Antoni Garou maire Ouragahio

Antoni Garou (député-maire de Ouragahio): «Ouattara a en face de lui une opposition loyale»

Au cours de la visite de Laurent Gbagbo à son frère aîné Henri Konan Bédié, les 10 et 11 juillet derniers, africanewsquick.net s’est entretenu avec Antoni Garou, député-maire de Ouragahio, à Daoukro. Il lance un cri du cœur pour la réconciliation nationale.

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Vous participez à la visite du président Laurent Gbagbo à son ainé le président Henri Konan Bédié. Quelles sont vos impressions sur cette visite?

Je me réjouis d’être à Daoukro à l’occasion de cette visite de la reconnaissance et de la réconciliation à travers deux grandes personnalités de notre pays, à savoir les anciens présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo. Que les Ivoiriens se retrouvent, c’est ce que nous voulons. Et quand cela commence par les plus illustres, cela peut impacter positivement la société ivoirienne. Je suis donc très heureux et fier de participer à ce voyage de la réconciliation et de la fraternité.  Cette rencontre de ces grandes personnalités rassemble une très grande partie de la Côte d’Ivoire. Je souscris entièrement à cette rencontre.

En tant que député-maire de Ouragahio, quel message lancez-vous aux populations de cette localité qui, sans doute, aspire aussi à la paix?

L’appel que je lance aux populations de Ouragahio et par ricochet à toute la population ivoirienne, c’est de s’inscrire dans la dynamique de la paix et de la réconciliation que nos leaders ont commencé à tracer. La Côte d’Ivoire nous appelle, nous devons répondre favorablement à cet appel. A Ouragahio nous n’avons pas de problème. Nous suivons la vision que notre leader, le président Laurent Gbagbo, a toujours tracée pour nous. Le président Laurent Gbagbo est un homme de paix, c’est un homme de réconciliation, c’est un homme qui est sans haine, sans rancune. Pendant 30 ans il a été dans l’opposition. On connaît son parcours. Il a affirmé certaines choses dans l’opposition mais quand il est devenu président de la République, il a gouverné avec tout le monde.

Comment appréhendez-vous le discours qu’il a fait à Daoukro? Que pouvez-vous en faire?

Je voudrais dire que le président Laurent Gbagbo nous met en mission à travers ce discours. Cette mission est laquelle? Il s’agit d’une mission de réconciliation et de paix que nous devons prôner autour de nous. La réconciliation peut partir de Ouragahio à travers le président Laurent Gbagbo et nous allons accompagner ce mouvement de réconciliation et de paix. C’est très important. Je pense que toutes les actions qui vont être initiées par les présidents Bédié et Gbagbo, nous serons présents pour accompagner ces mouvements-là. Mais je voulais dire qu’il faut qu’on aille au-delà de ces deux personnalités. La Côte d’Ivoire toute entière doit se trouver. Ces deux personnalités ont tracé les sillons. Le président Alassane Ouattara doit aussi rentrer dans ce mouvement! Il faut que pour une fois, on solde les comptes des conflits que nous avons connus dans notre pays depuis 1999. Et l’ultime manière de solder ces comptes, c’est la libération de tous les prisonniers politiques et militaires qui sont encore en prison. Il n’est pas dans l’intérêt de qui que ce soit, qu’on ait encore des prisonniers politiques et militaires dans notre pays. Ce n’est pas bon pour l’image de notre pays. La Côte d’Ivoire a été connue comme un pays de paix. C’est à travers la paix que le monde entier nous a connus. C’est pour cela que toutes les nationalités à la recherche de la paix viennent dans notre pays. Nous devons continuer dans cette dynamique tracée par le président Félix Houphouët-Boigny. C’est très important. Je voudrais donc lancer un appel au président Ouattara qu’il aide à réussir cette réconciliation. Il a commencé mais ce n’est pas encore suffisant. Ses frères sont là, il faut que les trois se retrouvent. Laurent Gbagbo l’a fait hier, le président Bédié l’a fait hier à son retour. Vous savez, dans un pays c’est l’opposition qui fait la paix. Alassane Ouattara a en face de lui une opposition loyale qui respecte la loi de son pays. Une opposition loyale, c’est une opposition qui ne cherche des moyens détournés pour accéder au pouvoir. Et il a la chance d’avoir en face de lui une opposition loyale. C’est pour cela qu’il y a une paix relative en Côte d’Ivoire. Mais quand une opposition n’est pas loyale et qu’elle cherche des moyens détournés pour accéder au pouvoir, il n’y aura jamais la paix. Le président Bédié a connu cette opposition déloyale. Le président Gbagbo a aussi connu cette opposition déloyale. Le président Ouattara qui a en face de lui une opposition loyale doit pouvoir comprendre cela et libérer les prisonniers politiques et militaires pour redorer le blason pour l’image de marque de la Côte d’Ivoire. La paix est la marque déposée de la Côte d’Ivoire. Nous sommes fiers quand on dit que la Côte d’Ivoire c’est le pays de la paix.

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Vous êtes aussi maire de la commune de Ouragahio, donc un agent de développement. Vous avez sans doute fait des promesses, pendant la campagne. A quel niveau de réalisation êtes-vous aujourd’hui vis-à-vis des promesses que vous avez faites?

Ouragahio est une petite commune par la taille mais une grande commune par sa réputation. Et cette réputation, on l’a acquise grâce au président Laurent Gbagbo. Mais je le disais tantôt Ouragahio est une petite commune du point de vue des moyens. Notre budget ne dépasse guère les 300 millions F Cfa. Avec un tel budget vous conviendrez avec moi qu’on ne peut pas faire de grande chose. Il n’y a pas d’usine, pas de grands commerces, pas de banque. Mais allez-y voir à Ouragahio pour voir ce qu’on est en train d’y faire. Je ne dis pas qu’on a tout fait, mais nous utilisons notre carnet d’adresses. Nos amis sur le plan interne, externe et même le pouvoir en place. Parce qu’on a des amis partout. Allez-y voir et vous comprendrez que depuis deux ans Ouragahio a pris l’allure d’une véritable ville. Nous nous battons pour que Ouragahio aille de l’avant. Le président Laurent Gbagbo vient d’arriver. Je l’ai rencontré et je lui ai dit qu’il est le premier adjoint au maire, parce que c’est qui suis son maire. Il va donc jouer sa partition et nous allons profiter de son carnet d’adresse pour qu’on marque de notre empreinte l’histoire de Ouragahio. Aujourd’hui on a un château d’eau, un lycée en construction, des rues qui sont bitumées. On a aussi d’autres projets. On aura bientôt la cité de la diaspora, le complexe sportif de proximité que nous avons acquis auprès de l’Etat de Côte d’Ivoire. Je voudrais remercier le ministre Danho Paulin qui m’accompagne beaucoup dans mes projets. Nous sommes en train de travailler. Je vais dire une chose, quand je vais vers les membres du gouvernement, ils ne me disent pas que je suis un opposant ou que c’est à Ouragahio! Ils m’ouvrent tous leurs portes. Même les ex-premiers ministres Amadou Gon Coulibaly et Hamed Bakayoko m’ont toujours ouvert la porte. Quand j’arrivai chez eux, ils me disaient ‘’’ah c’est chez notre frère Laurent Gbagbo’’ et ils m’ouvrent des portes. Certains disent que je suis Rdr. Je dis non! J’ai occupé de hautes fonctions dans ce pays et j’ai fait des choses pour les autres. Aujourd’hui c’est le retour de l’ascenseur. Quand on est opposant cela ne veut pas dire qu’on doit avoir le couteau entre les dents! Si vous ne parlez pas avec les membres du gouvernement, ce sont eux qui ont la signature! On est d’accord qu’on ne partage pas les mêmes idéologies politiques, mais nous ne sommes des ennemis. C’est pourquoi je dis qu’il faut être un opposant loyal, c’est-à-dire celui qui respecte les lois et les dirigeants de son pays. Je suis aussi député et à ce niveau-là je porte la voix de mes compatriotes, parce qu’élu à Ouragahio je reste un député de la nation. Je vais me battre pour porter fièrement ce nom de député. N’oubliez pas que j’occupe la place que le président Laurent Gbagbo avait déjà occupée au parlement! Donc je ne peux pas faillir. Je suis de la commission des affaires économiques et financières, je vais jouer ma partition comme tous mes autres collègues de la commission. Nous allons voter des lois qui sont utiles pour la Côte d’Ivoire. Nous sommes en minorité là-bas, mais on peut être dans l’opposition et avoir de bonnes intelligences pour la Côte d’Ivoire. Il faut que nos frères du Rhdp sachent écouter aussi les idées que nous émettons là-bas, les positions que nous prenons.  Nous avons aussi de très bonnes idées pour construire la Côte d’Ivoire. Qu’ils nous écoutent! Peu importe notre obédience politique, lorsque nous devons voter des lois nous devons penser à nos populations. Dès l’instant que tu es élu député, tu te détaches de ton parti politique, pour n’être plus qu’un député de la nation, pour servir ta nation.

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Voyez-vous, Ouragahio n’a qu’un seul député pour 300 mille habitants, quatre sous-préfectures. Le député doit encadrer la population. Est-ce qu’un seul député peut encadrer quatre sous-préfectures? Je plaide donc auprès du gouvernement pour nous aider à avoir d’autres députés. Même si ce n’est pas dans les quatre sous-préfectures, Bayota qui est un centre commercial important, devrait avoir au moins un député. Je compte faire des démarches dans ce sens auprès du gouvernement. Ouragahio a une grande population; il nous faut aujourd’hui un département. Le département c’est un instrument qui accompagne la décentralisation. Ce n’est pas une affaire de mode. Il faut surtout que l’Etat donne des moyens aux entités décentralisées que sont les Districts, les régions et les communes. On gouverne aujourd’hui par la décentralisation dans le monde entier. Mais en Côte d’Ivoire la décentralisation n’est pas suffisamment financée par l’Etat. Pendant que les régions et les communes ne sont pas suffisamment financées, on crée encore des Districts. Je crois que ce sont des choses pour lesquelles les députés doivent plaider pour que les communes et les régions soient suffisamment financées. Il faut que le président de la République reçoive au moins dans l’année les maires, pour que ceux-ci posent directement leurs problèmes.

Entretien réalisé par Gilles Richard OMAEL, à Daoukro