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Oumé/Lagui Kouassi Joachim (PDCI) : «La présence de l’opposition à l’Assemblée nationale, avec 117 députés, va influencer et porter des fruits»

Lagui  Kouassi Joachim. Il est le premier magistrat de la commune de Oumé. A la faveur des législatives récentes, il vient d’être élu député de sa circonscription. Dans l’interview qui suit, il livre ses sentiments et donne son avis sur la nouvelle législature ainsi que le profil de son futur président qui sera connu, ce mardi.

Quel sentiment vous anime aujourd’hui,  après les législatives que vous avez remportées dans votre circonscription?

Bien évidemment, c’est un sentiment de joie qui m’anime, un sentiment de reconnaissance au président Henri Konan Bédié, président du Pdci, au Secrétaire Exécutif en chef Maurice Kakou Guikahué, qui ont eu confiance en notre candidature, qui ont eu foi en nous. Et Dieu merci, le résultat est là. Ensuite, un sentiment de reconnaissance aussi vis à vis de toute la population d’Oumé, qui a démontré, en sortant massivement pour voter, qu’elle a un fils qui leur fait confiance.

La bataille, on l’imagine, n’a pas été facile. Vous aviez en face de vous une candidate qui est un haut cadre du pouvoir et plusieurs candidats indépendants. Selon vous, qu’est-ce qui a fait la différence?

Nous avions en face de nous des candidats de taille, des candidats expérimentés politiquement. Donc au regard de l’importance de cette mission, nous n’avons pas lésiné sur les moyens. Nous avions  mis tous les moyens qu’il fallait en notre disposition,  les moyens légaux, bien attendu. Et nous nous sommes organisés durant tout le mois de février.  Nous avons axé nos actions en qualité de cadre du département, au niveau social. Nous avons fait beaucoup de dons dans les villages et dans les campements. Nous avons été toujours proche de nos populations,  nos parents,  nous sommes toujours  à leur écoute. Et cela a permis à nos parents ainsi qu’à nous également, d’avoir ce résultat.  Donc, c’est vous dire que nous sommes à l’écoute de nos populations et  très proche de  nos parents.

Vous êtes maire de la commune d’Oumé, vous venez d’être élu député, avec la caution de votre parti, le Pdci-Rda. Est-ce que cela voudrait dire que le Pdci a une véritable assise à Oumé?

C’est vrai, le Pdci-Rda a une véritable assise dans cette localité. Mais il faut savoir aussi que ces différents succès glanés par le Pdci-Rda ont une petite histoire.  Je pense qu’entre  2017-2018, le Pdci était pratiquement en difficulté à Oumé après notre mariage avec le Rdr qui a donné lieu au Rhdp. Donc en 2018 déjà, cela se traduisait  par l’abandon du siège du Pdci par les militants. Et ce siège était en état de délabrement très avancé.  Donc pour redonner espoir à nos militants, nous avons entrepris un certain nombre d’actions. Il s’est  agi de la réhabilitation du siège,  ceci pour dire à nos militants que le Pdci-Rda revient très bientôt.  Je pense que c’est ce qui a motivé nos parents depuis un certain temps à s’engager aux côtés du Pdci. Donc le Pdci-Rda est vivant à Oumé et continuera d’être vivant à Oumé.

Comment  entrevoyez-vous la nouvelle Assemblée Nationale quand on sait qu’au sein de cette Assemblée,  vont siéger toutes les grandes forces politiques de la Côte d’Ivoire?

Je pense que cette nouvelle Assemblée Nationale aura plusieurs colorations. Donc au regard de sa composition, je sais que cela donnera lieu à de véritables échanges au sein de l’hémicycle.  Cette Assemblée  ne sera pas comme celle des dix dernières années passées où le Fpi n’était pas présent.  Aujourd’hui, le Fpi est là avec le Pdci, Eds, l’Udpci, qui auront en face le parti au pouvoir.  Je sais que cela sera un véritable cadre d’échanges pour le bonheur de toute la population ivoirienne.

Pensez-vous, aujourd’hui, que cette nouvelle Assemblée Nationale peut influencer la politique de l’Exécutif?

Bien attendu, cette nouvelle Assemblée Nationale aura un impact sur la politique que doit mener l’Exécutif. Souvent, on  dit que quand un parti politique n’est pas majoritaire à l’Assemblée Nationale, il ne  peut influencer les décisions qui sont  prises au sein de cette Assemblée.  Moi je pense autrement. L’Assemblée Nationale me renvoie à cette image. C’est comme si vous aviez une maison qui est gardée  par des  vigiles. Le fait de savoir qu’il y a des vigiles qui gardent  cette maison, cela a un effet dissuasif même si ces vigiles  ne sont pas armés. Donc dans cette nouvelle Assemblée Nationale,  je sais qu’il y aura des projets ou des propositions  de lois qui ne seront pas adoptés, comme si c’est un seul  parti politique qui est représenté au Parlement.  Avant la prise de toute décision,  l’on tiendra compte de la présence de tous les partis politiques. Donc moi, j’ai foi que malgré la majorité relative du parti au pouvoir dans cette Assemblée, la présence de l’opposition avec 117 députés,   va influencer et même porter des fruits.

Nous avons connu  octobre 2020, les législatives en mars dernier,  comment voyez-vous l’avenir politique au plan national ?

Quand vous prenez 2016, au plan national,  il y avait le Rdr, le Pdci, l’Udpci, le Mfa, qui étaient tous rassemblés au sein du Rhdp. Aujourd’hui, nos amis du Fpi qui avaient abandonné leur participation aux différentes élections,  sont de retour. Cela voudrait dire   que la Côte d’Ivoire est en train d’amorcer un nouveau départ pour la stabilité politique. Parce que quand  vous empêchez les autres de donner leur opinion, cela crée des frustrations qui ont pour conséquences les crises. Donc aujourd’hui, je pense que nous avons une Côte d’Ivoire  beaucoup  plus  ouverte avec une génération de députés, des jeunes avec des esprits plus ouverts. Avec  l’amour que chaque Ivoirien a pour son pays, je pense que nous partons  vers l’apaisement au niveau de la Côte d’Ivoire.

Et au niveau de votre parti le Pdci-Rda, quelles sont les perspectives, l’avenir selon vous ?

Ce serait vraiment  très prétentieux de ma part, de donner les perspectives du Pdci-Rda. Mais je pense, au regard de la réunion que les délégués ont eue avec le Secrétaire Exécutif en Chef, il est question de se préparer dès  maintenant pour les batailles à venir. C’est maintenant que demain se prépare. Donc, il a instruit  tous les délégués départementaux et communaux de continuer à travailler, à être  près des populations pour les futures batailles, municipales, sénatoriales, régionales et les présidentielles à venir.

Quelle est votre opinion  aujourd’hui de l’alliance Pdci-Fpi ? Pensez-vous que cela va changer le visage du paysage politique en Côte d’Ivoire ?

Les alliances  sont des choses très importantes en politique. Et ce n’est pas la première alliance que le Pdci tisse avec un parti politique. L’histoire récente de la Côte d’Ivoire nous apprend que le Pdci était en alliance avec le Rdr au sein du Rhdp. Avant  le Pdci, le Rdr était en alliance avec  le Fpi. Aujourd’hui, c’est le Pdci et Fpi qui sont en alliance. Je pense comme on le dit souvent, la politique est la saine appréciation des réalités du moment.  Donc la réalité du moment, c’est que nous avons besoin d’être ensemble,  pour que la Côte d’Ivoire retrouve la paix définitivement. Et c’est ce qui est important et c’est ce qu’il faut retenir.  Je pense que cette alliance entre le Fpi et Pdci-Rda est la bienvenue pour l’apaisement en Côte d’Ivoire.

Quel  message souhaitez-vous que les populations d’Oumé retiennent au terme de ces législatives?

Je ne peux que dire merci aux populations d’Oumé.  Au regard du score que nous avons eu à la suite de ces législatives, nous ne pouvons que leur dire merci. Vous  savez que je suis maire en fonction à Oumé. Et aller à des élections législatives, on se posait beaucoup de questions. Mais le résultat nous a démontré que nos parents espèrent beaucoup en nous, nous font confiance. Et c’est  cette confiance qui est quelque chose de très important pour moi. C’est  un poids et ça, je veux leur rendre cela pour continuer vraiment de mériter la confiance qu’ils ont placée en moi.

Donc vous marquez votre volonté à être toujours avec les populations d’Oumé ?

Oui, une volonté totale à être toujours à leurs côtés. Nous continuerons d’être très proche des parents.  Aujourd’hui, notre défi majeur, c’est comment faire pour que nos populations  soient toujours en contact avec nous et que cette relation ne soit pas rompue. Nous voulons toujours être à leur écoute, et ça, je ferai en sorte que le peu que nous recevons, nous puissions le partager avec nos parents. Au niveau du social, je ferai tout ce qu’il faut pour que mes parents ne soient pas déçus.

Lagui Kouassi Joachim
Oumé/Lagui Kouassi Joachim (PDCI) : «La présence de l'opposition à l’Assemblée nationale, avec 117 députés, va influencer et porter des fruits» 7

Ce mardi, les députés vont élire le nouveau président de l’Assemblée Nationale. Pour vous, quel profil doit avoir le futur président de cette Institution?

Il faudrait que le nouveau président de l’Assemblée Nationale soit un véritable président qui se met au-dessus de tout clivage, même s’il est issu d’une formation politique. Et qu’il œuvre pour une véritable cohésion  au sein de l’Assemblée Nationale au-delà des débats. Nous avons eu une expérience récente, où à un moment donné, nous avons eu une Assemblée Nationale qui a failli voler en éclat. C’est vrai que c’est un cadre  où les échanges sont  souvent houleux, mais il faut que le président accepte la différence, les députés de l’opposition comme ceux issus du parti au pouvoir. Si le mur de glace n’est pas brisé, comment pouvons-nous discuter ? Si les députés, entre eux, ne brisent pas le mur de méfiance, comment voulez-vous que nous défendions les intérêts des populations qui ne sont pas au sein de l’Assemblée avec nous ? Donc il faut que les murs de méfiance soient rompus entre nous et que les textes et projets de loi, qui sont à étudier, se fassent dans la confiance afin que les Ivoiriens puissent en profiter. Il faut donc que le président de l’Assemblée Nationale s’inscrive dans ce cadre et qu’il se dise qu’il est le président de tous les députés.

Interview réalisée par Le Nouveau Réveil

du lundi 29 mars 2021 – N°5724 // www.lereveil.net