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Scandaleux, méprise des ambassadeurs: Or donc ‘’c’est la BHCI qui a été promise aux militants du Rdr, mais elle a fait faillite et l’Etat ivoirien a essayé de fourguer la banque à un Canadien’’ (Mamadou Koulibaly)

Scandaleux, méprise des ambassadeurs: Or donc ‘’c’est la BHCI qui a été promise aux militants du Rdr, mais elle a fait faillite et l’Etat ivoirien a essayé de fourguer la banque à un Canadien’’ (Mamadou Koulibaly)

Mamadou Koulibaly, fondateur de Lider parle du scandale de la BHCI. BHCI Mamadou Koulibaly révélations sur un scandale d’Etat.
On a, depuis quelque temps, les échos d’une affaire autour d’une banque, la Banque de l’habitat de Côte d’Ivoire. C’est une affaire qui fait grand bruit. Moi j’ai beau m’informer, lire à droite et à gauche mais je n’arrive pas à bien comprendre ce qui se passe ou ce qui s’est passé. Mais mon analyse, c’est qu’il y a quelque chose qui n’est pas clair du tout.
Globalement, un banquier canadien dit que l’Etat de Côte d’Ivoire a voulu vendre ses parts dans la banque BHCI. D’abord, ce n’est pas le banquier qui l’a dit mais ce sont les clients de la BHCI qui se sont étonnés que leur patron d’entreprise fait des recettes et va déposer des sommes colossales à la banque (20, 30 millions), et quand ils viennent pour prendre leur salaire, on ne leur donne que 25 000 francs CFA là où ils demandent 130, 150, 200.000 francs CFA.
Et ça, ça a fait l’écho dans une banque qui a fait faillite en réalité parce que vous vous souvenez à l’époque, le président Alassane Ouattara et ses amis avaient promis à leurs militants, de leur offrir très bientôt une banque. Et je crois que c’était cette banque-là, et on se demandait à quel moment la banque pour les militants allait être créée, mais ça a été cette banque. Mais elle a fait faillite et l’Etat ivoirien a essayé de fourguer la banque à quelqu’un.

La BHCI, banque promise aux militants RDR ?
Il a trouvé une entreprise canadienne qui l’achète et puis qui nous dit qu’une fois installée découvre qu’il y a 12 milliards de francs CFA de crédits toxiques dedans. Un bilan pourri, et qu’on ne leur avait pas dit au moment de l’achat de la banque. Et que dans ce bilan pourri, il y a 4 milliards au moins qui vont à des militants du parti au pouvoir mais les grands militants. 4 milliards. Et le reste, c’est certainement de petits militants et d’autres qui ont pris des crédits, et puis qui sont pourris et non remboursables.
Le banquier s’en est étonné, et puis il y a une sorte d’imbroglio qui commence. Le banquier veut gérer sa banque maintenant mais, c’est le ministère des Finances qui gère à la place du banquier, nous dit le banquier canadien. Le ministère lui dit que désormais l’Etat ne vend plus rien à qui que ce soit, et c’est fini, l’Etat reprend sa chose. Le banquier canadien lui dit que ce n’est pas possible, ça ne va pas marcher comme ça.
La commission bancaire entre dedans, mais toutes ces organisations nous donnent des bouts d’information, mais pas l’information complète. Ce serait bien que le banquier canadien, puisque vous avez mis l’affaire sur la place publique, pour nous édifier, nous donne la photocopie du chèque du paiement des parts de l’Etat qui lui ont été cédées.

« J’avais prévenu… »
La photocopie du chèque ou l’ordre du virement qui prouve qu’effectivement, nous banquier canadien, on a payé, voilà l’argent, le chèque a été reçu par l’Etat de Côte d’Ivoire, en compensation de ses parts qu’il avait à la BHCI. Et le banquier canadien qui nous dit, après avoir découvert les dettes toxiques, il a dû faire une augmentation de capital. Mais qu’il nous diffuse les documents liés à cette augmentation de capital, des papiers, des preuves, comme ça nous serons édifiés parce que, il faut avouer que moi, ça ne me surprend pas.
J’étais, dès l’installation du gouvernement Ouattara, ici j’ai fait le tour des Ambassades, 2013, 2014 et 2015, j’ai expliqué aux différents Ambassadeurs et aux responsables de la communauté “dite’’ internationale que ce gouvernement-là était corrompu, qu’il détournait de l’argent. De toutes les façons, qu’il mentait à nous, la population, qu’il violait les textes qui étaient adoptés, les lois fondamentales dans notre pays, que la justice n’était pas équitable, que vraiment, tout fonctionnait à l’envers.

« Nous faisons confiance à Ouattara »
Mais je me suis toujours entendu dire par les ambassadeurs, oui, bon c’est vrai mais enfin, vous avez de la croissance, vous savez, l’économie repart maintenant. Déjà, professeur Koulibaly, la crise est terminée, vous savez, M. Ouattara, nous lui faisons confiance. Voilà le résultat de la confiance! Le cas canadien est intéressant d’autant plus que parmi tous les ambassadeurs auxquels j’ai rendu visités à l’époque, l’ambassadrice du Canada m’a donné une réponse que je n’oublierai jamais mais je l’ai partagée souvent avec vous.
Je vais vous l’expliquer. Après avoir expliqué à madame l’ambassadrice, c’était une dame à l’époque, charmante dame bien accueillante, grande courtoisie, et je lui ai expliqué que ce gouvernement était corrompu, détournait des fonds, faisait de la mal gouvernance, violait la Constitution, les lois, la justice, emprisonnait les gens comme il voulait, les sortait de prison quand il voulait, et puis le code électoral, la Commission électorale. J’ai plaidé pour tout ça, on était en 2014, 2015.

L’ambassadrice du Canada
L’ambassadrice m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit, Monsieur le président Koulibaly, tout ce que vous dites est vrai. Je pense que vous avez raison, c’est comme ça un pays normal devrait fonctionner. Jamais au Canada ou en Europe ou en Amérique du nord, nous n’accepterions cela, ça ne marche pas comme cela, ce n’est pas bon, je suis d’accord avec vous. Mais dans votre pays et par rapport à ce que M. Ouattara fait, moi je trouve que c’est bien, moi ça ne me dérange pas du tout. Jamais je n’aurai accepté ça au Canada. Mais ici, je trouve que c’est normal. Ça ne me gêne pas, vraiment, ça me gêne pas.
Je lui ai dit mais madame, cela a des relents racistes ce que vous dites. Elle me dit oui mais ne prenez pas de grands mots, je suis franche avec vous comme je sais que vous êtes un homme franc, je préfère vous dire la vérité. Moi, je représente les intérêts de mon pays ici et jusqu’à présent, ces intérêts sont bien défendus, et bon je ne me plains pas, je comprends que vous ayez quelques soucis avec votre gouvernement, mais qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse ? Voilà le type de réaction que la communauté des ambassadeurs, pour beaucoup, a dans nos pays africains.

BHCI, Canada et « sous-hommes »
Ces ambassadeurs viennent représenter leurs pays, défendre les intérêts de leurs pays. Que nous soyons gérés comme des primates. Ou que nous soyons mal gouvernés. Peu leur importe tant que, eux peuvent nous faire des prêts avec des taux bizarres. Se faire rembourser, exploiter leur mine de diamant, d’or, leurs entreprises obtenues. De ce fait, tant qu’ils peuvent faire leurs affaires, ils s’en foutent. Ils se foutent complètement de comment nous sommes gérés.
Ils considèrent, à la limite, que nous sommes des sous-hommes. On se gère mal, on fait ce qu’on veut, eux, ce n’est pas leur affaire. Tant que leurs intérêts sont défendus, ça marche pour eux. Et tant que les ambassadeurs penseront comme ça, ce qui est arrivé à l’entreprise canadienne à la banque, continuera d’arriver. Tant que vous soutiendrez les gouvernements sachant très bien que les gens gèrent mal. Que la justice n’est pas correcte, que les affaires fonctionnent mal, que les détournements se font. De même que les emprisonnements se font, que la Constitution est violée par le chef de l’Etat et son gouvernement. Et puis vous dites, tant qu’on n’est pas concerné. Tant que les intérêts de notre pays ne sont pas concernés, nous, on n’a rien à dire.
Tant que mesdames et messieurs les ambassadeurs, vous parlerez comme ça, vous aurez toujours des problèmes sur le continent africain. Vous aurez toujours des problèmes avec vos intérêts ici.

« Regardez l’Africain avec un autre œil »
Parce qu’il faut savoir que l’Afrique de 2020 n’est pas du tout l’Afrique de 1884 ou 1885. L’Afrique de 2020 n’est pas du tout l’Afrique de 1960. L’Afrique de 2020 n’est pas l’Afrique d’avant la chute du mur de Berlin. Vous n’avez pas constaté que depuis la chute du mur de Berlin, vous avez un discours moralisateur sur les pays africains ? Vous avez un discours de donneur de leçons aux pays africains.
Démocratie, droit de l’homme, et pendant ce temps, vous supportez des gouvernements. Qui ne respectent ni la démocratie ni les droits de l’homme à condition que vos intérêts soient défendus. Ce n’est pas bon. Moralement, ce n’est pas bon? Ce n’est pas bon pour les populations africaines, ce n’est pas bon pour vos intérêts à vous. Ce n’est pas bon pour vos ressortissants en Afrique. Pourquoi vous ne regardez pas les Africains avec un autre œil? Des hommes qui ont envie de droit, de liberté, de progrès, de gouvernement responsable comme chez vous. Voilà ce qu’il nous faut en Afrique.
C’est pas des chèques qu’il nous faut, ce n’est pas de l’argent qu’il nous faut. C’est du droit qu’il nous faut s’il vous plaît ! Nous voulons du droit, nous voulons que nos Etats nous respectent. Quand on dit qu’il y a violation de droit au Canada, en Europe, ça choque. Quand on dit il y a violation de droit en Afrique, on rigole et puis ça devient un fait divers. Ils sont comme ça les Africains, vous savez, c’est de gros enfants. Non, il faut changer votre mentalité et votre perception des Africains. Il faut changer votre façon de traiter avec nous. Dans ces conditions-là, la paix sera perpétuelle. La sécurité sera perpétuelle, la coexistence sera perpétuelle pour nous tous sur cette terre.
Elvire Ahonon (afriksoir.net)