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CIV/Réforme: Les pharmaciens entre doute et espoir… Les avis sont-ils finalement opposés ?

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Des pharmaciens de Côte d’Ivoire sont montés au créneau pour dénoncer l’adoption du projet de loi relatif à  l’exercice de la profession pharmaceutique. Laquelle  élargit l’accès à la profession aux ressortissants des pays membres de l’UEMOA : Union économique et monétaire ouest-africaine.

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Dr Chimelle Ogré, pharmacienne dans une officine à Abidjan, estime que cette réforme n’était pas nécessaire. « Il n’y a pas de déficit de pharmaciens dans le pays. Cette loi ne nous avantage pas, car le marché pharmaceutique ivoirien est beaucoup plus attractif que ceux des autres pays de l’UEMOA. Il n’y a donc aucun intérêt pour un pharmacien ivoirien d’aller s’installer ailleurs, contrairement à ce que cette ouverture offre aux autres », a-t-elle réagi.

Un autre pharmacien, sous un anonymat bien sécurisé, a analysé les implications positives et négatives de la réforme. S’il reconnaît qu’elle pourrait contribuer à renforcer la présence de pharmaciens sur le territoire national, notamment dans certaines zones encore mal desservies, il n’en reste pas moins inquiet quant à ses conséquences sociales et économiques. Ecoutons-le : « L’arrivée massive de pharmaciens étrangers risque d’entraîner une baisse des rémunérations dans le secteur privé. Les employeurs, face à une abondance de main-d’œuvre, fixeront les salaires à leur guise ».

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Il alerte également sur un risque accru de chômage chez les pharmaciens ivoiriens : « Avec cette surabondance, il n’y aura plus de place pour les pharmaciens généralistes. Les employeurs rechercheront des profils plus spécialisés. Dans la fonction publique, la hausse du nombre de candidats obligera probablement à instaurer un concours direct, comme c’est déjà le cas dans d’autres secteurs».

Selon lui, cette réforme pourrait finalement nuire aux pharmaciens ivoiriens, qui ne bénéficieront pas de la réciprocité, étant donné que la profession est peu développée dans plusieurs pays de l’UEMOA. « Les pharmaciens ivoiriens seront contraints de rester au pays et de subir la concurrence, sans possibilité réelle de s’exporter », a-t-il regretté.

Il appelle les autorités à reconsidérer leur position : « Au regard de la situation économique actuelle, la priorité de l’État devrait être de favoriser la création d’emplois pour les Ivoiriens, et non de prendre des mesures susceptibles d’aggraver le chômage. Les décideurs doivent réévaluer cette loi pendant qu’il est encore temps, car les dispositions d’accompagnement n’ont manifestement pas été prévues».

L’AIRP rassure sur la protection des intérêts ivoiriens

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Le Directeur général de l’Autorité Ivoirienne de Régulation Pharmaceutique (AIRP), Dr Assane Coulibaly, a indiqué dimanche, lors d’une conférence de presse, que l’adoption de la réforme de la loi sur l’exercice de la profession pharmaceutique « ne constitue en rien une menace pour les pharmaciens ivoiriens ».

Cette réforme, récemment adoptée par le Sénat, modifie les articles 13 et 14 de la loi n°533-2015 afin de lever les obstacles à la libre circulation des pharmaciens dans l’espace UEMOA. Selon lui, « il était devenu nécessaire que la Côte d’Ivoire harmonise ses textes avec ceux des autres États membres comme le Sénégal, le Bénin ou le Burkina Faso, qui l’ont déjà fait.» Il a tenu à rassurer les professionnels du secteur : « Le projet de révision de la loi adopté par le Sénat ne vise en aucun cas à défavoriser nos pharmaciens. Les procédures d’attribution de licences et de création de pharmacie resteront strictes et le cadre réglementaire demeurera exigeant. » Le but affiché est d’éviter toute concurrence déloyale, de protéger le monopole pharmaceutique et de maintenir un haut niveau de qualité des services dans le secteur.

Pour Dr Coulibaly, cette réforme « date de 2008, et avait été déjà transposée partiellement dans la loi de 2015. Le ministère de la Santé, de l’hygiène publique n’a fait qu’à la remettre au goût du jour pour l’adapter aux recommandations formulées par l’UEMOA lors des dernières évolutions de sa mise en œuvre ».

« Nous disposons du cadre le plus attractif pour les acteurs de la chaîne de valeur pharmaceutique. Aujourd’hui, toutes les multinationales veulent s’implanter en Côte d’Ivoire », a-t-il souligné, avant d’ajouter que cette évolution permettra aux cadres ivoiriens de mieux s’insérer sur les marchés régionaux, tout en favorisant la mobilité des talents.

Dans un contexte ivoirien marqué par le renforcement de la Couverture maladie universelle (CMU), qui garantit une prise en charge à hauteur de 70 % des médicaments conventionnés par la CMU, finalement, peut-on dire que cette réforme vient à point nommé ?

TL


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