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Jean-Marie Kakou-Gervais (Pdci) crache ses vérités au régime Ouattara-Rhdp: «La réconciliation a un coût, et ce coût n’est ni matériel ni financier…mais voici son coût»

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Après Frédéric Grah Mel (1ère édition), Emile Constant Bombet (2e) et Alphonse Djédjé Mady (3e), la 4e édition de ‘’Les mercredis du Pdci-Rda’’ avait pour conférencier, l’ancien ministre, Jean-Marie Kakou-Gervais, avec pour thème : «LA RECONCILIATION EN COTE D’IVOIRE : UN ENJEU POLITIQUE MAJEUR». Ci-dessous son intervention en propos liminaires.

LA RECONCILIATION EN COTE D’IVOIRE : UN ENJEU POLITIQUE MAJEUR
C’est une expérience enthousiasmante que d’échanger avec les membres des instances de notre parti réunis par le Comité des Sages pour entendre un Conférencier sur des sujets divers, que ceux-ci soient d’actualité ou de notre histoire. Ces rencontres ne cessent de gagner en intérêt. Ainsi avant moi, d’éminents cadres à la pensée étayée se sont-ils succédé à cette tribune. D’être à mon tour invité à cette rencontre est donc pour ma part, source de grande fierté. Je voudrais donc vivement remercier le Comité des Sages d’avoir, cette fois, porté son choix sur ma personne.

Mesdames et Messieurs, chers militantes et militants du PDCI-RDA,

Le 18 octobre 2018 à Yamoussoukro, à l’occasion du jour anniversaire de la naissance du Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY, j’avais été invité par le Professeur Jean-Noël LOUCOU, Secrétaire Général de la FONDATION FELIX-HOUPHOUËT-BOIGNY POUR LA RECHERCHE DE LA PAIX à disserter sur le thème de la réconciliation pour m’interroger, en dernier ressort, et face aux occasions manquées pour nous réconcilier, s’il ne fallait pas regretter l’absence et la sagesse du Père Fondateur.
Le sujet reste d’actualité. Il est même devenu, en Côte d’Ivoire, un enjeu politique majeur. Il le sera davantage à mesure que nous approcherons de 2020.
Je n’hésite donc pas à partager avec vous, après actualisation, ce qui avait été ma pensée sur ce sujet.

FACE AUX ENJEUX DE LA RECONCILIATION EN COTE D’IVOIRE, FAUT-IL REGRETTER L’ABSENCE DE FELIX HOUPHOUËT-BOIGNY ?

Le mot Réconciliation est devenu aujourd’hui un vocable passe-partout de la rhétorique politique. On ne compte plus les organes spécifiques créés dans notre pays au nom de la réconciliation nationale. Qu’il me soit permis de n’en citer ici que quatre :

  • le Forum pour la Réconciliation nationale ;
  • la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR) ;
  • la Commission Nationale pour la Réconciliation et l’Indemnisation des Victimes (CONARIV) ;
  • la Chambre des Rois et des Chefs traditionnels. Etc.

Si l’on tient compte du contexte, ces organismes n’ont pas démérité dans leurs tentatives pour nous réconcilier. Ils ont fait ce qu’il était possible d’entreprendre. Malheureusement, il semble qu’ils aient laissé les Ivoiriens sur leur faim. Nos compatriotes sont, en effet, légion pour estimer qu’en matière de réconciliation, rien n’a vraiment changé. Il suffit d’aborder la question autour de soi pour en faire le constat.

Il est par conséquent justifié de se demander à quoi ont servi tous ces efforts déployés alors que les dissensions entre Ivoiriens s’accentuent chaque jour davantage et que le peuple aspire toujours et en vain, à se réconcilier.

Ainsi donc, est-il superflu de se demander si les approches choisies pour nous réconcilier ne sont pas, actuellement, marquées au coin d’une irrationalité ?

Certes, l’exigence d’une réconciliation est d’une nécessité dont personne ne saurait contester l’importance dans un pays qui aspire à la concorde, à la paix sociale, et au progrès. Depuis la fin de la crise postélectorale, le discours dominant affirme avec force son désir de réconciliation.

Pour autant, tout va-t-il de soi simplement parce que nous aspirons à la réconciliation et que cette vision partagée est acquise ?

La réponse est simple : les tentatives engagées et les méthodes pour réconcilier les Ivoiriens ont toutes péché pour avoir oublié que la réconciliation ne peut, ni être l’œuvre d’une institution, ni être décrétée. Elle ne peut être que le résultat d’une maturation dans un cadre national qui ferait de la justice et de l’équité les socles d’un élan national sous la conduite de responsables à la légitimité reconnue et incontestée.

Souvenons-nous, la crise postélectorale est issue du conflit entre deux formations politiques apparemment irréconciliables, avec à leur tête deux leaders qui n’ont jamais été réunis pour mettre fin à leurs dissensions, l’un étant devenu Président de la République et l’autre ayant été emmené en prison à La Haye.
C’est en cela que se trouve réunie, la problématique de la réconciliation en Côte d’Ivoire. Essayons d’en examiner les facteurs.

LA RECONCILIATION EN COTE D’IVOIRE ET SA PROBLEMATIQUE.

Pour certains, la réconciliation n’est possible que si l’on remonte aux sources des dissensions nées dans les années 1990, à l’avènement du multipartisme, pour faire l’inventaire de toutes nos frustrations, nos amertumes et ressentiments.
Pour d’autres, il doit être procédé à «la réhabilitation des vertus ancestrales et traditionnelles pour restaurer les codes et les principes sociaux tels que l’humilité, la sincérité, la patience et le respect de l’autre». Aucune temporalité n’est fixée à cette proposition qui renvoie implicitement la réconciliation en Côte d’Ivoire aux calendes grecques, telle une chimère.

D’autres, enfin, considèrent que les choses n’ont jamais paru aussi compliquées. Que nous apprend le Larousse sur la réconciliation ? « Réconcilier, nous apprend-il, c’est établir des relations amicales entre personnes brouillées ».

Si l’on s’en tient à cette définition, la question qui vient à l’esprit est de savoir quelles personnes sont brouillées. Comme on le dit prosaïquement chez nous, « qui est fâché dans le pays ? »

Je ne crois pas que l’on puisse répondre à cette question en se défaussant sur le peuple ou sur la société. Vouloir réconcilier le peuple est, selon des chercheurs, « un alibi pour ne rien tenter, ni rien faire », sinon le tromper par démagogie.

En effet, un peuple dans sa globalité n’est pas « fâché » au point d’être amené à se réconcilier. La réconciliation, à mes yeux, ne concerne donc, du moins pour l’essentiel, que les leaders politiques protagonistes de la crise. Nous les connaissons. Il n’est donc pas nécessaire de les nommer ici. Ce sont les leaders qu’il faut réconcilier. Ils sont les seuls habilités à inscrire dans notre inconscient collectif le désir de réconciliation par des engagements réels et sincères dominés par la vérité.

Me viennent à l’esprit les exemples de Charles de GAULLE recevant, le 14 septembre 1958 à Colombey-les-Deux-Églises, le Chancelier allemand Konrad ADENAUER, et tout récemment, aux mois de juillet et août 2018, le voyage du Premier ministre éthiopien Abiy AHMED en visite en Érythrée, cinq jours après un premier déplacement du Président érythréen Issayas AFEWERKI en Éthiopie, pour éteindre les flammes de décennies de discordes et de guerre entre leurs deux pays.

Nous pourrions nous demander pourquoi les leaders politiques sont-ils les parties prenantes ESSENTIELLES dans la réconciliation ? Tout simplement parce qu’ils sont l’incarnation des peuples. C’est à travers leurs leaders légitimes que les peuples se reconnaissent, s’identifient et se projettent. Il est donc impossible de prétendre réconcilier le peuple ivoirien avant ses leaders. Vouloir réconcilier la société ivoirienne avec elle-même, en laissant à l’écart les protagonistes de la crise postélectorale, c’est aller à l’échec.

Le désaccord profond qui existe aujourd’hui entre le Chef de l’Etat en exercice et son challenger – ce dernier, je le rappelle, ayant été en prison à La Haye puis libéré mais actuellement sous contrôle judiciaire à Bruxelles – affecte profondément l’ensemble du pays et nourrit des aigreurs inqualifiables dans les relations entre Ivoiriens.

A ces aigreurs – comme s’il n’y en avait déjà pas assez – sont venues s’ajouter les dissensions profondes entre notre parti et le RHDP-unifié, à la suite des tentatives inimaginables pour dissoudre le PDCI-RDA, tentatives suscitées par le parti au pouvoir.

Il ne s’agit pas, par ailleurs, de réconcilier les partis qui demeurent « des entités associatives désincarnées », mais les leaders de ces partis que la politique a rendus quasiment irréconciliables par une guerre entre Ivoiriens pour gouverner la Côte d’Ivoire. C’est évidemment à partir d’eux que la réconciliation des Ivoiriens sera assurée. A condition toutefois, qu’ils consentent à s’élever, au nom de la paix et de l’unité du pays, au-dessus des contingences qui les divisent. De leur part, c’est le prix à payer. Car, chacun le sait, « la réconciliation a un coût ». Et ce coût n’est ni matériel ni financier.

QUEL EST DONC LE COÛT DE LA RECONCILIATION ?

Concrètement, cela veut dire que nos leaders doivent être assez humbles pour reconnaître les fautes qu’ils auraient pu commettre pour solliciter le pardon des Ivoiriens.

Je ne sache pas que l’un des protagonistes visés par mon propos n’ait jamais sollicité le pardon du peuple ivoirien meurtri dans sa chair, du fait des dissensions orchestrées ou des conséquences de ces frictions. Tous ont demandé pardon. Sauf un et, pour ce dernier, il devient trop tard pour sacrifier à cette exigence. Le peuple, dans tous les cas, attend.

La rhétorique en usage dans la propagande et les meetings politiques où l’on ressasse des mots apaisants qui laisseraient croire que « l’on tend la main à l’autre » n’abusent pas les Ivoiriens, lesquels se demandent à juste titre « à qui l’on tend la main et à qui l’on ouvre ses bras », alors que l’un des protagonistes est en prison à la Haye et aujourd’hui, à Bruxelles, sous contrôle judiciaire.

Et la récente rencontre dont tous les Ivoiriens et toute l’Afrique se sont réjouis, entre les Présidents Henri Konan BEDIE et Laurent GBAGBO, rencontre qui, au-delà du geste fraternel, n’avait d’autre but que la réconciliation nationale, a, hélas, été traitée dans l’indifférence, sinon raillée par les cercles proches du pouvoir pour tenter, sans succès, d’en minimiser la portée. Narcissisme politique ? Apologie de la stigmatisation et du dénigrement ? Comment qualifier une telle attitude ?

On en oublierait que le prix de la réconciliation c’est encore celui d’assumer notre histoire. Il nous faut donc nous repentir des querelles que nous avons commises. Il n’y a pas d’autre voie que celle de la repentance, de la contrition pour adoucir le cœur meurtri des Ivoiriens.

Mais cela doit commencer par le sommet de l’Etat qui doit reconnaître qu’il est ni infaillible ni omniscient ; l’infaillibilité, d’ailleurs, n’étant pas de ce monde. Et la seule indemnisation des victimes de la crise par « l’argent » ne saurait suffire.

Pour nous réconcilier et c’est ma modeste observation, ignorer la contrition, la voie de la repentance, c’est, ni plus ni moins, s’égarer. Or, le pouvoir parait ne pas envisager cette voie. Il explore d’autres pistes, notamment celle de l’économie.

Dans une brève et récente tribune parue dans le bulletin « la voix de Phénix », j’ai relevé que réconcilier les Ivoiriens par la prospérité économique, était un leurre. L’économie ne remplace pas l’âme d’un pays lorsque celle-ci a tant souffert.

LA RÉCONCILIATION PAR LA PROSPÉRITÉ ÉCONOMIQUE EST UN LEURRE.

D’aucuns pensent, en effet, – et c’est apparemment la thèse en vigueur dans les cercles du pouvoir – que la réconciliation des Ivoiriens est possible par les performances de notre économie. Et les lauriers tressés ici et là par le FMI et la Banque Mondiale du fait des résultats obtenus depuis la fin de la crise postélectorale, tiendraient lieu de baume au cœur des Ivoiriens qui finiraient par oublier leurs blessures. Dans un contexte de prospérité, les Ivoiriens, considèrent-ils, nourriraient des sentiments positifs pour oublier les amertumes de la crise.

Cela est possible et cette stratégie n’est pas à écarter totalement. Une richesse équitablement répartie peut, en effet, être un baume salutaire. Cependant, et selon les économistes, cette stratégie devient rapidement un leurre si elle n’aboutit pas à la répartition équitable des fruits de la croissance économique.

Et combien sont actuellement, en Côte d’Ivoire, les Ivoiriens à partager les fruits de la croissance et à pouvoir ainsi se calmer ? Malgré un taux de pauvreté frisant plus ou moins les 50% que nous connaissons, le pouvoir parait avoir délibérément fait de l’économie un choix stratégique exclusif pour nous réconcilier. Mais comment réconcilier un peuple divisé entre la richesse des uns et la pauvreté accablante des autres, dans un contexte où les dissensions politiques demeurent et se renforcent chaque jour davantage ?

Je pense au livre d’une historienne et anthropologue, Marie Miran-Guyon, intitulé Guerres mystiques en Côte d’Ivoire. Religion, patriotisme, violence (2002-2013). Elle consacre une réflexion inspirante à la question de la réconciliation en Côte d’Ivoire. Elle affirme à propos de la réconciliation « qu’il s’agit d’un élan intérieur philosophique n’ayant rien à voir avec la matière que seuls les leaders politiques concernés peuvent manifester ». Et elle rappelle, toujours à propos de la réconciliation par les performances économiques, « l’indifférence des Ivoiriens dont les priorités sont ailleurs et qui affirment : « On ne mange pas pont, on ne mange pas goudron ! » Alors que faire ?

LA LEGITIMITE COMME FERMENT DE LA RECONCILIATION

Que faire ? Je répondrais à cette question en m’appuyant, pour ma part, sur Amadou HAMPATE BA qui nous enseigne, en substance, que dans la tourmente, les êtres ont toujours l’idée d’en référer au passé, car c’est lui qu’ils connaissent le mieux. Notre passé immédiat, c’est Félix HOUPHOUËT-BOIGNY. Nous pouvons nous demander ensemble et c’est ma quête à travers cette dissertation : dans la circonstance actuelle, qu’aurait fait Félix HOUPHOUET-BOIGNY ?

Dans notre histoire et dans notre inconscient collectif, Félix HOUPHOUËT-BOIGNY bénéficie à la fois de la « légitimité naturelle et de la légitimité charismatique », qualité rare illustrée dans l’histoire que par des personnalités comme George WASHINGTON, Napoléon BONAPARTE, et, de nos jours, Charles de GAULLE, Nelson Mandela, le Pape JEAN-PAUL II ou le DALAI LAMA, pour ne citer que ceux-là.

Félix HOUPHOUËT-BOIGNY n’était ni un oracle, ni un mage. C’était un être comme nous. Mais c’était un sage, au sens où nous les Africains, entendons ce mot. Dès lors, l’idée qu’il y ait pu avoir en Côte d’Ivoire, sous sa mandature, une guerre civile déchirante n’effleure pas nos esprits si peu que ce soit.

Mais nous savons, depuis Victor HUGO, que « toute vie éminente est sujette aux orages ». HOUPHOUËT-BOIGNY a donc eu sa part de tourments, à travers des affaires politiques que nous connaissons et qu’il a réglées pour nous réconcilier. Parce que vous connaissez ces Affaires, je ne voudrais citer ici que l’Affaire du Sanwi en 1959, les complots des années 1963-1967 et, dans les années 1970, l’Affaire du Guébié.

Dans la tourmente, nous savons que l’homme, adepte de « l’arbre à palabres », agissait par consensus pour convaincre de la légitimité de ses approches, sans remettre en cause celles des autres, ni les ignorer, ni confondre l’interlocuteur, puis invitait au dialogue pour régler les problèmes. En omettant de remettre en cause les postulats des autres, il suscitait en retour leur compréhension, la recherche du consensus équivalant chez lui à la repentance qu’il exprimait en dernier ressort. Souvenons-nous de l’Affaire des complots de 1963. Félix HOUPHOUËT-BOIGNY avait demandé pardon à tous les Ivoiriens pour avoir été trompé.

Dans ses approches des dissensions politiques nationales, il avait le don d’humaniser ses rapports aux autres sans omettre la repentance lorsqu’il était convaincu d’en passer par là pour entraîner le consensus qui, chez lui, était une exigence morale indissociable de la concorde nécessaire à la gestion des affaires de l’État. Il n’y avait chez lui, ni arrogance, ni autoritarisme pour écraser et abaisser l’autre, ni « épée de Damoclès » pour assouvir une vengeance, mais la force de conviction. Son charisme qui en imposait à tous et sa bonté étaient connus et suffisaient pour imposer son incontestable légitimité. De plus, il était traditionnellement un Chef enraciné dans son terroir comme il l’était historiquement et constitutionnellement à la tête de l’Exécutif du pays. Pour nous réconcilier, nous unir, sa légitimité agissait comme un ferment.

Qu’on ne s’y trompe pas. La légitimité n’est pas simplement électorale. Ceux qui pensent que parce qu’ils ont été élus pour siéger dans nos Assemblées, dans nos institutions ou nos commissions, sont légitimes pour nous réconcilier, s’illusionnent.

La légitimité ressortit à une certaine éthique enracinée au tréfonds de nos sociétés. Elle est affaire de leadership ; elle peut être charismatique. Félix HOUPHOUËT-BOIGNY avait cette légitimité charismatique tirée de son enracinement, une légitimité qui lui a permis de réconcilier les Ivoiriens chaque fois que la nécessité s’en était fait sentir.

Comme rien n’est parfait sur la terre des hommes, Félix HOUPHOUËT-BOIGNY commit évidemment quelques erreurs, qu’il reconnaîtra lui-même, dans la gestion des hommes du pays. Je citerais le remaniement ministériel du mois de juillet 1977 dont il dira lui-même, un jour, comme pour exprimer, encore une fois sa contrition : « C’était nécessaire mais on aurait pu s’en passer ». Je citerais encore la malheureuse rétention des ventes de café-cacao dans les années 1980, pour lutter contre « les spéculateurs » : une crispation opérée dans un contexte inadéquat où il s’est trouvé isolé, crispation aux conséquences graves pour notre économie et un des rares épisodes qui auront quelque peu assombri son règne.

Alors, je pose avant de m’arrêter, cette simple hypothèse d’école : qu’aurait fait Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, s’il avait connu une crise armée similaire à celle à laquelle nous avons été confrontés en 2011 ?

FACE A UNE CRISE ARMEE SIMILAIRE QU’AURAIT FAIT FELIX HOUPHOUËT-BOIGNY ?

Chers Militantes et Militants du PDCI-RDA, chers amis,

J’ai du mal à imaginer Félix HOUPHOUËT-BOIGNY dans la situation qui a été la nôtre depuis sa disparition il y a 26 ans, situation aggravée par la crise postélectorale, des périodes au cours desquelles nous avons vu les Ivoiriens s’entre-déchirer. Il était trop attaché à notre cohésion dont il avait fait sa tâche première, à l’unité du pays à laquelle il a travaillé sa vie durant. Jamais, il n’aurait été à la base de telles frictions entre Ivoiriens et de surcroit, de guerres.

Il abhorrait par-dessus tout, les confrontations armées. Entre Ivoiriens, il aurait réglé les discordes de la façon la plus consensuelle. Et sans doute n’aurait pas admis que de telles situations adviennent. Sa légitimité historique et son charisme auraient suffi pour nous épargner ces secousses politico militaires si longues où tant de vies ont été perdues. Et sans doute n’aurions-nous jamais connu la guerre en terre ivoirienne.

Pétri d’humilité, de sincérité, du respect de la parole donnée, de la reconnaissance de ses erreurs, de l’expression du pardon et surtout du respect de la vie humaine, il n’avait qu’une ambition : faire de la Côte d’Ivoire un pays uni et un modèle. Depuis sa disparition il y a 26 ans, – permettez-moi d’user de cette expression, beaucoup « le cherchent avec torche en plein jour » !

Heureusement, des décennies durant, des Ivoiriens ont été à son école. Aujourd’hui, tous se retrouvent et se réclament de lui. Ils sont là, entourés de jeunes formés et éduqués. Ils peuvent se prévaloir d’une symbiose parfaite avec nos sociétés et nos traditions, que celles-ci soient du Sud, du Nord, d’Est ou de l’Ouest. Je suis donc convaincu que de la Plateforme proposée par le Président Henri Konan BEDIE, Président du PDCI-RDA, émergera celui qui, accordé à tous ses pairs, entreprendra la réconciliation vraie des Ivoiriens.

Un journaliste a récemment posé au Président Henri Konan BEDIE, la question de savoir : « quel serait le regard de feu Félix HOUPHOUËT-BOIGNY sur l’évolution actuelle de la Côte d’Ivoire ?». Voici sa réponse : « S’il était vivant et revenait au pouvoir, il redresserait beaucoup de choses. Sa sagesse manque, même si nous vivons à une autre époque et des réalités différentes ».
Ces mots livrés par le Président Henri Konan BEDIE viennent étayer, mieux que je n’aurais pu le faire, tout ce qui procède de mes propos.

Ils seront ma conclusion.
Je vous remercie.

Jean-Marie Kakou-Gervais
Le 28 août 2019

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