Côte d’Ivoire: Convention entre les institutions de la République et une compagnie aérienne, le COJEP dénonce le caractère immoral de l’acte


Dans une déclaration qu’il a pondu le 18 Mai 2025, le COJEP parti de Blé Goudé a condamné la convention entre des institutions de la République et une entreprise de transport aérien. Ci-dessous la déclaration.
Le Congrès Panafricain pour la Justice et l’Égalité des Peuples (COJEP) a pris connaissance, avec une profonde indignation, de la convention récemment signée entre l’Assemblée nationale, le Sénat et l’Union des Villes et Communes de Côte d’Ivoire et une compagnie de transport aérien étrangère, prévoyant des avantages tarifaires pour les députés, les sénateurs, les maires, leurs collaborateurs et leurs familles dans le cadre de leurs voyages professionnels et privés à l’étranger.
Cette convention comprend également un volet sanitaire, leur garantissant un accès préférentiel à des soins à l’Hôpital Américain de Paris, dont on connait les coûts onéreux. Le COJEP condamne fermement cette démarche élitiste et déconnectée des réalités du peuple ivoirien.
Premièrement, nous rappelons que l’Assemblée nationale et le Sénat sont des institutions de la République, et les députés, sénateurs et maires sont des élus du Peuple, censés incarner la représentation du peuple et œuvrer à la promotion des intérêts nationaux. À ce titre, il est regrettable — et profondément préoccupant — que ces institutions signent des conventions avec des compagnies étrangères, sans poser les bases d’une politique ambitieuse en faveur de la promotion de champions nationaux dans le domaine du transport aérien.
Depuis la première signature de cette convention, puisqu’elle vient de faire l’objet d’un renouvellement, qu’ont fait les députés et les sénateurs pour doter la Côte d’Ivoire d’une compagnie nationale solide et performante ? Pourquoi aucune mesure concrète n’a-t-elle été prise, au plan budgétaire ou stratégique, pour soutenir une entreprise comme Air Côte d’Ivoire, afin qu’elle dispose des moyens nécessaires pour desservir des destinations stratégiques comme la France, qui reste une des plus fréquentées par les Ivoiriens ? Le rôle des élus n’est pas seulement de bénéficier d’avantages : il est d’anticiper, de construire et de défendre les intérêts de la Nation.
En lieu et place de conventions de confort avec des compagnies étrangères, ils devraient œuvrer à la création ou à la consolidation d’une compagnie nationale digne de ce nom, capable de porter haut les couleurs de la Côte d’Ivoire dans le ciel international. Pourquoi ces institutions de la République ne signent-elles pas une convention avec Air Côte d’Ivoire pour les destinations que cette compagnie ivoirienne dessert, contribuant ainsi à son rayonnement, à la création d’emplois locaux, et au développement de notre secteur privé national ? Le choix de nos autorités, à l’aune de cette convention, révèle une absence totale de vision en matière de patriotisme économique.
Deuxièmement, le COJEP dénonce avec force le caractère profondément immoral de cette convention, qui organise la médicalisation de la classe politique hors du territoire national, pendant que la grande majorité des Ivoiriens meurent en silence, faute de structures sanitaires dignes de ce nom. Comment peut-on accepter, dans un pays où des femmes accouchent encore à même le sol, où des enfants meurent de pathologies évitables, où les hôpitaux sont dépourvus de médicaments, d’équipements et parfois même de personnel, que ceux qui ont en charge la représentation du peuple préfèrent se faire soigner à l’étranger, dans le confort des cliniques européennes ? C’est un affront au peuple ivoirien. C’est une trahison silencieuse de nos autorités.
C’est, enfin, un mépris affiché pour les souffrances quotidiennes des populations, sinon comment comprendre qu’alors que nos autorités imposent aux Ivoiriens la carte CMU au prétexte qu’elle leur garantirait des soins de qualité, les élites politiques au pouvoir fuient sans honte ce même système de santé public.
Le COJEP interpelle solennellement l’Assemblée Nationale, le Sénat et les maires de Côte d’Ivoire sur le caractère moralement indécent et irrespectueux de cette convention. Le Gouvernement ivoirien n’est pas en reste, puisque des ministres de la République, en leur qualité d’élus, sont signataires et/ou bénéficiaires, de cette convention de la honte. Le COJEP invite les autorités ivoiriennes à orienter la politique sanitaire nationale vers l’amélioration de nos plateaux techniques, la réhabilitation de nos hôpitaux, la construction de plus d’établissements sanitaires de premier contact et la revalorisation du personnel médical ivoirien.
Au nom de la bonne gouvernance et de la redevabilité, les autorités ivoiriennes ont l’obligation d’expliquer au peuple de Côte d’Ivoire en quoi une telle convention est bénéfique à notre pays. Pour finir, le COJEP appelle le peuple ivoirien à rester vigilant, à ouvrir les yeux sur la distance croissante entre les gouvernants et les gouvernés, et à s’unir pour exiger une gouvernance juste, équitable et enracinée dans les réalités du pays.
Fait à Abidjan, le 18 mai 2025
Pour le COJEP,
Maître Serge OURAGA
Porte-parole
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