Thilo Shone représentant résident de la Friedrich Ebert Stiftung Côte d’Ivoire

4.6 milliards Fcfa pour l’enrôlement : «Tout cet argent dépensé était-il nécessaire ?» Réponse de Friedrich-Ebert-Stiftung Côte d’Ivoire

Thilo Shone représentant résident de la Friedrich Ebert Stiftung Côte d’Ivoire4.6 milliards Fcfa pour l’enrôlement : «Tout cet argent dépensé était-il nécessaire ?» Réponse de Friedrich-Ebert-Stiftung Côte d’Ivoire

La démocratie exige des élections régulières comme mode d’alternance du pouvoir. Chaque élection concerne tous les citoyens majeurs, c’est-à-dire dans la plupart des pays les personnes âgées de plus de 18 ans. C’est le droit, le devoir et le privilège de chaque Ivoirien de voter.
En Côte d’Ivoire, pour voter, il est nécessaire d’être enregistré sur la liste électorale. Environ six millions d’ivoiriens sont inscrits sur la liste. Cependant, les observateurs internationaux estiment qu’à peu près trois ou quatre millions d’Ivoiriens manquent sur ladite liste.
Remédier à ces lacunes était l’objectif principal de la semaine d’inscription organisée par la Commission électorale indépendante (CEI) pendant la période du 18 au 24 Juin 2018. Selon cette commission, 915 801 personnes, dont 428 233 nouveaux majeurs, ont été enregistrées sur la liste électorale.
Même si l’on ne peut se satisfaire pleinement de ce chiffre, on ne peut non plus conclure que la mission a été un échec. Plus de 400 000 Ivoiriens supplémentaires ont désormais le droit de vote. 400 000 Ivoiriens, qui, sans aucune pression extérieure, ont montré leur volonté de peser dans les prochains scrutins électoraux. Et ce malgré des appels au boycott qui n’ont, semble-t-il, pas trouvé écho. Même si l’on aurait pu souhaiter davantage d’inscriptions, cette mobilisation est la preuve de l’intérêt envers les élections. Félicitations à la Côte d’Ivoire !
Cependant, on peut se demander si tout ce travail, tout cet argent dépensé et la discussion politique émotionnelle autour de l’enrôlement étaient nécessaire pour la réussite des élections et, in fine, pour la démocratie.
Dans certains pays, à partir de 16 ans, de telles démarches sont motivées soit par les parents, soit par l’école, soit par une lettre de la mairie appelant à venir chercher sa carte d’identité. C’est automatique.
En fait, dans certains pays, le citoyen existe dans une base de données depuis sa naissance. A partir de son dix-huitième anniversaire, chaque personne enregistrée dans ladite base de donnée a le droit de vote. C’est automatique.
Avant les élections, la mairie envoie une lettre ou un e-mail. C’est automatique. Si l’adresse postale ou le courriel ne sont pas connus à la mairie, le citoyen est appelé à venir chercher sa lettre d’invitation au vote au bureau d’administration le plus proche. Celui-ci peut le faire toute l’année, à n’importe quel jour, sauf en cas de jour férié.
Même le changement du domicile peut être possible en ligne avec des justifications de domicile. L’enregistrement est permanent et lui ne coûte pas plus que les tarifs fixés, parce que c’est une tâche confiée à la mairie, parmi plusieurs autres tâches comme la remise des extraits de naissance ou les actes de mariage.

AVEC UNE ADMINISTRATION EFFICACE ET LÉGITIME, LE PROCESSUS DE L’ENREGISTREMENT DES ÉLECTEURS DEVIENDRA TOUT À FAIT ORDINAIRE, QUI NE POLARISERA PLUS
Dans ce système, qui est également possible en Afrique, la décision de voter devient une décision volontaire de participer, mais elle n’est pas compliquée par plusieurs obstacles administratifs. Pour appliquer un tel système, il faudrait encourager une administration forte, décentralisée dans l’intérieur du pays et acceptée par la population. Une administration prête à travailler pour le bonheur des citoyens avec des ressources suffisantes et adaptées à leur travail.
Les moyens du 21ème siècle, notamment l’internet et l’administration électronique, rendent cette tâche plus facile en Afrique. Avec une administration efficace et légitime, le processus de l’enregistrement des électeurs deviendra tout à fait ordinaire, qui ne polarisera plus.

Friedrich-Ebert-Stiftung Côte d’Ivoire