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CPI: Le procureur Luis Moreno Ocampo sur le banc des accusés, l’inquiétude gagne Bensouda… Les preuves du montage du procès de Laurent Gbagbo

CPI: Le procureur Luis Moreno Ocampo sur le banc des accusés, l’inquiétude gagne Bensouda… Les preuves du montage du procès de Laurent Gbagbo (selon Mediapart)
Pendant que le procès de Laurent Gbagbo suit encore son cours à la Cour pénale internationale, une enquête publiée par le site français Mediapart vient à la rescousse à l’ancien président ivoirien et éclabousse Luis Moreno Ocampo, l’ancien procureur réputé incorruptible. Le Journal Afrique de TV5Monde a interrogé Fabrice Arfi, l’un des auteurs de cette enquête.
Conflits d’intérêts, mélange des genres, rémunérations cachées… François Bonnet et Fabrice Arfi ont divulgué les pratiques douteuses de la Cour pénale internationale dans une enquête explosive diffusée par Mediapart. La principale cible visée par cette série, intitulée « Les Secrets de la Cour », conçue en collaboration avec huit autres médias internationaux membres de l’European Investigative Collaborations est l’ancien procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo. L’Argentin, qui avait personnellement soigné son image d’incorruptible au moment où il était à la tête de la Cour entre 2003 et 2012, voit celle-ci sensiblement diminuée.
En l’espace de quelques années, le pourchasseur de Mouammar Kadhafi est devenu « consultant juridique » du milliardaire libyen politisé Hassan Tatanaki, accrochant des casseroles judiciaires et entraînant des sanctions diplomatiques. Luis Moreno Ocampo aurait reçu de juteuses rétributions de la part de certains acteurs politiques libyens. Aux dires de Mediapart, il serait en possession également des comptes et des sociétés dans des paradis fiscaux au Panama ou encore aux îles Vierges et porterait atteinte depuis son départ à la confidentialité des dossiers.
Le nom du procureur est également révélé dans le procès de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo. Le site incrimine la Cour de « montage’ et avoue détenir les preuves. Médiapart expose ainsi dans son article un courriel envoyé à des responsables français du ministère des Affaires étrangères dans lequel il est demandé de faire rester en prison Laurent Gbagbo sur ordre de Luis Moreno-Ocampo (procureur de la CPI à l’époque). Ce courrier a été envoyé le jour de l’arrestation de l’ancien président ivoirien par les hommes d’Alassane Ouattara alors même que la Cour n’avait pas été saisie par la Côte d’Ivoire.
Le courriel stipulait de faire pression pour le garder en prison jusqu’au moment où un pays africain demande son transfert à la CPI. Le journal Afrique de TV5 MONDE recevait ce jeudi 5 octobre 2017 Fabrice Arfi, responsable des enquêtes à Mediapart, qui met en cause la CPI dans le « dossier Gbagbo » : « On voit que la justice internationale, qui se doit d’être indépendante et impartiale, était en quelque sorte l’instrument juridique, le bras armé judiciaire consentant d’une opération qui a des airs de Françafrique ». Les allégations publiées par les médias ont contribué à l’ouverture d’une enquête juridique contre deux membres du bureau du procureur de la Cour pénale internationale. « J’ai rendu compte des allégations concernant deux membres de mon bureau au Mécanisme de contrôle indépendant (MCI) dont dispose la Cour dans son cadre juridique.
Le MCI a indiqué que cette affaire ferait l’objet d’une enquête complète », a déclaré Fatou Bensouda, l’actuel procureur de la CPI, successeur de Luis Moreno Ocampo. L’ouverture de cette enquête est née des « récentes allégations publiées dans les médias quant au comportement répréhensible de l’ancien procureur et de certains membres anciens et actuels du bureau », a-t-elle poursuivi, sans malheureusement préciser la nature de ces allégations « fâcheuses ». « En ma qualité de procureure, l’inquiétude me gagne et je prends ces allégations très au sérieux », a déclaré Fatou Bensouda, tout en appelant à « s’abstenir de toute spéculation » et à « respecter la procédure ». Depuis vendredi dernier, des articles parus dans certains médias pointent du doigt l’ancien procureur de la CPI en s’appuyant « sur 40.000 documents, y compris des courriels privés« . Ils se préoccupent également des «transactions financières privées » de M. Ocampo selon la Cour, qui dit « ne pas être au fait » de cela.
Avec Opera News