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Côte d’Ivoire : «Notre pays et ses populations courent de réels dangers… La solution à la menace des djihadistes» (Koné Kobali)

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Djihadistes FDS VDP

Il y a, dans les usages ordinaires africains,  un réconfortant adage populaire qui dit à peu près ceci : « On ne désigne pas son village avec la main gauche » ! Dans la foulée, il y a un autre qui dit, rieur : « Qui aime bien châtie bien » ! Contrairement à certaines personnes, il n’y a pas dans mes projets, de bénéficier pour des raisons personnelles et égoïstes, d’une nationalité autre. Etrangère ! Celle que je pourrai utiliser pour finaliser les ambitions que je n’ai pas réussi à accomplir dans mon pays d’origine.

Par conséquent, je me condamne à vie aux seules prérogatives d’une et d’une seule nationalité. La nationalité ivoirienne est le projet le plus abouti dont le Père de la Nation nous a dotés. A preuve, elle suscite convoitise et plein de mauvais sentiments. Chez les plus cruels d’entre eux ! Celle que le Président Félix Houphouët-Boigny a patiemment construite en l’enrobant des qualités et des vertus qu’il tenait en haute estime !

Je rappelle à toutes fins utiles que le Père de la Nation Ivoirienne, avant de quitter la scène terrestre, a pris soin d’inoculer dans le corps social ivoirien, le gène de la culture de la première place. Dans tous les domaines de quelque compétition que ce soit. Les héritiers politiques d’Houphouët-Boigny sont légion dans ce pays et les réminiscences relatives à ces 33 années de pouvoir sont vivaces dans nos mémoires. Qui peut me dire pourquoi les parcelles de terrains urbains sont hors de prix dans notre pays ? La spéculation et l’accès libre à l’acquisition en sont la principale raison ! N’importe qui peut s’offrir un terrain en Côte d’Ivoire.

Et pourtant, dans le même espace sous régional, il est impossible à l’Ivoirien de s’acheter le plus petit lopin de terre dans ces pays. C’est qu’ailleurs, la propriété foncière est foncièrement une affaire de nationaux. Chez nous, c’est une affaire du plus offrant. De celui qui a de l’argent pour acheter. Or, celui qui dispose d’une portion de terre peu importe sa superficie, accroit la surface de sa sédentarité dans le pays d’accueil.

Il suffit que l’offre baisse, que les demandes enflent pour que les coûts flambent naturellement ! Relativement aux menaces des djihadistes islamistes rapportées par la DGSE française qui projettent dans un avenir proche ou lointain, de « ré-coloniser » notre territoire, que dois-je faire si ce n’est de chercher à comprendre et à dépouiller l’anachronisme de leur ambition ?

Si l’information balancée par RFI, la semaine dernière (03-02-21) est confirmée, il va sans dire que notre pays et ses populations courent de réels dangers. Une pléiade de dangers qui se résume par une question de survies institutionnelles essentiellement. Mais pourquoi notre hospitalier et beau pays figure-t-il sur les tablettes de luxe de ces penseurs djihadistes ? Commençons par le commencement : Après la disparition du Père de la Nation en décembre 1993, la boîte de pandore s’est ouverte. Le coup d’Etat du 24 décembre 1999 comme l’acte d’un Hérault, a ouvert les hostilités. En septembre 2002, vint, dans la foulée, la rébellion de Soro et ses comparses. Entre-temps, le milicien Amadé Ourémi de son vrai nom, Amadé Wirmi régnait en seigneur de guerre sur le mont Péko. Il fut cueilli par les hommes de Losséni Fofana dit Loss, le 18 mai 2013. Le 13 Mars 2016 à Bassam, un groupe de terroristes fait des victimes. Le 06 Août 2020, une troisième candidature pourtant interdite, fut présentée aux Ivoiriens malgré la clarté aveuglante de l’article 55 de notre Constitution nationale.

L’opposition protégée par le peuple décide de pratiquer la désobéissance civile. Résultat des courses, le candidat au troisième mandat fut élu avec moins de 10% du corps électif national selon une frange de la population et une certaine opinion. Au regard de ce palmarès malheureux, notre pays, depuis 1999, est une terre où toutes les formes de terreurs se côtoient et prospèrent dans une ambiance indescriptible. Terreur de la soldatesque. Terreur civile. Terreur constitutionnelle. Terreur politique.

Aujourd’hui, nous avons dans les tuyaux, la menace de la terreur islamiste. Vous vous en doutez bien, ces formes de terreurs qui se relaient et s’amoncellent dans le seul paysage ivoirien autrefois paisible et l’objet d’exemplarité, ne suffisent pas pour être un appât de premier choix pour les « prédateurs » de tous poils. La Côte d’Ivoire, notre pays qui avait pour organe de la vue la PAIX, est contrainte de vivre dans un contexte social qui lui est étranger. Aucune initiative vouée à la réconciliation vraie des fils et des filles, ne pointe fièrement à l’horizon avec des oliviers à la main. Les partis politiques nouent et dénouent des alliances au gré de leurs intérêts du moment. Le peuple se cherche un leader pour une nouvelle voie.

La nation déjà affaiblie est tiraillée dans tous les sens. Le consensus autour des grandes causes nationales est relégué durablement au rang des chimères inatteignables. La Côte d’Ivoire est comme une bête qui saigne. Comme un grand mammifère dont le boyau lui pend sur les deux flans. Il n’en peut plus. Il est à la merci du premier prédateur. Peu importe sa réputation dans la jungle. Notre pays est comme une jungle en friche sans maître. Chacun y vient de partout pour y prélever essences ligneuses et autres gibiers pour satisfaire son régime alimentaire. Notre pays est régi par des monopoles détenus par des personnes étrangères au détriment des petites gens du pays. Ces personnes y pratiquent un monopole radical exclusif. Ils règnent sans partage sur ces monopoles (bois-thon-tôle-ciment, etc.) comme sur des cartels. Notre pays se cartellise. A l’extérieur, notre pays ne donne pas l’image d’une République Unie.

La Côte d’Ivoire, notre pays, avec les crises multiformes qui la traversent de part en part, selon un ordre maléfique, alimente les rêves de « prédations » les plus fous de nos ennemis les plus radicaux. La stratégie de conquête des djihadistes est simple : Laisser le temps aux pays qui se délitent, le temps d’une décomposition maximale pour le cueillir au bon moment. Le fait est que le tableau de bord de la nation ivoirienne donne à voir trop de crises. Crise sociologique. La vie politique est plus que divisée. Les acteurs fourbissent des plans. Là où il fallait un seul peuple, nous totalisons plusieurs entités disparates. Notre pays, tous acteurs confondus, semble travailler dans la perspective des annonces de la nature de celles que la DGSE a mises en lumière.

Cette information qui met en garde contre les intentions des idéologues islamistes à l’égard de notre pays, y a déjà laissé derrière-elle, un impact psychologique qui va ronger et rogner sur le potentiel (résiduel) bien-être moral et mental des Ivoiriens. La bataille annoncée a bien commencé ! Le fait que notre pays apparaisse sous le regard (lointain) des autres comme le berceau des crises qui favorisent la réalisation impérialiste de leurs projets, en rajoute à la précarité politique dans laquelle nous baignons dangereusement. La crise économique qui se traduit par une paupérisation drapée de noir, contribue à affaiblir l’état du corps social dans sa globalité.

Quant à la crise des valeurs, nos rangs dans les registres de l’éducation nationale et de la corruption, donnent à moudre à ceux qui scrutent nos faits et gestes. Nos moments d’extrême faiblesse pour passer à l’action. Ceux qui veulent attenter à notre pays l’observent et le suivent comme le dragon de Komodo qui a mordu de son venin mortel, un buffle ! Souffreteux et sous le poids conjugué des crises, notre pays ressemble à un Etat incurvé avec des eaux usées dans sa concavité, source potentielle de toutes les pathologies agressives.

Les parasites et autres bestioles en font un nid duquel ils pourraient assouvir leurs obscurs desseins. La meilleure réaction qu’il faut adresser à ces oiseaux de mauvais augure, c’est la préparation ici et maintenant dans des conditions exclusives de notre Dialogue National. Donnons aux djihadistes les gages d’une nation unie qui cherche à expier et à se repentir de ces moments de faiblesses, de ses moments d’égarement national. La solution à la menace des djihadistes passe par une réplique politique qui aura la convergence de tous les  fils et filles de notre pays. Notre belle nation, dans un avenir immédiat, doit se distinguer par une opinion publique forte et unie dans un seul et même combat, celui de la préservation de ses prérogatives d’un Etat fier et solide sur ses bases. Dans l’échelle des alertes rouges, nous sommes avec la COVID-19 en Etat d’urgence, passons au degré supérieur en déclarant l’Etat d’extrême urgence. Pour gagner contre le djihadisme, reconnaissons que nous avons tous fauté. Et que pour redresser ce pays dont la fierté est aujourd’hui incurvée, on aura besoin de toutes les intelligences et de tous les bras valides que compte notre pays. Ce n’est donc pas un parti politique ou un homme fût-il le plus fort de tous, qui va remblayer le fossé qui a été creusé durant toutes ces années et vers lequel nous courons. Maintenant que la menace est là avec ses chuchotements à voix basse, il s’agit de fédérer toutes nos qualités afin de repousser le plus loin possible ce projet et tout ce qu’il évoque et incarne de cauchemardesque. Car l’ennemi qui nous observe depuis sa table de travail, procède au cumul d’un certain nombre de -critères faibles- qui mettent notre pays sur la liste des pays en phase de maturité. C’est à nous de relever ce défi. Impossible n’est pas ivoirien !

Par KONE KOBALI, Libre auteur, créateur

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