PDCI/Congrès extraordinaire du 14 mai: « Précipitation ou manœuvre politique ? Le même réflexe, les mêmes erreurs », un militant avertit…

Moins de 24h après la démission officielle de Tidjane Thiam, le PDCI-RDA convoque un congrès extraordinaire pour le 14 mai 2025, avec pour objectif clair : élire un nouveau président. À première vue, cela pourrait sembler une volonté de tourner la page rapidement, de maintenir l’unité, de reprendre la main. Mais à y regarder de plus près, le calendrier intrigue, interroge… et dérange.

Pourquoi une telle précipitation, dans un parti qui, depuis des mois, peinait à prendre les décisions les plus élémentaires ? Pourquoi, après des semaines d’immobilisme, soudain une telle célérité ? La réponse tient en une date : le 15 mai 2025.

L’ombre de la décision judiciaire dans l’affaire Valérie Yapo

Le lendemain du congrès, la justice doit statuer sur l’affaire opposant Mme Valérie Yapo au PDCI, une affaire dont l’issue pourrait avoir des répercussions graves sur la légalité des procédures internes menées ces derniers mois, notamment la désignation du candidat pour la présidentielle.

En organisant le congrès le 14 mai, la direction intérimaire semble vouloir verrouiller l’issue politique avant l’échéance judiciaire. C’est une course contre la montre. Une stratégie de consolidation par le fait accompli. Si le nouveau président est élu le 14, il devient de facto l’autorité politique suprême du parti, indépendamment de la légalité potentiellement remise en cause par la justice dès le lendemain.

Mais que vaut une « victoire politique » précipitée si elle est bâtie sur des fondations fragiles ?

Un retour masqué de Thiam par la “présidence déléguée” ?

Autre fait marquant : la nomination éclair de Tidjane Thiam comme “président délégué” par le président intérimaire, avant même la tenue du congrès. Officiellement, il s’agirait d’une délégation de responsabilité, mais dans les faits, c’est une mainmise déguisée sur la direction du parti.

Cette nouvelle fonction, sans fondement statutaire clair, semble être une trouvaille improvisée pour maintenir Thiam dans le jeu politique malgré sa démission. Le président intérimaire ne fait que passer le témoin à celui qui vient de déclarer forfait… pour mieux lui permettre de reprendre la course, avec l’aide des structures internes alignées.

Est-ce une stratégie ? Oui. Est-ce une stratégie réfléchie ? Non. C’est une répétition des erreurs passées, enrobée dans un emballage institutionnel.

Le même réflexe, les mêmes erreurs

Ce que cette manœuvre révèle, c’est l’incapacité persistante à tirer les leçons de l’histoire récente du parti. Encore une fois, on privilégie les calculs de court terme au détriment de la cohérence, de la concertation et de la construction d’un consensus fort.

Le congrès est censé être un moment de clarification et de refondation. Il devient ici un outil d’urgence pour sauver une figure plutôt que pour bâtir une stratégie de victoire. On cherche à réinstaller un homme, non à relancer un projet.

L’alternative : le courage de la lucidité

Ce parti, le PDCI-RDA, ne manque ni de talents, ni de militants engagés, ni de ressources humaines. Ce qui lui manque, depuis trop longtemps, c’est le courage politique de regarder ses erreurs en face et d’opérer une vraie rupture avec les logiques de clan, d’improvisation et de repli.

Un congrès bien préparé, ouvert, structuré, aurait pu redonner confiance. Un congrès d’urgence risque au contraire d’approfondir la fracture.

Conclusion

Le 14 mai ne doit pas être le jour où l’on consacre une fuite en avant. Il devrait être le jour d’un sursaut démocratique, d’un retour à la méthode, au respect des statuts, à la parole donnée aux militants. Sinon, comme le disait un grand penseur : “Faire sans cesse les mêmes erreurs en espérant un résultat différent, c’est cela la folie.”

PAN, militant du PDCI averti

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