Claude dasse

Affaire ‘’Claude Dassé’’ : Les journalistes d’investigation interpellent les ministres Vagondo Diomandé, Hamed Bakayoko et Sidi Touré

Affaire ‘’Claude Dassé’’ : Les journalistes d’investigation interpellent les ministres Vagondo Diomandé, Hamed Bakayoko et Sidi Touré

 

L’Organisation national des journalistes d’investigation de Côte d’Ivoire (ONJI-CI) a appris avec regret et d’indignation, que des agents de la garde pénitentiaire de la Maison d’arrête et de correction d’Abidjan (MACA) se sont rendus coupables de séquestration, violence, coups et intimidation sur le journaliste, Grand-Reporter du quotidien ivoirien, L’Intelligent d’Abidjan, Claude Dassé. Déclaration de l’ONJI-CI.

 

Déclaration de l’ONJI-CI relative à la libération de la haine contre le journaliste Grand-Reporter de l’IA, Claude Dassé

 

Les faits

L’Organisation national des journalistes d’investigation de Côte d’Ivoire (ONJI-CI) a appris avec regret et d’indignation, que des agents de la garde pénitentiaire de la Maison d’arrête et de correction d’Abidjan (MACA) se sont rendus coupables de séquestration, violence, coups et intimidation sur le journaliste, Grand-Reporter du quotidien ivoirien, L’Intelligent d’Abidjan, Claude Dassé dans le cadre d’une enquête, le mercredi 6 mai 2020 dans la commune de Yopougon. Nous vous proposons l’intégralité du récit du journaliste paru dans son journal ce jour, mai.

« Selon des informations recueillies à la suite de plusieurs jours d’enquêtes, les 7533 pensionnaires (à la date du mercredi 29 avril 2020) sont illégalement et régulièrement soumis à des taxes sonnantes et trébuchantes, dont le cerveau et bénéficiaire a été identifié comme étant Koné Kassoum dit ‘’La Machine’’, un agent d’encadrement craint au sein de la prison, et réputé avoir le soutien de ses supérieurs hiérarchiques.

Dans la matinée du vendredi 1er mai 2020, nous avons appelé Koné Kassoum dit ‘’La Machine’’. Quand nous lui avons exposé les raisons de notre coup de fil, il a réagi par des menaces : « Qui t’as donné mon numéro hein. Si jamais tu veux fourrer ton nez dans nos affaires, tu vas voir avec moi. D’ailleurs, je dis qui t’a donné mon numéro et puis tu me déranges … ».

Le lundi 4 mai 2020, nous entrons en contact avec Hincleban Koné, le Régisseur de la MACA. Nous l’informons des menaces dont nous avons été l’objet de la part de son collaborateur, avant de lui soumettre les résultats de nos investigations, au terme de nos échanges téléphoniques.

L’homme s’excuse de l’attitude du chef des gardiens de prison, puis demande de lui envoyer notre préoccupation pour réaction, rassure-t-il, en nous faisant parvenir son adresse électronique sur laquelle, nous envoyons le message ci-dessous :

« Bonjour Monsieur HINCLEBAN KONÉ , Régisseur de la MACA ;

Comme annoncé lors de nos échanges téléphoniques de ce lundi 4 mai 2020, à 14H 02 mn, nous menons une enquête au sein de la MACA, structure dont vous avez la charge et celle-ci révèle que depuis fin janvier 2020 :  avec votre soutien et celui du Directeur de l’Administration pénitentiaire, Koné Kassoum dit ‘’La Machine’’, Agent d’encadrement prélève la somme de (dix mille) par semaine, précisément tous les lundis, aux différents chefs de chambres

Bâtiment A constitué de 68 chambres,

Bâtiment B constitué de 68 chambres

Bâtiment C : 45 chambres, pour 1544 prisonniers

Le bâtiment des Assimilés de 22 chambres

En plus, tous les détenus détenteurs de frigo pour la conservation de leurs aliments doivent payer la somme de 5000 par semaine, soit 20000 FCFA dans le mois

Pour loger au Bâtiment des Assimilés, il faut débourser la somme de 100 mille francs

Pour être autorisé à pratiquer le sport,  les détenus sont priés de débourser la somme de 3000 Francs

Lors de nos échanges, vous avez dit vouloir vérifier les faits pour me revenir. Tout en espérant vivement votre réaction, je vous prie de recevoir mes sincères salutations.

Claude Dassé, journaliste professionnel, responsable du département Grand GENRE de L’Intelligent d’Abidjan

NB : Je vous signale que j’ai joint au téléphone le vendredi dernier, votre collaborateur Koné Kasoum, la principale personne citée dans l’affaire. Il a choisi de proférer des menaces ».

En retour, le régisseur de la Maca a répondu, par mail: «Ok, reçu. Merci, je vous reviens ».

Quelques instants après, Koné Kassoum dit ‘’La Machine’’ nous joint au téléphone, au nom de son ‘’patron’’, pour s’excuser pour son comportement et solliciter une rencontre le même jour lundi 4 mai 2020, ou le lendemain mardi 5 mai 2020, ‘’pour répondre à toutes les questions’’.

Le rendez-vous est pris finalement pour le mercredi 6 mai 2020, à 11H, devant l’entrée de la MACA. Le Régisseur de la MACA est aussitôt informé de la rencontre par nos soins : « Malheureusement, je ne serai pas là parce que je vais au Plateau pour une réunion. Dès que vous finissez avec lui (Koné Kassoum : Ndlr), appelez-moi », rassure monsieur Koné , Régisseur de la MACA.

À notre arrivée sur les lieux du rendez-vous, point de Koné Kasoum qui se présente à nous une heure après. Dès que nous abordons le sujet, il se met dans tous ses états, puis arrache notre téléphone portable.

En compagnie de ses hommes, ils me portent de violents coups  au niveau de l’abdomen. Ensuite, toujours avec ses hommes dont Démbélé dit ‘’Le Chinois Black’’,  ils me prennent par la ceinture pour me conduire avec brutalité sous l’une des bâches à l’entrée de la prison devant un public amusé.

C’est alors le début d’un calvaire moral , d’une torture psychologique et d’une tentative d’intimidation avec injures durant près de trois heures.

« Tu as la chance, mes supérieurs ont demandé de te libérer, tiens ton portable. Sinon on allait t’allumer (recevoir des tirs : Ndlr) et il n’y aura rien parce que tu es venu nous provoquer. Tu es un espion…imbécile… », a Koné Kasoum en mettant  fin à la séquestration du journaliste.

 

Notre position

Au regard de cet acte barbare, injustifiable et punissable, l’ONJI-CI tient à exprimer son regret, son indignation et sa désapprobation sans réserve devant mépris et la haine du métier de journaliste par cet agent de l’administration pénitentiaire de la Côte d’Ivoire.

Par voie de conséquence, l’ONJI-CI dénonce et condamne de façon ferme et très clairement, l’agression du confrère Claude Dassé empêché dans la libre recherche des faits.

L’ONJI-CI, tient à dénoncer l’attitude méprisante et humiliante de l’agent pénitentiaire à l’égard du journaliste.

La vidéo d’une partie de l’évènement détenue par les services du ministère mette en lumière notre position.

En revanche, fort de cet indice nous invitons le procureur de la République, Adou Richard, de s’autosaisir de cette affaire comme il l’a fait contre plusieurs  journalistes ces derniers mois.

En effet, le 3 mars 2020, les journalistes Yacouba Gbané et Barthélémy Téhin du quotidien Le Temps, journal proche de l’ancien président et opposant Laurent Gbagbo, ont été reconnus coupables de ‘’flagrant délit de diffamation’’ dans une procédure de flagrant délit et condamnés le 4 mars à verser 5 millions de FCFA d’amende (7622 euros). Le 25 mars 2020, deux journalistes Cissé Sindou et Marc Dossa, du quotidien Générations Nouvelles réputé proche de l’opposant Guillaume Soro, ont été condamnés à 5 millions FCFA d’amende (7622 euros) chacun pour ‘’diffusion de fausses nouvelles”.

Le mardi 31 mars 2020, ce fut au tour de Vamara Coulibaly, directeur de publication du journal indépendant, Soir Info, et Paul Koffi, directeur de publication du Nouveau Réveil, journal proche de l’opposition, ont été condamnés à payer une amende de 2,5 millions FCFA (3812 euros) chacun pour ‘’diffusion de fausses nouvelles’’.

L’Organisation nationale des journalistes d’investigation de Côte d’Ivoire s’insurge contre l’impunité dont bénéficient les forces de l’ordre et les forces paramilitaires. Ce qui les encourage à persister dans la violence contre les journalistes et professionnels des médias dans l’exercice de leurs métiers.

 

En conséquence de tout ce qui précède,

l’ONJI-CI exprime son soutien au confrère agressé, brutalisé et humilié, ainsi qu’à sa rédaction, les organisations professionnelles des médias, à ses parents et à ses proches

Salue le courage, la détermination, la résilience et le professionnalisme du confrère Claude Dassé, lui renouvelle son soutien et le rassure quant à son entière solidarité dans la suite qu’il voudra bien donner à cette affaire.

Rappelle aux forces de l’ordre et de sécurité, et aux corps paramilitaire que le journaliste n’est pas un espion, mais a pour rôle d’aller sur le terrain pour collecter les informations, les traiter, puis de les publier.

Il n’est donc pas un vulgaire bandit à qui, ils peuvent tenir des propos discourtois, empreints de mépris, le prendre par la taille, le trimballer, l’humilier et le menacer de mort.

Encourage le Chef de l’État, le Président Alassane Ouattara, à faire en sorte que sa volonté de ‘’mettre tout en œuvre pour une presse libre en Côte d’Ivoire’’ exprimée chaque année, soit traduite dans les faits et que les responsables des actes d’agression délibérés contre les journalistes et professionnels de médias soient identifiés et sévèrement sanctionnés.

Interpelle le Ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Ministre d’État, ministre de la Défense et le Ministre de la Communication, sur l’obligation qu’ont les forces de sécurité et les forces paramilitaires de protéger les journalistes et tout professionnel de médias dans l’accomplissement de leur métier.

Rappelle aux journalistes et professionnels des médias, la nécessité de rester professionnels dans la recherche, la collecte et le traitement de l’information et les encourage à demeurer solidaires et fermes dans la défense de la liberté de la presse et de leur propre sécurité, partout où ils se trouvent.

 

Fait à Abidjan, le 7 mai 2020

Pour le Bureau Exécutif National de l’ONJI-CI

 

LE PRÉSIDENT

KONE Sériba