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Covid-19 en Côte d’Ivoire: Les décisions incohérentes du Conseil national de sécurité… Il faut arrêter de faire semblant de lutter

Covid-19 en Côte d’Ivoire: Les deux nouvelles décisions incohérentes du Conseil national de sécurité… Il faut arrêter de faire semblant de lutter

NOUS VOUS PROPOSONS LES 10 MINUTES DE GBALET PULCHERIE DU VENDREDI 12 JUIN 2020 (retranscrit de la Vidéo)

Aujourd’hui nous allons exposer sur les failles dans la gestion de la COVID.

Depuis le début de la COVID, nous avons relevé des failles au fur et à mesure des décisions gouvernementales, mais malheureusement les choses vont en empirant. C’est à croire que le Gouvernement tâtonne et ce n’est pas rassurant pour les populations. La plupart des décisions sont en contradiction avec les objectifs qu’elles prétendent atteindre. Nous allons donc nous prononcer sur le conseil de sécurité du jeudi 11 juin, présenter des cas d’incohérence, présenter des promesses non tenues et nos recommandations.

LE CONSEIL NATIONAL DE SECURITE DU JEUDI 11 JUIN

Hier (mercredi 11 juin 2020), il s’est tenu un conseil de sécurité qui a encore pris des décisions dont 2 sont, à notre sens, incohérentes, notamment :

  • Le retour des rassemblements à 50 personnes, alors que l’école qui draine du monde est ouverte et rassemble plus de 50 personnes par classe et dans les cours de récréation;
  • Le maintien de l’isolement du Grand Abidjan, en renforçant le contrôle aux entrées/sorties et en sanctionnant les cas de violation, alors que les dispositions ne sont pas prises pour faciliter les déplacements. A l’intérieur par exemple, ce sont les préfets qui donnent l’autorisation. Il nous est revenu que non seulement les demandes ne sont pas traitées avec diligence dans certaines préfectures, mais après le traitement, les requérants ne sont pas vite informés du résultat de leur demande. Il faut faire le pied de grue chez les Chefs de cabinet pour avoir l’information.
  • Le Conseil National de Sécurité décide du renforcement du contrôle de l’obligation de port du masque par la sensibilisation communautaire et la répression. C’est effectivement nécessaire de renforcer la sensibilisation communautaire, mais tant que la gratuité du masque n’est pas effective, la répression n’est pas indiquée.

QUELQUES CAS D’INCOHERENCES

  • Le cas de l’intérieur du pays
  • On nous a annoncé que depuis le 21 avril, il n’y avait plus de cas de COVID mais après le conseil de sécurité du 07 mai le Chef de l’Etat a annoncé l’ouverture de l’école à l’intérieur du pays, et par la même occasion le déconfinement de l’intérieur.
  • Ensuite on a annoncé que les départs à l’intérieur seraient conditionnés par un dépistage négatif au COVID. Il s’en est suivi une affluence et un désordre dans les centres de dépistage. Ils sont revenus sur leur décision alors qu’elle était bonne. Aujourd’hui l’intérieur est à nouveau contaminé.
  • L’insuffisance de la dotation des Sous-préfets pour la sensibilisation de proximité. On leur a donné du carburant sans mettre à leur disposition le matériel de protection à distribuer en quantité suffisante.
  • Le cas de l’école
  • Les élèves des classes intermédiaires n’auraient pas dû être intégrés à la reprise de l’école ;
  • Non seulement la majorité des écoles n’a pas été désinfectée avant la reprise et certaines écoles ne disposent pas de dispositifs de lavage des mains alors que c’est un minimum et certaines écoles comme le lycée de Angré n’ont même pas d’eau ; On a déjà parlé de l’indisponibilité des masques au point que certains élèves se fabriquent des masques en papier.
  • Le transport des élèves qui doivent regagner Abidjan continuent. On nous montre les images fièrement alors que non seulement ce n’est pas gratuit, mais plusieurs élèves courent le risque d’aller aux examens sans avoir suivi de cours, car on arrêtera les notes le 26 juin et lundi nous serons déjà au 15 juin.

LES PROMESSES NON TENUES

Plusieurs promesses ne sont pas tenues. On va rappeler 2 qui sont primordiales :

  • Port du masque obligatoire

En contradiction avec la gratuité du masque qui n’est pas effective. Les populations démunies n’en ont toujours pas et les élèves non plus, même si certains établissements en distribuent aux enseignants et aux élèves.

En ce qui concerne les travailleurs, on leur demande de présenter leur carte de CMU dans les pharmacies pour être servis en masques alors que le mieux serait de les distribuer directement dans les services, car tous les travailleurs n’ont pas encore reçu leur carte de CMU.

  • Grâce présidentielle non effective

Depuis le 8 avril 2020, le Chef de l’Etat à travers une grâce présidentielle a autorisé la libération de 2004 prisonniers. Jusqu’aujourd’hui 12 juin, c’est-à-dire plus d’un mois après, cette mesure n’est pas effective alors qu’en raison de la surpopulation carcérale, les 2004 ne suffisent pas à désengorger les prisons. Pourquoi cette lenteur pour une mesure aussi essentielle à laquelle tous les pays ont sacrifié ? A quand leur libération ?

Dans quel pays sommes-nous ? Nos gouvernants travaillent-ils vraiment au bien être ivoiriens ?

Si c’est le cas on devrait réfléchir constamment à comment protéger le peuple au lieu de prendre des décisions qui l’expose, surtout dans ce contexte où le monde entier est menacé par cette pandémie.

RECOMMANDATIONS

Nos recommandations sont les suivantes :

  • Sortir du folklore et renforcer la sensibilisation de proximité ;
  • Distribuer effectivement les masques dans les quartiers populaires ;
  • Libérer les prisonniers graciés et désengorger les prisons en en libérant beaucoup plus y compris tous ceux qui sont fragiles ;
  • Pour protéger les populations de l’intérieur du pays, ramener la décision des dépistages avant d’aller à l’intérieur du pays, distribuer le matériel de protection dans les villages à travers les Sous-Préfets ;
  • Pour l’école, avoir des rencontres avec tous les acteurs du secteur pour prendre des décisions éclairées : administration, syndicats d’enseignants et parents d’élèves pour trouver les meilleures solutions.
  • Puisque toutes les décisions du Gouvernement favorisent les contaminations et que les mesures barrières qui sont impossibles à respecter dans plusieurs quartiers et à l’intérieur du pays, la solution serait donc pour nous de nous en remettre à l’immunité collective et mettre l’accent sur le dépistage massif. L’immunité collective est l’idée selon laquelle lorsque 50 à 60% de la population est contaminée, elle développe suffisamment d’anticorps pour freiner le développement de l’épidémie. Nous savons désormais que le Gouvernement ne peut pas assumer un éventuel confinement.

Il faut donc arrêter de tâtonner et prendre des mesures réalistes au lieu de faire semblant de lutter contre la COVID.

Bon appétit à ceux qui sont à table et à demain 12h30 pour un autre sujet.