La Chronique de PAN: « La Fin des Honnêtes »

Il y a quelque chose de douloureux à voir un homme qu’on admirait se tordre lui-même. Quelque chose d’affligeant à regarder l’intelligence s’incliner, non par humilité, mais par intérêt. Dans les couloirs feutrés de la politique ivoirienne comme ailleurs, l’hémorragie morale est devenue spectacle public.

Ils étaient brillants, ils étaient respectés. Parfois, ils furent même redoutés non par violence, mais par la clarté de leurs idées, la solidité de leur droiture, et la rareté de leur indépendance.

Aujourd’hui, ces hommes-là ont des voix douces et des genoux fragiles. Ils applaudissent ce qu’hier encore ils dénonçaient, ils courbent l’échine pour un strapontin, ils chantent pour une promesse creuse, ils oublient qu’un silence digne vaut mieux qu’un bavardage servile.

La déchéance n’est pas politique, elle est morale. Et c’est bien là le drame, hélas !

Certains vendent leur passé pour un avenir qu’on leur a vaguement promis. D’autres troquent leur nom contre une nomination. Et ce qu’il reste cependant, ce sont des hommes vidés, recyclés en laudateurs pathétiques, priant les caméras d’immortaliser leur loyauté de façade.

Ce n’est pas la trahison qui est la plus grave. C’est la petitesse ! C’est ce moment où un homme intelligent accepte de devenir ridicule, ce moment où un diplômé se transforme en griot de circonstance, ce moment où un patriote se fait courtisan.

Et le peuple regarde, il n’oublie pas. Il ne dit rien, mais il prend note.

On pensait que la République se détruisait par les armes, les complots ou les urnes. Cependant souvent, elle meurt de l’intérieur, de ces petites morts silencieuses, ces abdications successives de ceux qui, un jour, avaient promis de ne jamais trahir.

Oui, il y a des hommes qui ont tout perdu, sauf leur honte. Et c’est bien ce qui nous fend le cœur.

PAN

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