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Hommage du PDCI-RDA à Bernard B. Dadié: Guikahué dévoile l’homme politique et le combattant pour la liberté du peuple noir…(Oraison)

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Hommage du PDCI-RDA à Bernard B. Dadié: Guikahué dévoile l’homme politique et le combattant pour la liberté du peuple noir…(Oraison)

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Excellence Monsieur Henri KONAN BEDIE, Président du PDCI-RDA
Mesdames et Messieurs les Vice-présidents,
Mesdames et Messieurs les Membres du Secrétariat Exécutif
Distingués membres des Instances du Parti
Honorables membres du Comité des Sages
Chères Sœurs, Chères Frères
Militantes, Militants
Mesdames et Messieurs
Le 26 juillet 2017, je me tenais devant vous, dans ce siège, pour vous annoncer, au nom de SEM Henri KONAN BEDIE, Président du PDCI-RDA, que l’effroyable vent avait murmuré, le soleil s’était caché et que les oiseaux s’étaient tus. La voix porteuse de la nouvelle nous faisant orphelins pour la nième fois. Un rejeton de Gabriel DADIE, Madame Hortense AKA ANGHUI venait de s’en retourner auprès du créateur.
Cette mort cruelle et impitoyable qui enlève un à un nos devanciers vient encore de faucher un autre DADIE, Bernard Binlin, l’un des combattants intrépides des libertés et de la promotion du PDCI et surtout du RDA, pendant les heures de braise.

Mesdames et Messieurs
Après quelques répits, la mort vient de frapper dans nos rangs et nous voici rassemblées au Siège du Parti pour honorer la mémoire d’un anticolonialiste hors pair.
Vous devinez aisément que l’émotion m’étreint, au moment où je prends la parole au nom du Président du Parti, SEM Henri KONAN BEDIE, pour parler de Bernard B. DADIE, le père de Climbié.
Le hasard n’existe pas. Début avril 2019, célébration des 73 ans du PDCI-RDA, conférence du Pr Fréderic GRAH MEL sur le thème « Le PDCI-RDA, Hier, Aujourd’hui et Toujours » et hommage au Doyen Bernard DADIE. Même espace, cérémonies différentes mais un lien commun, le PDCI-RDA.
En effet, quand SEM Henri KONAN BEDIE, Président du PDCI-RDA, nous a instruit à l’effet de rendre un hommage à Bernard B. DADIE, et exigé que la dépouille du Président du CNRD, groupement politique opposé au RHDP, dans lequel son Parti, le PDCI-RDA militait farouchement, beaucoup se sont interrogés.
Au moment où je prends la parole pour honorer la mémoire de cet illustre homme de Lettres que fut Bernard B. DADIE, je me sens encore plus ému parce cet illustre homme aura marqué de son talent d’écrivain l’histoire politique de notre parti, le PDCI RDA, à l’instar de son père Gabriel DADIE, qui mit le pied de Félix Houphouët Boigny, à l’étrier.
En cet instant solennel qu’il me soit permis de saluer la présence remarquée du Président du Parti qui a vivement recommandé qu’on rendît un vibrant hommage à ce grand militant.
Je tiens à saluer toutes les composantes de cette famille emblématique, l’une des figures de proue de la lutte anticoloniale et pour l’émancipation des peuples noirs.
Je voudrais saluer et remercier tous les militants et militantes de notre parti ainsi que les amies et connaissances de la famille DADIE et présenter les condoléances les plus émues du PDCI-RDA.
Enfin, je voudrais adresser toute la reconnaissance du Président du PDCI-RDA à tous les cercles intellectuels qui ont effectué le déplacement en ce lieu, au moment où Bernard DADIE, l’un des témoins privilégiés de la lutte par ses écrits acidulés contre toutes les injustices sociales parce qu’il se voulait comme une des consciences critiques de son temps, quitte le monde des vivants.

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Aussi suis -je particulièrement heureux cet après-midi de m’associer aux hommages à l’un des dignes fils du continent qui s’est particulièrement illustré dans le domaine des Arts et Lettres.
C’est à tort que l’on dissocie l’œuvre de l’esprit et les autres activités de l’homme dans nos sociétés assujetties aux servitudes matérielles.
Bernard DADIE, celui que nous célébrons aujourd’hui appartient, à une race d’hommes que le PDI-RDA sut produire, au fil de la lutte anticoloniale et dont la tâche fut de réveiller la conscience de ses contemporains ; en un mot d’être la mauvaise conscience de ses congénères.
Nous avons vu que le Président du PDCI-RDA, homme de vision est imprégné de l’histoire du PDCI-RDA et a eu raison.
En parcourant la vie de Bernard BADIE, on découvre la constance de la lame de fond de la ligne idéologique et politique du PDCI-RDA : la liberté, la paix et une opposition farouche à la violence d’où qu’elle vienne et quelqu’en soit la raison.
Sa prise de position lors des événements de 2002, a été la traduction du comportement d’un idéologue, dogmatique, pur et dur, radical au moment où la Direction de son Parti qui gère au quotidien, la vie des militants, s’adaptait aux réalités du moment.
Oui, Bernard Belin DADIE a défendu la liberté comme en 1949. Il est resté PDCI et surtout RDA.

La préparation de cette oraison m’a fait découvrir, que le Doyen DADIE, malgré sa riche carrière politique, chef de cabinet du Ministre de l’Education Nationale, Directeur des Affaires culturelles, Inspecteur Général des Arts et Lettres, Ministre de la Culture et de l’information de 1977 à 1986, est resté dans le combat politique des années 50.
En effet, né le 10 janvier 1916, donc centenaire, Bernard DADIE, a 30 ans et travaille après ses études à l’Ecole Normale William Ponty de Gorée, depuis bientôt 9 ans, à l’Institut Fondamental d’Afrique Noire(IFAN) quand sont créés, le 9 avril 1946, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire et le 18 octobre 1946, le Rassemblement Démocratique Africain(RDA) dont le PDCI sera une section.

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Il faut noter qu’il a été élevé dans un milieu hautement politique par son père naturalisé français. Son père, absent, raison de service militaire, le confie à son frère aîné, à Bingerville et le reprendra plus tard après sa démobilisation en 1922. Son père Gabriel DADIE, fut tout à tour et à la fois Auxiliaire de l’administration, Homme d’affaires, Syndicaliste et Homme politique. Il fut compagnon de lutte de Félix HOUPHOUËT-BOIGNY. Cette période de lutte contre les inégalités, les injustices et la soif de liberté bercera son enfance et son adolescence.
En 1947, il retourne en Côte d’Ivoire et milite au sein du RDA. Les troubles de février 1949 le conduisent en prison pour seize mois, de 1949 à 1952. Les anciens se souviennent du pamphlet, le corbillard de la Liberté publié au moment des faits. En prison, il tient un journal qui ne sera publié qu’en 1981, les Carnets de prison.
Bernard DADIE fut le plus prestigieux de nos auteurs. Il fut d’ailleurs un écrivain précoce car il produisit sa première œuvre à l’âge de 17 ans à l’EPS de Bingerville en 1933 et peu d’écrivains peuvent se prévaloir de son talent littéraire.
C’est lui qui donna ses lettres de créances à toute la littérature ivoirienne à travers tous les genres littéraires.
On peut citer pèle mêle:

  • Le théâtre : Béatrice du Congo, les voix dans le vent, Monsieur ‘Thogo gnigni.
  • La poésie : Afrique Debout, la ronde des jours, Hommes de tous les continents
  • Le roman : Climbié, Patron de New York, La ville où nulle ne meurt, Un Nègre à Paris.
    Il excelle dans le conte et la légende et publie successivement : Légendes Africaines, Le pagne noir, Les belles histoires de Kacou Ananzé, l’araignée.
    Notre admiration pour DADIE réside dans sa fortune littéraire parce qu’il fut l’une des figures emblématiques de la Négritude à l’instar d’Aimé Césaire et de Léopold SEDAR SENGHOR
    Cet immense écrivain fut un observateur lucide de notre histoire commune et récente. Du fait de son intense activité militante quand Dadié regagna notre pays en 1947, il fut nommé immédiatement comme membre du Comité Directeur et responsable de la Presse du Parti Démocratique de Cote d’Ivoire PDCI, la section locale du RDA.
    Fustigeant le pouvoir colonial, DADIE tourne en dérision les mesures politiques prises en 1946 par l’Assemblée Constituante française, il se montre très critique à l’égard du régime colonial, condamne l’arbitraire, l’injustice et les exactions de toutes sortes qui le caractérisent.
    Afin de freiner cet élan critique, l’Administration coloniale prend prétexte d’une rixe entre les partis sous contrôle de l’Administration et ceux du PDCI pour décapiter le 6 février1949, les principaux membres du Comité directeur au nombre desquels figurait Bernard DADIE.
    Pendant les seize mois de détention, Bernard DADIE se fit plus incisif, dans ses œuvres et surtout dans ses articles produits sous le pseudonyme de Charles Etcheverry.
    Il publia tour à tour des essais qui paraissaient dans le Journal : le Réveil, sous les titres suivants: « oui, je le sais » ou encore » Le corbillard de la Liberté », « Nous saisirons les bellecistes au collet », la vie n’est pas un rêve ».
    Au cours de cette période de lutte, l’objectif de DADIE dans ses œuvres était d’exhorter ses camarades à la lutte, à ne pas baisser les bras en dépit de la rigueur de la répression.
    Parce que DADIE était persuadé que la voie de la liberté passe inexorablement par le combat contre tous ceux qui ne connaissent que le langage de la force, ceux qu’il appelle les bellicistes, comme l’indique cet extrait : »
    Qu’attendez-vous pour dire votre mot
    A la face des monstres
    Qui chargent les canons
    Avec les enfants du peuple ?
    Pour sûr nous saisirons les bellecistes par le collet
    L’azur est encore gris des incendies d’hier.
    Nous saisissons l’occasion qui nous est offerte pour remercier au nom du Président Henri KONAN BEDIE, tous les hommes de lettres, de culture et la Nation toute entière pour tous les hommages qui lui ont été déjà rendus à travers des manifestations grandioses et diversifiées.
    Cette cérémonie d’hommage à Bernard B, DADIE est un message à la jeune génération. Ce que nous voyons et vivons en ce moment a déjà été vu et vécu par les militants du PDCI-RDA. Les harcèlements, les chantages, les révocations des poses administratives, le PDCI-RDA les a déjà expérimentés. Mais la ténacité de nos devanciers, leur conviction et leur hargne de vaincre leur ont procuré la victoire que tous les Ivoiriens ont savourée.
    Jeunes d’aujourd’hui et devanciers de demain, soyons fiers de mener la lutte. Merci Monsieur le Président.

Je vous remercie mon Dieu de m’avoir créé Noir
Le blanc est une couleur de circonstance
Le noir, la couleur de tous les jours
Et je porte le Monde depuis l’aube des temps
Et mon rire sur le Monde, dans la nuit, crée le Jour .
PARS EN PAIX, DERNIER SURVIVANT DES PRISONNIERS POLITIQUES DE GRAND- BASSAM !!!!!!

ADIEU DOYEN, ADIEU.

Fait à Abidjan, le 11 avril 2019

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Pr. Maurice KAKOU GUIKAHUE
Secrétaire Exécutif du PDCI-RDA

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