’innovation de l’Etat, afin de maitriser l’inflation.

Ce sont là, Monsieur le Ministre, quelques préoccupations d’intérêt national sur lesquelles le groupe parlementaire PDCI-RDA voudrait appeler votre aimable attention.»

Propos retranscrits par Gilles Richard OMAEL