Maurice Bandaman et André Silver Konan

Burida-André Silver Konan au ministre Maurice K. Bandaman: «Vous serez une grande honte pour les intellectuels ivoiriens, si…»

Burida-André Silver Konan au ministre Maurice K. Bandaman: «Vous serez une grande honte pour les intellectuels ivoiriens, si…»

Je regarde droit dans les yeux du ministre Maurice Bandaman, un homme que je respecte et dont j’ai des livres dans ma bibliothèque. Monsieur le ministre de la Culture et de la Francophonie, les intellectuels ivoiriens vous regardent, les intellectuels africains vous regardent dans ce dossier.
Il y a eu un audit du Burida. Depuis plusieurs années, des artistes disent qu’il y a mauvaise gestion dans cette institution. Il y a donc eu un rapport là-bas. Les intellectuels ivoiriens vous regardent, vous avez été lauréat du Grand prix littéraire africain. Vous avez écrit de grands romans qui ont marqué des Ivoiriens, qui ont façonné leur opinion. Les Ivoiriens vous regardent dans la gestion de ce dossier.
Marquez votre option très claire, très nette, pour la transparence. Il n’y a pas mille façons de faire la transparence. Il suffit simplement de publier le rapport d’audit. Certains vont me dire : jamais on a publié un rapport en Côte d’Ivoire. Oui je suis partiellement d’accord, mais est-ce normal ? Non. L’on ne publie pas les rapports parce qu’il est notoirement connu que ceux-ci mettent en cause des dirigeants. Est-ce cela que vous voulez qu’on retienne de vous, monsieur le ministre ?
Un rapport d’audit est fait pour être publié, et si jamais on n’aurait publié de rapports en Côte d’ivoire c’est parce que ces rapports incriminent les responsables au pouvoir. S’ils incriminaient des opposants ou des leaders d’opinion critiques du pouvoir, ils seraient publiés, nul n’est dupe.
Monsieur le ministre, si vous ne publiez pas ce rapport d’audit, si vous ne remettez pas ce rapport d’audit aux artistes et aux journalistes et vous réfugiez derrière des arguments fallacieux du genre : c’est au Président de la République que c’est destiné, alors on aura compris que tout ce que les gens vous reprochent, n’est pas forcément faux. Et vous serez dans ce cas, une grande honte pour les intellectuels ivoiriens. Et vous serez une parfaite déception pour nous autres qui croyons qu’on peut être un brillant intellectuel et autant un brillant gestionnaire.
Monsieur le ministre Bandaman, les Ivoiriens vous regardent. Dans ce dossier, nous allons vous suivre, nous allons suivre votre comportement, vos réactions, vos décisions, vous jouez votre crédibilité, votre respectabilité, votre honneur et votre dignité.
Déjà vous avez pris une mauvaise décision : suspendre la directrice générale et le PCA sans donner de motivation. je répète : la mauvaise décision est le fait que ces suspensions ne sont pas motivées. Qu’est- ce qu’on doit comprendre ? Qu’ils sont fautifs ? Pourquoi dans ce cas, n’avez-vous pas le courage de le dire ? Quel est leur degré de responsabilité ? En ne donnant aucune explication, on comprend que vous cherchez à cacher certaines choses.
Monsieur le ministre, vous avez la responsabilité historique d’œuvrer pour la transparence. Il y va de votre conscience intellectuelle, ne décevez pas le microcosme intellectuel ivoirien. On vous regarde.
André Silver Konan