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«Front Commun PDCI-PPACI» : «Il y a des points communs sur lesquels il faut qu’on se batte», Gbagbo explique les raisons profondes de l’alliance

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On ne dit jamais, jamais en politique. Ce qu’on croyait impossible vient de se réaliser. Le PDCI-RDA d’Houphouët-Boigny, dirigé actuellement pas Cheick Tidjane Thiam, et le PPA-CI (ex-FPI) de Laurent Gbagbo (farouche opposant du Père de la Nation) ont acté et paraphé une alliance dénommé «Front Commun». Le mouvement «Trop, c’est Trop», va sans doute rassembler les deux partis politiques pour accélérer les choses. «Il y a des points communs sur lesquels il faut qu’on se batte», Gbagbo explique les raisons profondes de l’alliance dans cette adresse intégrale du jeudi 19 juin, au siège du PDCI-RDA.

Chers amis, chers camarades,

 Je voudrais d’abord remercier, saluer la délégation du PDCI. Parce que vous l’aurez remarqué, ce sont deux cérémonies. Puis, il y a Cocauthrey que je n’avais pas reconnu. Mais lui, il a été mon ministre de l’Industrie. Voilà. Je les connais. Je les connais tous. Lui, c’est mon beau, il est de Bassam. Doho Simon, c’est un Wê. C’est-à-dire, c’est les latins des Bhété. Et puis Soumaïla. Il est là ? C’est la première fois que je le vois. Mais il parle. Et on aime quand il parle. Quand il nous critique, ça nous fait mal mais comme la plupart du temps, c’est les autres qu’il critique, on aime ça.

Je salue tous les camarades. Benson et moi, on a passé le Certificat en 1958. La dictée, c’était ? Le marché de Kong. Et je voudrais saluer le Président Thiam, qui est là. Salut, Président. Salut pour ton message, qui était comme ça. Qui était bon. Merci. Je vous salue et je vous remercie.

Mais Jérôme Climanlo Coulibaly a parlé tout à l’heure. J’ai eu quelques petits frémissements, quelques petites larmes. Parce que ce sont des petits souvenirs mais c’est important dans nos vies. C’est important dans nos vies. Quand le multipartisme est venu, on était à une réunion au Novotel, lui avec Zadi, moi avec Sangaré et Laciné Gon, on a décidé d’aller faire le premier meeting du multipartisme à Korhogo chez Laciné. D’abord, on ne savait même pas… Moi, je ne savais pas comment un meeting se faisait. (Rires). Quand les gens nous voient, on a l’impression qu’on est habitués à tout ça. Mais on n’est pas habitués. On a parlé. Des rues étaient barrées pour ne pas que les gens viennent. Et puis bon, après on est revenu. J’ai eu la bénédiction de son père à Katiola. (Rires). Et puis, plusieurs années plus tard, quand j’étais Président, j’ai eu la corroboration de son frère. Comment il s’appelle ? Coulibaly Gervais. Et on a travaillé ensemble. On a travaillé ensemble et on s’est revu. La Côte d’Ivoire, c’est un petit pays. On est nombreux, mais les mêmes se revoient toujours. Lui, il a été Président du PIT, il a été mon ministre de l’Environnement. Je lui ai parlé l’autre jour des arbres qu’il a plantés à Mama. C’était le jour de l’Arbre. Et on a fait une manifestation. Il a décidé que ce soit à Mama. Il a fait planter des arbres. C’est comme ça. Moi, j’aime ça. Je voulais même qu’on fasse des arbres partout dans le village. Mais j’ai dit, voilà, ici, les villageois, là, si on met des arbres partout, ils vont croire qu’il faut faire la forêt. Et puis, que dire d’Anaky ? Est-ce que je peux parler d’Anaky? Il ne peut pas parler de lui. Anaky, c’est toute une histoire. Donc, vous tous, je vous salue.

Je vois Pulchérie Gbalet. Je suis content qu’on soit réuni aujourd’hui pour une double cérémonie. On a fait l’accord entre le PDCI et le PPA-CI. Ce qui est une bonne chose. Parce que sur les points communs, il y a des points communs sur lesquels il faut qu’on se batte. Et ces points-là, c’est pour eux qu’on a créé le mouvement ‘’Trop c’est trop’’.

Mais vous êtes au pouvoir (le RHDP). Et vous décidez que tous vos adversaires ne sont pas candidats. C’est quoi ça ? On va où, là ? Mais si on ne laisse pas aux autres la capacité de se battre pour être au pouvoir aussi, ce n’est plus la démocratie. Et c’est ça qu’il faut que les gens comprennent. Quand sur l’agora à Athènes, au siècle de Périclès, on a créé le principe de la démocratie, ça veut dire qu’on a constaté qu’on n’est pas d’accord. On n’est pas d’accord. Climanlo l’a dit tout à l’heure. On n’était pas d’accord mais on travaillait ensemble. Si vous n’êtes pas d’accord, mais il faut que chacun s’exprime quand même. C’est pourquoi on a créé le principe de la démocratie. Chacun s’exprime en disant ce qu’il pense. Après, on trouve un point d’accord où on ne trouve pas de point d’accord. Si on ne trouve pas de point d’accord, on n’a pas trouvé. Mais on peut trouver un point d’accord. Mais seule la discussion peut permettre qu’on trouve un point d’accord. Vous comprenez ? Mais moi qui me suis battu pour que le multipartisme naisse, je ne peux pas rester silencieux devant les dérives que je vois en ce moment. Parce qu’ils veulent nous faire repartir au parti unique. Parce que ce qu’on voit là, c’est un retour déguisé au parti unique. Mais je ne peux pas accepter ça ! Regardez, là on dit seulement « Trop c’est trop ». Maintenant, on va choisir 2 000 familles et leur donner je ne sais pas combien, jusqu’à Décembre 2025. Et ils sont 2 000 familles seulement qui sont pauvres en Côte d’Ivoire ? Mais celui qui prend cette décision, il ne connaît pas la Côte d’Ivoire. Il n’a qu’à aller parcourir les villages. Il va voir le visage hideux de la misère. Moi, maintenant, je suis devenu Président, l’un des problèmes que j’ai eus dans mon propre parti, c’est de dire on va supprimer l’uniforme. Ouh ! “Non ! L’uniforme, ça montre l’égalité entre tous les enfants“. Est-ce que vous avez été voir à Bouna ? Est-ce que vous avez été voir à Doropo ? Est-ce que vous avez été à Téhini ? Est-ce que vous avez été à Ouragahio ? Est-ce que vous avez été, etc. Parce que les gens nous les petits bourgeois, nous sommes ici assis à Abidjan, chacun d’entre nous touche un peu. Il gagne un peu. Donc, il a de quoi payer un kaki et un bleu blanc pour ses garçons, une jupe bleue et un costard blanc pour ses filles. Mais il croit que toute la Côte d’Ivoire est comme ça. Toute la Côte d’Ivoire n’est pas comme ça. Il y a des gens, quand leur enfant est reçu à l’entrée en 6ème, ils pleurent parce qu’ils n’ont pas d’argent. D’abord pour payer son transport, pour qu’il aille au lieu du collège. Et puis, ils n’ont pas d’argent pour payer ses uniformes. Et ils n’ont pas d’argent pour payer les livres. Mais, si nous, nous ne faisons pas une politique différente, à quoi ça sert que vous arrivez au pouvoir ? Michel Amani N’Guessan, que j’avais nommé à l’Education nationale, heureusement, il m’a suivi. Nous avons fabriqué des livres pour tout l’Enseignement primaire, pour toute la Côte d’Ivoire. Et ces livres-là ont été mis dans des hangars. Et au début de l’année scolaire, on les distribue à ceux qui rentrent au CP1. Et à la fin de l’année, ils rendent les livres. Celui qui a perdu un livre paye. C’est comme ça que nous, on a pu aller à l’école. Moi, quand j’étais à l’école primaire Agboville, puis à Gagnoa, au temps colonial, on nous donnait les livres et à la fin de l’année, on les rendait.

Donc, on était même obligés de prendre soin des livres pour ne pas rendre un livre déchiré. On a fait ça.

Quand une personne qui était au PDCI, puis au RDR, je l’ai nommée après ministre de l’Éducation nationale, qu’elle a vue, elle a dit «Hé, mais ton histoire-là, j’ai cru que c’était la plaisanterie. Mais il y a vraiment des livres». J’ai dit « Mais on ne présente pas en politique. Parce que quand tu mens, ça te rattrape toujours ». Et c’est elle qui a été le meilleur témoin du travail que nous avons fait. Donc, l’État a les moyens d’aider à soulager la misère des plus pauvres. De nous tous ici, c’est moi qui ai été Président de la République. Aujourd’hui, je ne sais pas quel est le niveau du salaire des fonctionnaires. Mais à l’époque, c’était 100 milliards par mois. Mais on n’a jamais eu de problème pour ça. On paye tranquillement. Et il y en a encore. Donc, aider avec des livres, avec des uniformes, mais de toutes les façons, quand les gens sont en uniforme, tu vas, comme je l’ai dit tout à l’heure, à Bouna, à Zaranou, tout ça, tu vas là-bas, les petits ne sont pas en uniforme. Ils s’en vont à l’école. Et puis, le maître ne va pas les renvoyer parce que s’il les renvoie, il y a un problème avec les parents du village. Donc, il faut tenir. Et il faut qu’on fasse en sorte que trop ne soit pas toujours trop. Que les gens n’exagèrent pas.

Regarde, quelqu’un qui veut faire le quatrième mandat, pourquoi ? Mais où tu vas avec le quatrième mandat. Mais quand les gens ne regardent pas l’histoire, en 1960, on a programmé pour les Indépendances. Il y avait les Houphouët, les Sékou Touré, les Modibo Keïta, les Senghor, tout ça. C’était les premiers chefs d’État. Ils ont pris le pouvoir sous des formes différentes. Ici, Houphouët a dit, c’est le parti unique. Sékou Touré a dit la même chose, mais autrement. Modibo a dit la même chose, mais autrement. Kwamé Nkrumah a dit la même chose, mais autrement.

Finalement, Nkrumah est tombé, Modibo est tombé, Sékou Touré est mort, Houphouët est resté, c’est lui qui est resté jusqu’à, c’est qui est mort le plus tard. Mais si cette génération s’en va, que nous on arrive, on ne va pas faire la même chose. Il faut qu’on réfléchisse un peu. Ça ferait un quatrième mandat, mais pour aller où ? Et puis quand même tu dis “élection”. Et tu es candidat pour la quatrième fois, élection ? Mais je ne peux pas accepter ça ! Si c’est pour ça qu’on nous enlève tous des listes électorales, bon on va voir.

Tu enlèves le nom du Président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, tu enlèves le nom de Gbagbo. Tu enlèves le nom de Soro Guillaume. Et à côté Bendjo, mais lui il n’a pas la chance. Et puis tu penses que les gens te regardent comment ? À l’intérieur et à l’extérieur, on te regarde comment ? Tu enlèves tous ces nom-là. On te regarde comment ? C’est la démocratie ça ? Regardez Joël N’guessan, qui est leur gars, qui a passé son temps à m’insulter et qui est allé à la CPI témoigner contre moi. Joël Nguessan, il passe aujourd’hui au tribunal devant les juges. Vous voyez ? Mais en tout cas, dites à celui qui veut écouter que je n’abandonnerai pas le combat contre le 4ème mandat. Pour le 3ème mandat, je n’étais pas ici. Je n’étais pas ici. J’ai téléphoné au Président Bédié, mais il était seul. Et c’est quand j’étais là-bas que j’ai pu apprécier Bédié. Vous voyez ? Le vieux, il est courageux. Quelques fois, je disais : «Président, tu ne prends pas trop de risques ?». Il me répond : «Si nous ne prenons pas trop de risques, tout est foutu ! » J’ai dit : « Ahooo » Si lui-même dit ça, il y a encore de la marge. Il faut saluer la mémoire de Bédié parce qu’il y a eu des moments où il a adopté des positions qu’il fallait adopter. Et comme il n’était pas là, je ne pouvais pas lui dire plus. Parce que ça pouvait être semblé : «Tu me pousses dedans, tu n’es pas là». (Rires).

Voilà ! Donc je n’allais pas trop loin. Son décès brutal a été coup dur pour la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, il y a Thiam qui est là, bon, je le remercie pour le discours que j’ai entendu tout à l’heure. Il faut continuer à se battre. Ce n’est pas tenable la position sur laquelle ils se mettent. Tu ne peux pas supprimer toutes les candidatures. Tu ne peux pas refuser que les gens aillent prendre des parrainages. Tu ne peux décider de donner de l’argent à 2000 familles. Et puis combien ? (Rires). Mais enfin, c’est 2000 familles qui sont pauvres en Côte d’Ivoire. Quel calcul ont-ils fait pour arriver à ce nombre ? Peut-être 2000 de leurs militants. Oui, mais même leur militant, j’espère pour eux qu’ils ont plus de 2000 militants. (Rires). On ne joue pas avec un pays. Nous on veut aller au Conseil Constitutionnel. On sait qu’ils ont mis leur gars, enfin, leur Dame, au Conseil Constitutionnel. Mais on veut aller pour voir. Ils ne veulent même pas qu’on arrive là-bas. Mais pourquoi ? Ils ne veulent pas qu’on fasse nos parrainages, c’est qu’ils ne veulent pas qu’on arrive au Conseil Constitutionnel. Attention, on n’est jamais assez fort pour être toujours le plus fort. Ça, c’est un adage français. Nul n’est jamais assez fort pour être toujours le plus fort. Celui qui ne comprend pas clair, il ne comprend rien. Regardez Muhammad Ali, il a gagné tous les combats de boxe mais il n’était pas fort tout le temps. Tu peux être plus forts que tous les hommes mais tu ne peux être plus forts que tout.

Monsieur le Président Thiam, je vous remercie. Bof, je te remercie parce que je te tutoie d’habitude. C’était des petits hein. (Rires). Mais lui, on a un autre point commun, son père et mon père étaient en prison ensemble en 1963. (Rires). Il sait cela. Dans nos souvenirs, quelquefois quand on se rencontre, on en parle. Mais lui, il est plus jeune, beaucoup plus jeune que moi.

Chers amis, je vous remercie d’être venus. On a fait nos deux cérémonies. Le PPA-CI et le PDCI-RDA ont aujourd’hui un accord qui a été paraphé et par Akossi Bendjo et par Dano Djédjé Sébastien et le mouvement ‘’Trop c’est trop’’ a été présenté. Nous allons continuer la lutte. Aucune lutte n’est désespérée. Président Thiam, merci d’avoir accepté notre alliance. Camarades du PPA-CI, du PDCI-RDA, de ‘’Trop c’est trop ‘’. Je vous souhaite un bon appétit. Je vous remercie d’être venus. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.

Propos retranscrits par le quotidien LE TEMPS


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