Gbagbo nouveau parti

Laisser le FPI à Affi N’guessan: Un prof de Sciences politiques juge la décision de Gbagbo

Lundi 9 août dernier Laurent Gbagbo a décidé de laisser le parti qu’il a créé dans les années 1980 à son ex-Premier ministre, Pascal Affi N’guessan, qui luttait pour conserver le Front populaire ivoirien (FPI). L’opposant historique du père-fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, Félix Houphouët-Boigny, a préféré créer un autre parti qui verra le jour dans quelques semaines. Ousmane Zina est professeur de sciences politiques à l’Université de Bouaké. Invité d’Afrique matin de RFI, il a répondu aux questions de David Baché.

Gbagbo nouveau parti

Pour Ousmane Zina, «on voit se dessiner à l’horizon une volonté de Laurent Gbagbo d’être maître du jeu politique au niveau de l’opposition. Laurent Gbagbo, effectivement, veut compter dans le jeu politique en Côte d’Ivoire.»

Justifiant sa position quant à la maitrise du jeu politique ivoirien au niveau de l’opposition, M. Zina dira qu’«un parti politique, a pour objectif de conquérir ou de conserver le pouvoir d’État et donc je pense bien que Laurent Gbagbo crée ce parti politique dans l’idée effectivement de reconquérir le pouvoir d’État. Et comment ? Avec lui-même ou avec d’autres acteurs qu’il laissera émerger dans le cadre de ce parti politique ? Je pense que le temps nous dira si c’est lui-même qui se positionne. Dans tous les cas, il devient l’acteur incontournable, libre de toute sa stratégie, de toute son action pour effectivement reconquérir ce pouvoir d’État.»

Le politologue s’est également prononcé sur la stratégie des relations futures en Laurent Gbagbo et ses anciens partisans que sont Pascal Affi N’guessan et Mme Simone Ehivet-Gbagbo.

«Je pense que cette manière de faire est une stratégie qui coupe, on dira, dans deux voies ; dans un premier temps qui coupe du côté d’Affi N’Guessan, en fait se décharger totalement d’Affi N’Guessan qui devenait pesant dans sa stratégie politique sa volonté d’aller à l’avant et deuxièmement cette approche coupe du côté de Simone Gbabgo, effectivement qui reste une figure incontournable forte du FPI et qui a aussi des ambitions politiques. Elle n’a pas mentionné la fin de sa carrière politique et pour Laurent Gbabgo, ces deux poids constituaient une véritable gêne. Et donc, créer un nouveau parti politique lui permet de sortir par le haut et d’être effectivement, comme je le disais, le maître du jeu», a analysé Ousmane Zina.

Le professeur de science politique a également émis des réserves, avec prudence, sur les risques de la décision de Laurent Gbagbo de créer un nouveau parti politique.

Il dira que «c’est un risque politique mais comme vous le savez, la politique c’est l’art du possible et donc, je pense qu’en faisant ainsi, Laurent Gbabgo a dû sûrement peser dans la balance effectivement ces risques liés à cela. La question qu’on se pose est, est-ce qu’il pourra tirer cette nouvelle machine véritablement vers le haut, au regard de l’âge, même si, comme ses partisans le disent, son âge ne serait pas un handicap. Est-ce qu’il pourra rassembler comme il l’a fait au niveau du FPI, parce qu’on a de nouvelles générations politiques aujourd’hui, on a de nouveaux jeunes intéressés par le jeu politique. Est-ce qu’il pourra puiser dans les ressources de l’ancien FPI ? Reste à voir… Je pense qu’il y a énormément de questions et au regard de la transition générationnelle qui se profile à l’horizon, qui se fera par le temps, effectivement, on peut voir poindre à l’horizon un risque. Maintenant, vous savez, c’est Laurent Gbagbo qui a énormément de stratégies, qui a un vécu, le temps nous dira s’il avait raison ou pas.»

GRO avec RFI