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Projet de reconquête: «Les populations du grand Nord n’ont jamais tourné le dos au PDCI encore moins trahi», selon Dr Lanzéni Coulibaly

Lanzeni Coulibaly

Le PDCI-RDA veut reconquérir le grand nord de la Côte d’Ivoire. Dès l’annonce de cet objectif au président Henri Konan Bédié, après que des cadres de cette zone issus du parti septuagénaire aient organisé un séminaire, pour dégager des stratégies de reconquête, certains militants du parti au pouvoir croient dur comme fer que c’est un objectif impossible. Dans cet entretien exclusif, Dr Lanzéni Coulibaly, Secrétaire exécutif du PDCI et un des initiateurs du séminaire pour la reconquête du Grand Nord, explique les raisons fondamentales qui militent en faveur du retour en force du PDCI-RDA dans le Grand Nord. Entretien.

Lanzeni Coulibaly

Monsieur le Vice-président, le ministre Adama Kamara disait la semaine dernière que si les Présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo étaient candidats à l’élection du Président de la République en 2025, alors le RHDP demandera au Président Alassane Ouattara d’être candidat. Quelle lecture faite vous de cette déclaration?

Nous ne sommes pas surpris, mais nous souhaitons ne pas nous prononcer sur cette sortie du ministre. Ce qui nous préoccupe, c’est la vie de notre Parti, le PDCI RDA. Maintenant en ce qui concerne l’élection présidentielle de 2025, je l’ai dis et je le répète, si le Président Henri Konan BEDIE est désigné candidat du Parti à la convention et qu’il accepte de servir le Parti et la nation ivoirienne en faisant don de soi alors nous le soutiendrons jusqu’à la victoire matérialisée par la proclamation de son élection en tant que Président de la République de Côte D’Ivoire au soir du scrutin de 2025. Et sous ses orientations et directives, nous dirigerons le pays par la mise en application de notre politique économique de social libéral et la bonne gouvernance  tout en présentant un projet de société réconcilié et apaisé dont le contrat social fondé sur la bonne foi.

Docteur Lanzéni Coulibaly, comment les populations du grand nord pourront-elles contribuer de façon significative à la victoire du candidat du PDCI RDA à l’élection présidentielle de 2025 ?

D’abord, nous avons arrêté une stratégie de reconquête politique de la zone nord dont la première phase débutera avec la période de la révision de la liste électorale à venir.

Ensuite, quels que soient les résultats des élections locales, nous continuerons d’envahir nos régions pour faire un travail de maillage dont les consignes seront le pardon, une nouvelle alliance avec notre Parti, la présentation de la vision du PDCI RDA pour notre nation et ses habitants dont la finalité est le progrès pour tous et le bonheur pour chacun.

C’est pourquoi, la question du budget prévisionnel qui devrait accompagner ces programmes à court et moyen termes doit être adoptée par une décision politique du Parti, bien sûre y compris nos contributions personnelles. Dès lors, je vous garantis que la victoire du candidat de notre Parti à l’élection du Président de la république en 2025, partira du grand nord. 

Pourtant, on a entendu certains dire que quoique vous fassiez, le grand nord est perdu d’avance du fait de cette propagande de xénophobe et de tribaliste attribuée au Président Henri Konan BEDIE et son régime lorsque celui-ci était au pouvoir d’Etat…

Il est un fait, à partir de 1993, cette rhétorique, renfermant le tribalisme et le rejet des populations du grand nord, collée au Président BEDIE de façon inique et injuste, qui venait d’accéder à la Présidence de la République de notre pays a été lancée à travers une vaste campagne par des cadres du RDR et continue jusqu’à présent.

Mais cette propagande insensée n’a pas affecté les populations du grand nord, car les effets escomptés n’ont pas été atteints parce que la campagne de dénigrement avait une cause illicite.

J’ai lu dans la presse qu’un intervenant politique s’est  appuyé sur ce fondement de racolage pour justifier la perte de vitesse de notre Parti dans cette zone politique, allant même jusqu’à dire que le diagnostic a été mal posé, quand nous disions tantôt que la non présentation de candidats aux élections législatives de 2011 dans le cadre des accords politiques du RHDP non unifié  en est la cause fondamentale.

Vous me permettrez de conseiller aux uns et autres d’avoir une approche scientifique sur les questions du nord, car étant très sensibles. Et je vais vous donner les raisons.

Les populations du grand nord n’ont jamais tourné le dos au PDCI encore moins trahi, du fait de cette campagne de désinformation. D’abord, le grand nord comprend le nord senoufo attaché à la crainte de Dieu, des ancêtres et des mannes d’une part et le nord malinké à majorité de confession musulmane qui craint Dieu-Allah d’autre part. Ces deux aspects font que les populations du grand nord n’ont qu’une seule parole. Et c’est au regard de ces particularités singulières, qu’elles n’ont jamais remis en cause le contrat politique qui les a liés au RDA et les lie au PDCI depuis 1946. Et elles l’ont exprimé à travers les divers scrutins qui se sont succédé depuis 1956.

En effet, déjà en 1956, la liste conduite par SEM Félix Houphouët-Boigny avec le RDA a remporté les élections législatives au nord au détriment d’un fils de cette zone, en l’occurrence Sékou Sanogo, qui a perdu dans sa ville natale Séguéla. Il en est de même lorsque SEM Félix Houphouët-Boigny a été élu député de Korhogo à l’Assemblée constituante française à cette même période. Et ce pacte de confiance entre les populations du grand nord et le PDCI va résister à toutes les tempêtes que notre pays a traversé jusqu’en 2011. Et c’est cette crainte qui a amené le RDR à se dresser contre les candidatures du PDCI dans le grand nord aux législatives de 2011, parce que ce Parti savait que nous remporterons les deux tiers des sièges à pourvoir parce que nos élus ont été auprès des populations de 1960 à 2011.

En effet, lorsque le Président Henri Konan BEDIE est brillamment élu à la magistrature suprême de notre pays en 1995, les élections législatives démocratiques et ouvertes qui ont été organisées en novembre 1995 ont vu la participation des  formations politiques des trois grands leaders qui prétendaient à la succession du Président Houphouët-Boigny, à savoir le PDCI du Président Henri Konan BEDIE, le RDR du Président Alassane OUATTARA quoique n’étant pas le Président dudit Parti, le FPI du Président Laurent GBAGBO.

Au soir du scrutin, le FPI obtient 13 sièges, le RDR 14 et le PDCI 148 sièges sur 175. Et les candidats PDCI du grand nord ont raflé les deux tiers des sièges à pourvoir dans cette zone, avec Drissa Dagnogo à  Sirasso, Silué Kagnon Augustin à Napié, Paul Sekongo à Dikodougou, Laurent Dona-Fologo à Sinémentiali, Youssouf Bakayoko à Séguéla, Gbaou Diomandé à Waninou, Lamine Fadiga à Touba, Drissa Ballo à Kolia/Kasséré, Koné Dossongui à Kouto, Assana Sangaré à Dabakala, Waotta Alexandre à Katiola, Silué Josephine à Ferké.

Enfin, cette dynamique va continuer et se renouveler aux législatives de 2000, alors même que notre Parti venait d’être victime d’un coup d’état militaire arbitraire et que le FPI accédait au pouvoir d’Etat. Bien que le RDR ait boycotté lesdites élections de façon officielle, il a qu’à même présenté des candidats indépendants. Les résultats du scrutin donneront 96 députés pour le FPI, Parti au pouvoir contre 94 députés pour le PDCI et 05 pour les indépendants RDR sur 225 sièges à pourvoir et le reste des sièges pour d’autres petits Partis.

Mais si tel est le cas selon lequel les populations du grand nord avaient été endoctrinées par le RDR pour rejeter le PDCI et le Président BEDIE, notre Parti n’aurait pas pu remporter la quasi-totalité des sièges à pourvoir dans cette partie septentrionale de notre pays. Soit nos populations auraient porté leurs choix sur les indépendants du RDR soit sur les candidats du FPI qui dirigeait notre pays désormais.

Fort de tous ces faits et actes, comment des personnes s’autorisent-elles à dire que nos populations ont été manipulées ? Je les invite à enrichir leurs cultures politiques et sociologiques.

Au total, il faudrait retenir que les populations du grand nord savent se souvenir et ont toujours fait preuve d’intégrité et de maturité en matière politique. Cependant, lorsqu’elles ne retrouvent pas dans les hommes de prestige ainsi que des grandes lignées et familles, elles n’arrivent pas à entraîner les mouvements de masse en faveur de tel ou tel Parti politique.

C’est pourquoi, si vous le constatez, aussi longtemps que notre Parti a conservé les cadres de ces structures sociales de nos régions dans les hautes instances du Parti et s’assurer le maintien de leurs prestiges au sein des institutions de l’Etat, de l’administration générale et centrale ainsi que des instances de représentation du peuple ou de gestion des collectivités décentralisées, les populations du grand nord ont répondu favorablement au PDCI jusqu’en 2011.

Il est donc désespérant de dire que c’est cette campagne absurde contre le Président BEDIE qui est la cause fondamentale de la perte de vitesse de notre Parti dans le grand nord. Elle est à un dixième près, l’une des causes et non l’essence même du refroidissement du mariage politique entre notre Parti et nos populations depuis des décennies.

Quelle est alors la vraie raison ?

Nous le disons et nous insistons que ce sont les effets à sens unique des accords au sein du RHDP non unifié surtout avec l’accession du RDR  au pouvoir d’Etat en 2011, jouant sur la bonne foi et la patience du Président BEDIE et de notre Parti. C’est pourquoi, les dirigeants de ce Parti se sont farouchement opposés aux candidatures des cadres de notre Parti dans le grand nord.

Ensuite, ils vont opposer une fin de non recevoir à toutes les initiatives du Président BEDIE visant à faire la promotion des cadres de notre Parti, issus de nos régions au plus haut sommet de l’Etat et dans la gestion de l’administration publique.

En réalité, le RDR savait qu’en nous privant de ces deux facteurs, brisait du coup le prestige de nos cadres et élus sortants et anéantissait nos bases populaires. Voici la raison scientifique, la preuve à chaque fois qu’un des notre a mobilisé ses dernières économies pour revendiquer son prestige, il a remporté les élections pour le compte de notre Parti, le PDCI. Par exemple, en 2011, le Vice-président Ouassénan Koné a remporté les élections législatives à Katiola, Doulaye Coulibaly en a fait de même à Kasséré/Baya/Siempurgo en 2016 en allant en indépendant et Jean Louis Billon a été élu député de Dabakala en 2021. Je termine pour dire au Président BEDIE de continuer de nous faire confiance.

Entretien réalisé par Gilles Richard OMAEL


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