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Conférence internationale Newspace Africa: Adama Diawara rêve de la future Agence spatiale ivoirienne

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Programmée sur trois jours, la 2ème édition de la Conférence internationale Newspace  Africa a débuté avec sa cérémonie d’ouverture, ce mercredi 26 avril 2023,  à la salle de la Patinoire du Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan-Cocody.

Prenant part à ces assises parce qu’à la tête d’un des ministères techniques en la matière, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Adama Diawara, s’est évertué à partager sa vision sur les agences spatiales, lors de son allocution.

Annonçant la très prochaine naissance de l’Agence spéciale ivoirienne, il a fait ressortir tout l’intérêt que l’Afrique gagnerait à développer ce secteur.

Pour la Côte d’Ivoire en particulier, Diawara a décliné différentes retombées attendues sur les plans diplomatique, économique, politique, sécuritaire et de défense.

Vue la méconnaissance des notions relatives au domaine d’activité en question par le grand public, il a encouragé les acteurs du secteur à communiquer, sensibiliser et expliquer aux populations pourquoi en Afrique il est important de se doter d’agences spatiales malgré les ressources limitées.

« Vous devez renforcer votre communication vers les populations et aussi vers les gouvernements pour montrer l’intérêt positif et la contribution au développement socioéconomique des agences spatiales africaines », a déclaré le ministre.

Et d’ajouter, « la politique et la stratégie spatiale de l’Union africaine doivent être l’un des moteurs de la sécurité africaine. Cependant, nous devons être conscients que seuls, nous ne pourrons pas faire beaucoup de progrès. Les agences spatiales et les entreprises de ce secteur doivent profiter de ce cadre pour bâtir des coopérations stratégiques avec les partenaires stratégiques présents ».

Diawara a également invité les acteurs à favoriser le dialogue et le partage entre les agences africaines tout en les encourageant à se soutenir les unes les autres, à partager leurs expériences et à bâtir des projets communs bilatéraux, multilatéraux et régionaux.

« Le Newspace doit nous inspirer pour mettre en place dans nos différents pays un modèle d’agence spatiale propre à nos réalités en lien avec les besoins et nos ressources limitées », a-t-il soutenu.

Le patron de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ivoirien n’a pas manqué de faire savoir que les agences spatiales nationales doivent étoffer leurs offres de commissions et de services et avoir une stratégie ciblée sur les besoins des populations et sur la mise en oeuvre des programmes nationaux de développement.

Pour terminer son propos, le ministre, Adama Diawara, a remercié, au nom du président de la République, Alassane Ouattara, les présidents et autres Directeurs généraux des agences spatiales africaines d’avoir choisi la Côte d’Ivoire pour abriter cette seconde édition de la Conférence Newspace Africa.

A travers sa future Agence nationale, la Côte d’Ivoire veut s’éloigner davantage de la position d’utilisateur pour devenir un acteur majeur de l’essor de l’industrie spatiale.

Pour cela, le Premier ministre, Jérôme Patrick Achi, a tenu à délivrer un message d’encouragement à cette occasion pour marquer l’adhésion totale de tout son gouvernement aux différentes thématiques de cette conférence.

Empêché de s’y rendre lui-même pour d’autres raisons indépendantes de sa volonté, c’était à la ministre d’État, ministre des affaires étrangères, de l’Intégration Africaine et de la Diaspora, Kandia Kamissoko Camara, qu’il a confié cette tâche privilégiée.

Pendant la pause-café de cette cérémonie d’ouverture de ces assises, plusieurs participants, regroupés en petits quartiers, s’enthousiasmaient de voir un jour, la Côte d’Ivoire envoyé un engin dans l’espace, sur une autre planète comme les États Unis d’Amérique ou bien d’autres puissances mondiales.

Vagoné Dry-Bi

Discours intégral du Professeur Adama Diawara, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique de la République de Côte d’Ivoire

(…) Mesdames et Messieurs les Présidents et Directeurs Généraux des Agences Spatiales de l’Égypte, de l’Afrique du Sud, du Nigéria, de l’Angola, du Ghana, du Sénégal, du Burkina Faso, du Botswana, de l’Ouganda, de l’Algérie, de la Tunisie, de la Namibie, du Zimbabwe, du Gabon, de l’Éthiopie et de l’Ile Maurice ;

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–              Monsieur le Directeur Régional pour l’Afrique du Ministère de la Défense des États-Unis ;

–              Monsieur le Représentant de l’AFRICOM, Commandement des États-Unis en Afrique ;

–              Colonel Timothy Daniel Ray, Chef de la Division Afrique du commandement de l’Armée de l’Air américaine et des Forces de l’Espace ;

–              Général Thierry Blanc, Général de Brigade Aérienne – Adjoint au commandant de l’espace français ;

–              Mesdames et Messieurs les analystes politiques et les hauts officiers des Armées de l’Air et des Commandements de l’Espace Français, Américain et Kenyan ;

–              Honorables Invités ;

–              Chers Amis de la Presse.

C’est avec une grande satisfaction que je participe à cette cérémonie d’ouverture de la seconde édition de la Conférence NewSpace Africa, parce qu’elle contribue à la Stratégie Africaine des Sciences, Technologies et Innovations (STISA), dans laquelle nous sommes tous fortement engagés, et elle constitue également un des jalons de l’Agenda 2063, l’Afrique que nous voulons.

Depuis l’avènement des satellites, les activités spatiales n’ont cessé d’accroître leur champ d’activités. Aujourd’hui les mesures spatiales occupent une place de choix dans les statistiques, les études d’impacts, le suivi-évaluation des projets et les analyses de tendances climatiques car, elles constituent un palliatif face à l’insuffisance des mesures ponctuelles au sol (cas de la calibration, de la validation et du forçage des modèles).En effet, le manque de données continues en surface sur de longues périodes, constitue un défi majeur pour l’atteinte des objectifs du développement durable. Leur qualité pose aussi un grand problème pour le dimensionnement des infrastructures. Les observations spatiales combinées aux observations au sol et aux simulations numériques, permettent par exemple de comprendre, surveiller et prévoir l’état de la planète pour s’adapter localement et globalement au changement climatique.

Le constat est que l’utilisation effective et à grande échelle de l’information spatiale pour l’aide à la décision et pour la planification est encore faible en Afrique.

Je le disais hier, à la réunion des Présidents et Directeurs Généraux d’Agences Spatiales, nous sommes dans un contexte de concurrence exacerbée. L’industrie spatiale au niveau mondial est en profonde mutation, avec de nouveaux acteurs aux approches très innovantes, avec une variété d’usages des données spatiales, et de nouveaux utilisateurs à conquérir. Nous vivons l’époque du NewSpace, rendu possible par les progrès technologiques récents qui ont rendu l’accès à l’espace moins coûteux et plus accessible que jamais. Mais, il ne faut pas que l’Afrique redevienne un nouvel espace de conquête.

La conquête spatiale est aujourd’hui une nécessité stratégique pour se développer et se protéger. Maîtriser son espace est aujourd’hui crucial, tant pour des enjeux de développement économique que de sécurisation du territoire. Le NewSpace peut contribuer au développement durable de l’Afrique en fournissant des solutions pour relever les défis environnementaux, économiques et sociaux auxquels le continent est confronté.

En effet, les innovations technologiques NewSpace peuvent aider, avec plus de flexibilité, à surveiller les forêts, les zones humides et les terres agricoles. Cette surveillance peut aider à protéger la biodiversité, à prévenir la déforestation et la désertification, et à assurer une gestion efficace des ressources naturelles. Les nanosatellites ou les drones peuvent aider à surveiller les catastrophes naturelles, telles que les sécheresses et les inondations, pour améliorer la planification et les réponses d’urgence.

De plus, le NewSpace peut contribuer à améliorer les communications en Afrique, en fournissant des services de télécommunications et d’Internet à des endroits qui ne sont pas facilement accessibles par les infrastructures terrestres traditionnelles. Cela peut contribuer à stimuler l’activité économique et la croissance, en permettant un accès plus large à l’information, à l’éducation, aux services financiers, au commerce électronique et à la connectivité des populations isolées.

Enfin, le NewSpace peut aider à renforcer les capacités technologiques de l’Afrique, en encourageant l’innovation et la recherche dans les domaines des sciences de l’espace et de l’ingénierie. Cela peut aider à stimuler la création d’emplois locaux, à améliorer la formation professionnelle et à renforcer la compétitivité de nos entreprises sur le marché mondial.

Cependant, le NewSpace n’est pas sans défis et j’en citerai cinq (5) :

•             Le premier défi est l’accès à la technologie : la majorité des pays africains n’ont pas accès à la technologie spatiale de pointe, ce qui rend difficile la création d’initiatives sur certains segments du NewSpace.

•             Le financement est un autre défi important pour le développement du NewSpace en Afrique. Les investisseurs sont souvent réticents à investir dans nos pays, en raison de la perception de risques élevés et de l’absence de précédents en matière de réussite dans ce domaine. L’Etat doit donc accompagner cette dynamique NewSpace, en Afrique.

•             Le manque d’infrastructures de base telles que les stations de suivi des satellites, rend difficile le développement de projets spatiaux en Afrique, car les entreprises doivent souvent s’appuyer sur des infrastructures étrangères pour lancer et gérer leurs satellites.

•             Le quatrième défi est que les réglementations pour les activités spatiales en Afrique sont souvent vagues ou inexistantes, ce qui crée de l’incertitude pour les entreprises qui cherchent à développer des projets dans ce domaine.

•             Enfin, il y a un manque de main-d’œuvre qualifiée en Afrique pour soutenir le développement du NewSpace. Les entreprises doivent souvent chercher à l’étranger pour recruter des experts en matière de technologie spatiale.

Mesdames et Messieurs, distingués invités,

Lors des concertations multisectorielles et des différents ateliers d’élaboration des textes réglementaires de la future Agence Spatiale de Côte d’Ivoire, nous avons découvert que l’expertise existe en Côte d’Ivoire, comme dans beaucoup de pays en Afrique, mais qu’elle n’est pas structurée, ni utilisée dans la perspective du NewSpace. Elle a aussi besoin d’être étoffée par la formation et la recherche pour atteindre une masse critique.

Les deux verrous principaux de toutes ces recherches menées en Côte d’Ivoire  étaient d’une part, la disponibilité, le partage de données spatiales et la puissance de calcul et de stockage pour valoriser ces données, et d’autre part, l’utilisation par le secteur privé et les services opérationnels de l’Etat, des résultats de ces recherches. En réalité, les deux sont liés : comme les recherches et les applications pour valoriser l’information spatiale sont encore faibles, alors, l’intégration de l’information spatiale dans les processus de décision opérationnelle, ou dans la planification reste encore marginale.

Cette deuxième édition du NewSpace Africaest donc un excellent cadre pour favoriser la communication entre les entreprises, les experts, les décideurs et les utilisateurs finaux. Je me réjouis de savoir qu’il y a 12 entreprises ivoiriennes qui participent activement à cette édition. C’est important de le souligner. Cela veut dire qu’il y a aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, un écosystème d’entreprises autour du NewSpace, et le rôle de la future Agence Spatiale de Côte d’Ivoire sera de mobiliser des ressources, pour structurer et créer des passerelles entre le monde de la recherche et le secteur privé, pour soutenir le développement socio-économique de la Côte d’Ivoire.

Par rapport aux verrous énoncés précédemment, permettez-moi, Mesdames et Messieurs, de vous informer que la Côte d’Ivoire dispose d’un Centre National de Calcul Haute Performance, permettant le traitement intensif de grandes quantités de données spatiales (puissance de calcul : 322,56 Téraflops ; capacité de stockage : 2,28 Pétaoctets).

Ce Centre National de Calcul contribue à la vision de Son Excellence Monsieur ALASSANE OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire, de doterle secteur de la recherche d’un outil de pointe pour soutenir l’innovation et la mise en œuvre du Plan National de Développement. Le Centre National de Calcul de Côte d’Ivoire se veut ouvert sur l’Afrique et le monde, et constituera un des piliers de la future Agence Spatiale de Côte d’Ivoire.

Mesdames et messieurs,

Je voudrai terminer mon propos en soulignant qu’il ne suffit plus seulement d’être un bon usager de l’information spatiale. Nous devons être des acteurs contribuant à l’observation spatiale. Avec le NewSpace, il y a aujourd’hui de vraies opportunités autour des nanosatellites et des drones, et la Côte d’Ivoire compte en profiter avec sa future Agence Spatiale pour développer et consolider sa politique spatiale pour accompagner le développement du pays avec des moyens innovants (fabrication de drones et projet de fabrication de nanosatellites à l’INP-HB). L’Agence Spatiale de Côte d’Ivoire se veut l’instrument de mise en œuvre de la politique nationale de recherche, de formation et de développement de l’activité spatiale, pour assurer la sécurité du territoire, la protection de l’environnement et la gestion rationnelle des ressources naturelles du pays.

Bien évidemment, nous sommes conscients que, seuls, nous ne pourrons pas faire beaucoup de progrès. Les Agences Spatiales et les entreprises du secteur doivent profiter du cadre de la présente conférence pour bâtir des coopérations stratégiques avec les partenaires techniques présents. Nous devons favoriser le dialogue et le partage d’expériences entre Agences Africaines, bâtir des projets communs bilatéraux et multilatéraux. Le dialogue avec le secteur privé, en particulier avec les 12 entreprises ivoiriennes présentes à cette conférence, doit être maintenu. De même, l’Agence Spatiale de Côte d’Ivoire veillera à maintenir un lien stratégique avec la communauté scientifique et académique nationale, régionale et internationale.

Je voudrais, Monsieur le Commissaire de l’Union Africaine et Monsieur le Président Directeur Général de Space in Africa, vous remercier encore une fois d’avoir organisé cet événement en Côte d’Ivoire. Je voudrais également remercier chaleureusement Monsieur Tidiane Ouattara pour ses conseils sur la vision de l’Union Africaine, qui ont beaucoup aidé et guidé l’élaboration du projet de création de l’Agence Spatiale de Côte d’Ivoire.

Je vous remercie.


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